Séance Plénière juillet 2012 – Motion FN sur la sécurité

Lors de la Séance Plénière du 4 juillet, le groupe FN a déposé une motion d’urgence concernant la sécurité dans la région. (suite à la fusillade dans une discothèque lilloise)
Patrick Tille répond :

« Bien évidemment, nous nous associons à ce que vient de dire Monsieur DELANNOY et nous ne considérons pas qu’il y a lieu de faire une motion d’urgence.
Je sais que nous sommes dans un pays où la démagogie et l’exploitation d’un fait divers douloureux sont susceptibles…
C’est un fait divers douloureux, extrêmement douloureux pour tout le monde, y compris pour nous. Nous avons tous, Lillois, été extrêmement touchés, extrêmement atteints, par ce drame invraisemblable, cette violence incompréhensible.
Maintenant, nous savons aussi qu’il suffit de réfléchir un petit peu pour savoir qu’aujourd’hui, par exemple, dans les difficultés budgétaires rencontrées par notre nouveau gouvernement, il ne sera pas touché au budget de la justice, dont on dit qu’elle a insuffisamment de moyens…
Fermez-la ! (à l’adresse du groupe FN)
… et à qui on demande tout, alors que les problèmes, évidemment, ne sont traités que par la justice qui se retrouve devant des cas extrêmement difficiles à traiter.
Par ailleurs, on dit toujours que ce sont des personnes qui auraient dû rester en prison, mais nous savons aussi que ces personnes, lorsqu’elles sont en prison et qu’elles exécutent leur peine, finissent par en sortir. Il y a 66 000 détenus en France pour 56 000 places, les services de probation sont complément débordés. Je ne pense pas qu’il soit dans la volonté des démocrates, des gens qui cherchent à savoir comment on peut vivre ensemble dans cette société, de faire comme aux États-Unis où il y a 2 300 000 détenus, et nous savons que, pourtant, la société américaine reste l’une des plus violentes.
Nous savons aussi que les peines alternatives, les libérations conditionnelles, ont toujours généré moins de récidives… Il suffit de faire marcher sa tête, mais je pense que de ce côté-là, on ne la fait pas marcher, elle n’existe sans doute pas.
En tout cas, nous savons statistiquement, et ce sont les textes du ministère de la Justice qui le montrent, que les peines alternatives, les libérations conditionnelles, quand elles sont accompagnées, génèrent beaucoup moins de récidives.
J’ajoute aussi qu’avec le dernier gouvernement, nous avons eu six lois sur la récidive en sept ans. Est-ce que vous pensez que cela a résolu quelque problème que ce soit ? Nous avons eu, en 10 ans, 29 lois pénales qui ont multiplié les infractions, qui ont augmenté les peines. À chaque fois, en plus, nous sommes dans ce que nous appelons les « avocats des lois tags », des lois faits divers : un fait divers, une loi.
Il y a eu Nelly CREMEL, tuée alors qu’elle faisait du footing, une loi de 2005. Il y a eu, en 2007, les peines planchers, en 2008, la rétention de sûreté, qui a été abrogée par le Conseil constitutionnel, qui a dit, en tout cas, qu’elle ne pourrait pas s’appliquer avant 2023, en 2010, la castration chimique, en 2011, le bracelet électronique pour les récidivistes qui sortent avant la fin de leur peine.
Je sais qu’on pourrait toujours préférer avoir une loi avec une récidive générale et perpétuelle, comme on le fait dans certains pays. Nous pensons que nous pouvons quand même, même s’il existe des cas extrêmement douloureux, extrêmement graves, qui nous atteignent tous, penser aussi qu’il est possible de croire à l’œuvre de justice dans ce pays, notamment en rendant les magistrats plus indépendants, plus soucieux, plus compétents et plus indépendants, avec de meilleurs moyens, et en redonnant, par exemple, au Parquet une véritable indépendance.
En tout état de cause, aujourd’hui, sauf à faire de la démagogie pure et simple, je ne vois pas… Dans la motion précédente, il avait été indiqué, sur les sans-papiers, que c’était du domaine du gouvernement ; j’aimerais que vous mesuriez la motion qui dit qu’il faut proposer au gouvernement de mettre à la disposition des services de l’État les locaux et terrains inoccupés, propriétés de la région, dont ils ont besoin pour l’exercice de leur mission. Voilà le seul lien avec ce fait dramatique que nous avons vécu à Lille.
Bien évidemment, nous rejetterons l’urgence pour cette motion. »

Remonter