Synthèse du débat public régional sur l’alimentation

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Le vendredi 27 juin dans l’hémicycle régional avait lieu la restitution du débat public régional sur l’alimentation qui vient de se dérouler entre mars et juin.

Myriam Cau, vice-présidente «Développement durable, démocratie participative et évaluation» a présenté cette restitution en rappelant le cadre du débat public (une organisation extérieure à la Région, un garant pour la neutralité) et le contexte régional de l’engagement de la Région dans la Transition Economique et Sociale Régionale. Choix qui a conduit à la politique menée par Jean-Louis Robillard, vice-président  «alimentation, régionalisation de l’agriculture et ruralité» sur le champ de la gouvernance alimentaire.

 

La concertation qui a débuté en mars à Lille, s’est poursuivie dans toute la région avec 5 forums territoriaux organisés au Quesnoy,  à Calais, à Lille, Arras et Loos-en-Gohelle. Les nordistes ont pu également participer au débat et donner leur avis par des contributions en ligne, 25 carnets d’acteurs ont également été rédigés (CESER, Chambre d’agriculture de région, La Salicorne, CCFD Terre Solidaire…)
 
Chiffres clefs : tout le monde a eu la parole :

Plus de 700 participants ont participé aux différentes rencontres. Dont 340 au forum de lancement. Lors de chacun des forums territorialisés une quarantaine de personnes ont pris la parole, d’autres ont choisi des contributions écrites.

Tous types d’acteurs ont participé : chambre d’agriculture, groupements bio, acteurs de la vente directe, associations, lycées…. 37% de citoyens étaient présents dans le cadre de ces rencontres.

La formule du débat a été appréciée et jugée constructive et dynamique. C’est une réelle opportunité pour des gens d’horizons différents de se rencontrer sur un thème commun. Il est certain que ce travail sera productif.

La synthèse complète est téléchargeable sur le site  www.participons.net

Deux grandes questions étaient posées couvrant une multitude de sujets :

–          Le Nord – Pas de Calais peut-il nourrir l’ensemble de ses 4 millions d’habitants en confortant son agriculture ? Chaque consommateur a-t-il le choix entre les produits de sa région ou ceux d’ailleurs ?
–          Quelle alimentation de qualité et quels comportements faut-il favoriser pour être en bonne santé ? Manger bien et bon… c’est l’affaire de tous !

 photo salle  27 06 2014

Ci-dessous quelques éléments de réponse- ainsi que des interrogations- apportés par les participants aux différents débats.

 

Première question :

A la première question la réponse a été affirmative. Avec des nuances quant aux personnes en situation de précarité. Il est difficile pour eux d’accéder à des produits frais de qualité. Il faut donc renforcer l’accessibilité financière et accompagner les personnes. (17 % de la population régionale vit au dessous du seuil de pauvreté).

Les participants demandent une sensibilisation plus importante et des informations sur la consommation locale. (Lisibilité de l’information, saisonnalité, provenance des produits…).

Une nette demande apparait sur un renforcement de la confiance dans le produit et davantage de lien entre consommateur et producteur, bien que des initiatives existent déjà : des associations qui partagent des savoir-faire ou le réseau des fermes pédagogiques…

Un souhait également pour le développement et la valorisation des circuits courts – 1/5ème des exploitations vendent en circuit court – Notamment en matière de restauration collective : distribution locale et rôle des intermédiaires.

Un rappel sur le rôle des artisans et les différents acteurs des métiers de  bouche. (Ce sont des acteurs de proximité).

L’agriculture a besoin d’être soutenue et valorisée. (Ensemble des professions agricoles et agroalimentaires). Après tout, l’industrie agroalimentaire régionale représente 43 000 emplois (comparé au secteur automobile : 35 000 personnes).

Seconde question :

A la seconde question : «Manger bien et bon c’est l’affaire de tous ? », la réponse est que tous les acteurs ont un rôle à jouer. Consommateur, transformateur, distributeur, industrie agroalimentaire, services de l’Etat, collectivités territoriales (Importance de l’exemplarité de la commande publique).

Pour bien choisir, le consommateur doit être bien informé.

A noter : 70% des consommateurs font leurs courses dans les grandes surfaces.

Les questions posées :

Vers quel modèle tendre ?  Le bio ou le système conventionnel actuel ? Quelle autonomie alimentaire pour notre territoire ?

Quelles garanties avons-nous sur les produits ? Les consommateurs s’inquiètent pour leur santé et celle des agriculteurs ; ils se posent des questions sur l’utilisation des produits phytosanitaires, des conservateurs, etc… (Evocation du plan ecophyto 2018 http://agriculture.gouv.fr/ecophyto)

Les produits bio sont-ils meilleurs pour la santé et gustativement ?

Faut-il opposer systématiquement les « gentils bio » et les « méchants conventionnels » ? Ou plutôt aider les agriculteurs conventionnels qui désirent passer au bio. Ou garder une certaine diversité ?

 

photo M Cau 27 06 2014

Après les différentes tables rondes, Myriam Cau est revenue sur cette restitution. « Cette première expérience a permis de jouer le jeu du débat avec des garanties, l’objectif était ambitieux. Ces rencontres sont une réussite ; ils ont abouti à une meilleure connaissance des réalités et des difficultés des uns et des autres.

Les choses que je retiens, c’est notamment l’évocation de la notion de convivialité liée étroitement à l’alimentation. J’ai le sentiment d’un consensus sur l’autonomie alimentaire de la région alors que paradoxalement, nous sommes un territoire très urbanisé. Le local peut améliorer le dialogue entre les agriculteurs et les consommateurs. Nous allons aussi travailler sur l’idée que l’on peut être acteur de sa santé à travers son alimentation.

Ce temps de débat terminé, va déboucher sur l’action : la mise en place d’une politique régionale de l’alimentation. Nous avons mis en avant notre capacité à travailler ensemble et c’est une excellente base pour avancer sur un modèle nouveau. »

photo jlr micro 27 06 2014

 

La conclusion de Jean-Louis Robillard : Pour une alimentation durable

 

« Notre volonté était de mettre les biens communs au centre du débat. Ce qui a été fait. Pour une alimentation de qualité accessible à tous il faut construire une vision partagée et c’est la volonté régionale. Mettre en place un système d’alimentation durable associant les citoyens et aceurs du système alimentaire.

La région est l’échelon pertinent de mobilisation, les priorités traitées dans les premiers temps de travail sont largement partagées et confortées :

–                 renforcer la filière alimentaire pour davantage de localisation de l’alimentation, Développer les circuits alimentaires de production régionale, faire que notre base alimentaire soit faite de produits régionaux. (Organisation de groupements d’achat).

–        valoriser, sensibiliser et former les consommateurs, acteurs de leur alimentation, et travailler sur la lisibilité de nos actions. Créer des lieux ressources.

–        accompagner les acteurs professionnels vers une plus forte intégration dans leurs pratiques de l’impératif d’une alimentation de qualité.

–        travailler à la mise en réseau des acteurs : Agence Régionale de la Santé, ADEME, Conseils Généraux, les territoires…

–        agir ensemble pour réduire le gaspillage et les déchets alimentaires

–        agir pour une restauration hors domicile engagée en matière de qualité alimentaire

Les collectivités se doivent d’être exemplaires. C’est l’évolution de la commande publique qui montrera la voie (10% de bio dans les cantines) en matière de restauration collective notamment dans les lycées. (Plan restauration régional).

C’est un débat de qualité qui s’est déroulé depuis le mois de mars. Le travail continue. Je m’engage à le porter de façon transversale. »

 

C’est le sens du CRALIM : Comité Régional pour l’Alimentation. Cette instance co-présidée par l’Etat et la Région Nord – Pas de Calais est une première en France. Elle permettra de mieux articuler les dispositifs de politiques publiques qui sont complémentaires.

Cette nouvelle gouvernance alimentaire régionale partagée entre l’Etat et la Région implique l’Agence de santé régionale ARS, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie ADEME, les Conseils généraux et les collectivités locales, dont l’objectif principal est de construire ensemble une politique de l’alimentation durable, associant les citoyens et acteurs du système alimentaire.

Ce partenariat renforcé entre l’Etat et la Région apportera davantage de cohérence dans la mise en œuvre des politiques publiques et débouchera sur une feuille de route fixant les axes de travail communs prioritaires.

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