Intervention de Sophie BRINGUY pour la session d’installation du Conseil régional

Sophie 2

Monsieur le président, Messieurs les députés, Madame la sénatrice, Messieurs les présidents et vice-présidents, Messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les élus, Chers nouveaux collègues, Chères nouvelles collègues,

 

Depuis plus de onze ans, nous, écologistes, œuvrons en responsabilité dans cette assemblée. Nous sommes fiers de ce qu’est aujourd’hui le Conseil régional des Pays de la Loire, un bilan que nous partageons avec le groupe socialiste. Et nous continuerons à travailler ensemble pendant ce mandat.

J’espère qu’après les postures et les caricatures malheureusement portées lors de la campagne électorale, vous saurez apprécier la qualité du travail accompli.

Dimanche, les urnes se sont exprimées, et vous placent, Monsieur Retailleau, aujourd’hui à la présidence de la Région.

Les urnes ont aussi exprimé une urgence sociale et démocratique. Par les voix de l’extrême-droite, et aussi par le silence assourdissant de celles et ceux qui ne se sont pas déplacés. Notre rôle aujourd’hui, comme nouvelle assemblée régionale, est d’apporter des réponses justes et appropriées à cet état d’urgence social et démocratique. D’innover pour aller poser les jalons d’un nouveau pacte démocratique et social. Cessons les parties de ping-pong, à se renvoyer les responsabilités au fil des cycles politiques. A ce jeu-là, tout le monde sera perdant.

Notre mandat doit être entièrement dédié à soigner la fracture sociale qui disloque notre démocratie, au malaise profond qui ne cesse de grandir et mine notre société. J’émets donc le vœu en cette fin d’année que nous apprenions à travailler ensemble pour construire une assemblée de l’intelligence collective, que nous dépassions nos clivages partisans au bénéfice exclusif de l’intérêt général. Faisons le choix d’innover dans les pratiques politiques. Cela passera aussi par la poursuite des pratiques régionales en matière de co-construction des politiques publiques, avec l’ensemble des réseaux régionaux.

 

Cette intention étant posé, elle ne va pas nous empêcher de dire les choses, simplement.

 

Alors, Monsieur le président, j’aimerais vous dire « bravo ! ». En effet, à l’heure d’une profonde désaffection envers la classe politique, à qui l’on reproche ses avantages, sa trop grande professionnalisation, ses affaires, son éloignement des préoccupations des habitants et habitantes de notre pays, vous avez tout de même réussi un vrai tour de force : arriver en tête des suffrages au premier tour en prônant le cumul des mandats. Et ainsi, dans votre majorité siègent aujourd’hui 40 personnes cumulant des mandats sur 54. Personnellement, je n’imaginais pas que cela puisse être possible.

Je voudrais poursuivre par une question : allez-vous, dans cette majorité, cumuler en plus de vos mandats, vos indemnités ? En effet, quand on propose des lots, on offre en général aussi une « ristourne » aux clients. Par exemple, pour trois tubes de dentifrice achetés, un tube offert. Pour un sénateur-président, une seule indemnité de président ou bien pour un député-vice-président, une seule indemnité de vice-président. Surtout que les contribuables auront un peu du parlementaire, un peu du conseiller régional, mais jamais 100% de l’un et de l’autre.

Sur ce point, j’ai une proposition à vous faire : qu’une partie de ces indemnités cumulées soit versée dans un fond dédié aux plus démunis, par exemple pour des associations qui donnent sans relâche pour la formation aux compétences clefs et à l’accompagnement dans l’insertion professionnelle, la reconstruction de projets de vie.

Enfin, j’aimerais saluer les décisions de Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, qui ont fait le choix de présider à 100% les Régions Nord-Pas-de-Calais/Picardie et Ile-de-France. Et citer le premier : « Ces trente dernières années, la classe politique a failli. Il y a bien une faillite collective. J’ai fait partie de cette classe politique. Aujourd’hui, je demande à être jugé sur ce que je vais faire à la tête de la région en m’occupant des gens et en m’y consacrant à 100% ».

 

Avant de conclure, je reviens sur une question essentielle. J’ai en effet, Monsieur le président, suivi votre travail parlementaire sur le préjudice écologique. J’étais présente lors du séminaire que vous avez organisé sur le sujet au Sénat, avec François-Guy Trébulle, un juriste brillant dont j’ai eu le plaisir d’être l’étudiante à l’université Panthéon-Sorbonne.

Vous avez fait mention lors du second débat télévisé sur France 3 des propos de Dominique Voynet au lendemain du naufrage de l’Erika, qui alors ministre, avait publiquement affirmé qu’il ne s’agissait pas de la « catastrophe écologique du siècle ». Elle avait à la fois raison et tort, et elle l’a reconnu elle-même. Tort sur la plan politique, parce que subjectivement parlant, pour les personnes qui ont vu « leurs » plages mazoutées, c’était très bouleversant. Raison sur le plan environnemental, car elle savait qu’en une dizaine d’années, la nature cicatriserait.

Et surtout, elle avait conscience de deux catastrophes écologiques à l’échelle de notre ère planétaire, qui nécessitent encore davantage notre pleine mobilisation. Deux catastrophes qui génèrent un préjudice écologique irréversible – contrairement à l’Erika – et doivent être le fil rouge de votre action en tant que Président, comme de notre action à toutes et tous en tant que responsables politiques, car c’est de l’avenir des habitants et habitantes de notre Région dont il est question, en même temps que de l’avenir de l’humanité.

La première catastrophe écologique qui se prépare, sous l’œil presque indifférent des responsables politiques, c’est la sixième extinction des espèces. L’érosion à une vitesse sans précédent de la biodiversité, dont l’être humain est responsable. Et ça se passe aussi chez nous : 35% à 55% des espèces de notre région sont menacées, 65% de nos espaces naturels et agricoles dégradés. J’aurais l’occasion lors de prochaines sessions de vous exposer l’importance de la biodiversité, aussi sur le plan économique. Simplement aujourd’hui, je vous donnerai les deux causes principales de cette érosion chez nous :

  • la fragmentation des espaces générée essentiellement par l’artificialisation des terres et les grands projets d’infrastructures, parmi lesquels, il faut bien le dire, celui de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
  • notre modèle agricole, qui a pour conséquence l’appauvrissement des paysages donc des habitats, et utilise une série de produits mortifères en « -cide », insecticides, fongicides, herbicides, parasiticides, avec des conséquences en « -er », cancers, Alzheimer, et en « -son », Parkinson, reconnu maladie professionnelle pour les agriculteurs depuis 2011.

La seconde catastrophe écologique est celle qui a mobilisé la communauté internationale ces deux dernières semaines lors de la COP 21 : le bouleversement climatique. Un accord certes insuffisant, mais aussi inespéré, a été conclu à Paris. A présent, ce sont aux territoires d’être à la hauteur. Notre Région doit être fer de lance de la transition écologique. Chacune de nos politiques publiques et de nos actions doit être climato-compatible. C’est une nécessité.

Ne ratons pas ces deux rendez-vous de l’Histoire. Notre avenir se joue dès aujourd’hui. Et ne soyons pas, demain, sur le banc des accusés car nous aurions, en connaissance de cause, contribué aux plus grandes catastrophes écologiques que l’humanité aura connues. D’autant plus, qu’aucune réparation aux préjudices générés ne sera possible. Contrairement à l’Erika, nous marchons vers l’irréversible.

Notre groupe travaillera assidûment durant les cinq prochaines années. Nous tacherons de porter dans cet hémicycle la voix de celles et ceux qui nous ont fait confiance et ont voté pour nous aux premier et second tours. Dans l’intention de semer les graines d’un nouveau modèle de développement qui prenne pleinement en compte les enjeux écologiques et climatiques, qui allie justice sociale et justice environnementale.

Nous serons, avant tout, dans la proposition. Parce que c’est pour nous toujours l’intérêt de nos concitoyens et concitoyennes qui primera. Nous serons aussi là dans la vigilance et la critique quand nécessaire.

 

Et aujourd’hui, nous vous proposons de travailler dès janvier 2016 au plan de création de 45 000 emplois que nous avons porté pendant la campagne, dans la transition écologique de l’économie.

 

Alors, c’est parti pour cinq ans. Je nous souhaite un mandat constructif et à la hauteur des enjeux de notre époque.

Merci de votre écoute.

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