Séance Plénière des 17 et 18 octobre 2013 – Intervention de Michel Hecquet sur l’apprentissage dans l’artisanat

photo vidéo Michel Hecquet

« Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, chèr(e)s collègues,

L’artisanat perd un emploi toutes les 30 minutes.

Même si les actifs de l’artisanat représentent 9.3% de la population active régionale (1 actif sur 10), le ralentissement de l’activité des entreprises artisanales est réel. Entre 2011 et 2012, il a été constaté un recul de 14% des créations et reprises d’entreprises dans le Nord-Pas-de-Calais.

Dans un contexte économique difficile, l’artisanat doit de surcroit faire face à la concurrence déloyale des auto-entrepreneurs, du travail non déclaré. 11000 emplois au niveau national et 20000 emplois en danger en 2013.

Alors que le gouvernement souhaite ardemment développer l’apprentissage, l’attitude des artisans et des TPE de moins de 10 salariés, constituant l’essentiel de la première entreprise de France, ne semble pas s’annoncer sous les meilleurs auspices.

En effet, outre les aspects économiques cités précédemment, ce sont les aspects financiers qui créent une gêne profonde.

En effet, voilà quelques semaines que la disparition de l’ICF (Indemnité Compensatrice Forfaitaire) a été annoncée. Elle doit être remplacée par une nouvelle aide à destination des entreprises de moins de 10 salariés. Néanmoins, les détails et critères de cette nouvelle aide ne sont pas connus, même s’il est vrai qu’il s’agit d’un sujet complexe. On peut toutefois espérer que l’aide financière qui sera accordée par le gouvernement au titre de cette aide, soit plus importante que précédemment.

J’ai été interpellé par de nombreux collègues artisans qui m’informent d’un véritable désenchantement vis-à-vis des contrats d’apprentissage.

Les facteurs explicatifs sont multiples. Les carnets de commande se réduisent, ce qui entraine une inquiétude de la profession accentuée par la récession qui sévit aujourd’hui. L’avenir est synonyme d’inconnu pour nombre d’entreprises. De fait, s’engager à prendre un jeune en contrat d’apprentissage sans savoir ce que demain nous réserve s’avère de plus en plus complexe. D’autant plus que le gouvernement laisse apparaitre quelques hésitations en matière économique.

Mes collègues et moi-même déplorons le peu de motivation de certains apprentis pour le contrat d’apprentissage, cela se traduit par un manque d’intérêt pour la filière professionnelle choisie ; Le contrat d’apprentissage est parfois perçu malheureusement la traduction d’un échec du parcours scolaire.

Certains chefs d’entreprises expriment leur déception quand en dépit d’un engagement en temps, en tutorat pour permettre l’acquisition des compétences professionnelles nécessaires, ils sont devant le fait accompli à savoir un absentéisme grandissant, quand ce n’est pas un manque de respect vis-à-vis d’eux.

Des dispositifs d’information et d’orientation des futurs apprentis existent. Néanmoins, ils gagneraient à être améliorés. Il semble important d’accompagner tout au long de son parcours l’apprenti afin qu’il soit au plus près de la réalité du fonctionnement de l’entreprise dans laquelle il souhaite s’engager, mais aussi pour éviter les ruptures et abandons.

Par ailleurs, l’apprenti étant soumis au règlement intérieur de l’entreprise et au droit du travail, ne peut-on imaginer la mise en place d’une charte d’engagement mutuel entre employeur et apprenti ? Celle-ci permettrait de définir les engagements de chacune des parties et les attentes qui peuvent en découler.

Je vous remercie de votre attention. »

Remonter