Ouverture de la semaine budgétaire

P1020796light

Intervention de Thierry Brochot,
Pour le groupe Europe Ecolgie – Les Verts

Ouverture de la session budgétaire, le 12 décembre 2011


Monsieur le Président,
Monsieur le Président du CESER,
Chers collègues,

Il est difficile, alors que commence notre semaine budgétaire, de faire abstraction du contexte global dans lequel vont se situer nos travaux.

Je ne veux pas revenir sur les contraintes financières qui pèsent sur notre collectivité mais parler ici des deux sommets internationaux qui ont fait l’actualité la semaine passée.

D’abord, le sommet sur le climat en Afrique du Sud qui aura débouché sur la position la plus minimaliste qui puisse se concevoir : prolonger le protocole de Kyoto jusqu’à 2015. Un sommet au cours duquel les puissances occidentales sont restées sourdes aux demandes des pays en voie de développement qui demandent la mobilisation d’un fonds climat – qu’on croirait imparable – puisque les émissions de gaz à effet de serre sont produites au Nord et les réfugiés climatiques sont au Sud. Qui demandent également que les émissions historiques, depuis la révolution industrielle soient prises en compte dans les efforts à fournir. En vain.

La seule décision tant soit peu contraignante concerne le lieu où se déroulera la prochaine conférence climatique en décembre 2012. Ce sera au Qatar, premier pollueur par habitant de la planète, 53,4 tonnes de CO2 au compteur. On savait que les pétro-dollars peuvent servir depuis quelques temps à acheter des clubs de football. Ils viennent également de s’acheter le droit de nous faire des discours sur la sobriété énergétique et les énergies renouvelables.

René Dumont, reviens, ils sont devenus fous !

Ensuite, le sommet de Bruxelles vendredi dernier, au cours duquel, dans un entre-soi de plus en plus étouffant, loin du regard des peuples, mais sous la surveillance constante des agences de notation, les dirigeants du continent – conservateurs pour la plupart – surenchérissent à coups de règles d’or, de rigueur et d’austérité budgétaire pour essayer de sauver une Europe monétaire qui n’a, jusqu’à présent, rendu prospères que les banquiers d’affaires et les spéculateurs.

A Bruxelles, comme à Durban, les puissants de ce monde semblent rejouer Le Guépard de Visconti : « Il faut tout changer pour que rien ne change ».

Quel rapport avec la Région, me demanderez-vous ? En quoi la myopie et l’égoïsme de nos dirigeants doit-elle éclairer les travaux budgétaires de la semaine qui commence ?

Parce que, avec l’étroite marge de manœuvre qui nous reste pour piloter notre collectivité, nous devrons faire les choix que dicte notre responsabilité à l’égard de notre territoire et ses habitants et non pas nous laisser aveugler par l’écume qui fait l’actualité. Nous avons une obligation de clairvoyance.

Nous allons, cette semaine, voter le Budget 2012. Et si la conjoncture n’invite pas à la légèreté, elle ne doit pas nous empêcher de nous tourner vers l’avenir. Parce que l’effet de nos politiques se mesure à l’échelle d’une génération, notre rôle n’est pas de piloter à vue mais, au contraire, de nous donner une direction claire et de nous y tenir.

Tout le contraire de ce qu’on a observé à Bruxelles et à Durban où la confusion l’a disputé à l’improvisation. Où l’on a signé, surun coin de nappe, un accord qui ne règle en rien, les problèmes du temps.

La Picardie, selon nous, peut être une terre d’excellence, nous avons le devoir de mettre en valeur nos atouts et donner à nos concitoyens les moyens de se les approprier.

Que ce soit en matière d’aménagement de nos territoires, de formation continue et d’apprentissage, dans la dotation de nos lycées ou dans toutes ces politiques qu’on nous autorise encore, mais pour si peu de temps, à financer ou abonder, nous devons voir loin et clair.

En matière de développement économique, le récent salon de l’énergie éolienne Windustry qui s’est déroulé à guichet fermé la semaine dernière à Amiens a été un véritable succès : 1 400 rendez-vous d’affaires, 60 000 emplois dans l’éolien en France d’ici 2020. Ce bel exemple doit nous encourager à jouer de nos atouts sans complexes. La Picardie doit être une terre d’excellence pour les métiers de l’avenir.

Notre conception du « Mieux vivre », c’est, certes, celle d’un environnement préservé, d’une société solidaire et d’ équipements à la hauteur des besoins de nos concitoyens. C’est également, un ensemble de perspectives et de moyens qui permettent à chacune et à chacun, au-delà des aléas de la conjoncture, de s’imaginer, pour lui-même et ses enfants, le meilleur avenir possible.

C’est à travers ce prisme que nous avons contribué à l’élaboration et étudié le projet de budget primitif qui nous est soumis. C’est avec ces préoccupations en tête que nous regarderons les amendements qui nous seront proposés.

En gardant à l’esprit que l’écologie est un levier de développement et une des solutions aux problèmes de l’époque plutôt qu’un caillou dans la chaussure dont on cherche trop souvent à oublier l’existence.

Je vous remercie.

Remonter