Session du 14 mars : les écolos s’opposent au mode de financement et au contenu du dossier de l’autodrome de Laon Couvron

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Monsieur le Président,

Cher-e-s collègues,

Le présent rapport porte sur le financement d’un projet de circuit automobile à Laon Couvron.

Il vise à ce que la collectivité régionale que nous représentons se porte garant pour Picardie Investissement. La région Picardie va donc garantir 500 000€ auprès de Picardie Investissement et 1,8M€ auprès des banques CIC et Caisse d’Epargne, le tout au profit d’un investisseur privé.

Le groupe Ecologiste s’oppose à ce projet pour deux raisons, tant sur le montage financier que sur le fond.

Le groupe Ecologiste s’interroge en effet sur ce nouveau mécanisme promu par la Banque Publique d’Investissement. Au nom de quel principe de bonne gestion doit-on cautionner des investissements privés dont les risques sont supportés par la collectivité publique ? Alors que la BPI France est censée aider les entreprises en leur apportant des garanties sur les financements, elle demanderait donc désormais aux collectivités de remplir cette mission ?! Les mêmes collectivités dont les recettes fiscales baissent, les budgets se contraignent et les missions s’élargissent ?

Les TPE et PME picardes ont de plus en plus de difficultés pour avoir accès au crédit bancaire classique et c’est bien le rôle des banques que de les accompagner. Ce n’est pas à la collectivité de cautionner ce type de projet, qui ne répond nullement à des objectifs d’intérêt général et collectif.

Sur le fond, si la logique d’une reconversion d’une base militaire est une bonne chose, la reconversion en circuit automobile en est une autre.

Alors que la Picardie est en pointe sur les politiques de soutien à la transition énergétique, nous souhaitons souligner le décalage qui existe entre notre action régionale et le coût environnemental de ce projet.

Quel est le sens du soutien financier de la région Picardie à un projet aussi énergivore et si peu vertueux pour l’économie de la Région ?

Ce circuit automobile de Laon Couvron est un projet privé qui doit être financé dans un cadre tout autant privé.

Je rappelle que plus de 20% des ménages de l’Aisne sont en situation de précarité énergétique, ayant des difficultés pour se chauffer ou se restreignant dans leur consommation pour économiser sur leur facture. Aussi, nous ne pouvons cautionner un soutien financier à un circuit automobile hyper polluant où des engins feront des tours de piste pour le loisir de leur conducteur alors qu’à proximité, d’autres n’ont pas assez d’énergie pour se chauffer.

En effet, certes il s’agit bien là d’une caution, mais si ce circuit est demain déficitaire et qu’il met la clé sous la porte, c’est bien le contribuable picard qui paiera…

Cela me permet aussi de rappeler les raisons qui nous amènent régulièrement, nous les écologistes, à ne pas voter les subventions aux associations de sports mécaniques. Nous ne sommes bien évidemment pas pour l’interdiction de ces pratiques, mais nous sommes pour que la collectivité montre l’exemple en ne les subventionnant pas. C’est le droit de chacun de pratiquer ou non ces activités, c’est aussi le nôtre de ne pas les encourager, car les énergies fossiles sont un bien précieux.

Sur le fond, Monsieur le Président, cher-e-s collègues, nous voulons donc souligner l’inadéquation entre notre action au quotidien pour la transition énergétique et ce projet inutile.

Il y a déjà eu des projets bancals avant celui-ci pour la réutilisation de cette friche. Nous souhaitons que d’autres projets conformes à l’intérêt général soient recherchés s’il s’agit d’apporter une caution publique. Et s’il s’agit d’un projet privé de loisir automobile, ce n’est pas notre rôle d’y participer mais bien au secteur bancaire classique.

Hasard du calendrier, aujourd’hui la pollution sur notre territoire est au niveau d’alerte maximum et le préfet vient même de demander la diminution de la baisse de vitesse sur les routes.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, cher-e-s collègues, nous sommes au regret de vous annoncer que nous voterons contre ce rapport.

 

 

Franck Delattre, Président du groupe Ecologiste.

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