Réserve de l’estuaire de Seine : Chassez le naturel …. il ne reviendra plus

Réserve de l'Estuaire_EELV

L’estuaire de la Seine abrite une mosaïque fragile de milieux rares et extrêmement menacés (lagunes, prairies humides, marais, dunes, vasières…). La surface de ses zones humides a été fortement réduite, tout au long du XXème siècle, par l’extension continue d’infrastructures urbaines, industrielles et portuaires. Dans cet espace très convoité, où la présence et les activités humaines sont anciennes et nombreuses (agriculture, chasse, observation naturaliste, promenade, cueillette), protéger et restaurer les milieux demande une co-gestion mesurée, cohérente et concertée des différents acteurs en lien avec les observatoires scientifiques.
La Réserve de l’Estuaire a été créée dans cet objectif afin d’enrayer la disparition d’une diversité paysagère et biologique locale dont on sait aujourd’hui à quel point elle est vitale pour l’avenir et … en danger.1

Concernant la chasse, le décret de création de la Réserve de 1997 prescrivait la maîtrise et la réduction de sa pression excessive en ménageant des zones de quiétude pour les oiseaux à l’intérieur des réserves de chasse.
Cette obligation réglementaire n’a toujours pas été réalisée, malgré différents rappels à l’ordre juridiques, scientifiques et administratifs, français et européens 2.

En 2012, dans sa note de cadrage sur les orientations du troisième plan de gestion de la réserve naturelle, le Préfet de Seine-Maritime, Pierre Bousquet de Florian a réitéré l’engagement d’augmenter la zone de non-chasse en l’étendant aux zones de l’aval du pont de Normandie.

Or, cette promesse risque fort de ne pas être tenue dans le nouveau plan de gestion de la Réserve, puisque, faisant fi des engagements de l’Etat, le nouveau préfet reprend à son compte la variante des chasseurs. Rappelons que ces aires protégées sont à la fois une halte pour les oiseaux migrateurs, un habitat pour les espèces spécialisées et une étape dans la remontée vers le Nord des animaux qui se déplacent pour échapper aux désordres climatiques d’origine anthropique. Ces aires doivent donc être suffisamment étendues et non morcelées.
Au moment même où le gouvernement français, suite à la conférence gouvernementale de septembre 2012, s’est engagé à élaborer une loi-cadre pour préserver la biodiversité, il est incohérent de ne pas agir, localement, dans le même sens, pour une meilleure préservation de l’espace estuarien, de sa faune et de sa flore.

 

Myriam TOULOUSE, Porte Parole EELV Haute-Normandie

Véronique BEREGOVOY, Vice Présidente Région Haute-Normandie

Alain PLANTAZ, Secrétaire Groupe Local Hautes Falaises

Christophe MANCHON, Secrétaire Groupe Local Pointe de Caux

 

1 « Selon le dernier recensement de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), près de 15 % du vivant est déjà clairement menacé d’extinction : un mammifère sur quatre, un volatile sur huit, un amphibien sur trois, mais aussi le quart des espèces de conifères et au moins 34 écosystèmes accueillant deux tiers des espèces terrestres » in : Molac, P., Le « Giec de la biodiversité » pourra-t-il enrayer la disparition des espèces ? » 16/04/2013 Idées & Débats – Les Echos
2 Annulation du plan de gestion pour non-respect du décret suite à un recours de HNNE (2010) par le Tribunal administratif de Rouen (2012) – confi rmation du jugement par la cour administrative d’appel de Douai (2013) – Mise en garde de l’Europe pour non-respect des engagements européens le 9 avril dernier.

 

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