Plan Régional de Santé : Pour Christophe Dumont, « nous avons en France une très bonne politique de soins, mais pas de réelle politique de santé »

Christophe Dumont, Président du groupe EELV

Christophe Dumont, Président du groupe EELV est intervenu, lundi 13 février, sur le projet de Plan Régional de Santé, présenté par le Directeur Général de l’ARS (Agence Régionale de la Santé), et pour lequel le Conseil Régional était réuni en session plénière pour délibérer sur un avis. La majorité régionale a rejeté ce plan.

 

Comme le souligne le projet de délibération, « le Projet Régional de Santé Champagne-Ardenne 2012-2016 est un document essentiel, engageant un grand nombre d’acteurs, sur un enjeu majeur pour le bien être et le bien vivre des populations sur nos territoires : la santé. » Oui, « Sa mise en œuvre sera le reflet d’un choix de société dicté par des politiques nationales ».

La politique de santé en France est actuellement pensée uniquement autour des soins. Or, une politique de santé doit inclure non seulement les soins mais également l’éducation de la santé et l’action sur l’environnement. La France a donc une très bonne politique de soins mais elle ne possède pas de réelle politique de santé, ce qui génère des dépenses de santé parmi les plus importantes des pays développés, il est toujours plus coûteux de guérir que de prévenir.

Le projet de Plan Régional de Santé se fonde sur des chiffres, des ratios d’objectifs et de moyens, des objectifs qui sont des objectifs de rentabilité qui caractérisent la remise en cause généralisée des services publics de proximité, à laquelle les écologistes se sont fermement opposés. Pour être honnêtes, cette détérioration du service public a commencé avant 2002.

Mais, pour les écologistes, les problématiques de santé dépassent les questions d’organisation. Il est nécessaire de repenser non seulement les territoires de santé (choisis en dépit du bon sens), les parcours médicaux, l’offre de soin ou la réflexion sur la démographie médicale.

Il s’agit bien d’un problème de société, et, par là, d’une inscription de cette problématique dans un champ plus large, dans une réflexion sur notre mode de vie, et de développement, dans un environnement à protéger, et qui protège lui aussi. Les maladies les plus graves, les plus couteuses aussi, sont, pour beaucoup, des maladies liées à notre environnement, notre mode de vie : cancers, maladies cardiovasculaires, asthme, diabètes, allergies, dépressions, alcoolisme… Tous ces problèmes de santé sont liés aux pollutions de l’environnement, à la mauvaise qualité des relations entre les humains aussi.

Il faut donc agir sur les causes de nos maladies, sur une nécessaire prévention, fondée sur la protection de l’environnement, sur l’éducation et la promotion de la santé. Là est la réponse à développer dans un plan régional de santé. Il convient de repenser l’action publique à partir l’amélioration de la qualité de vie. La crise de notre système de santé est structurelle et ne se résoudra pas uniquement par la mobilisation de nouvelles ressources financières, ni par des traitements lourds et couteux, qui ont également pour vertu d’enrichir les grands laboratoires pharmaceutiques, dont certains, comme Servier, peuvent quelquefois être qualifiés de voyous.

Maladie de la vache folle, grippe aviaire, scandales sanitaires de plus en plus fréquents, combien de fois a-t-on entendu « plus jamais ça » ? Mais quelles sont les solutions proposées ? Où est le changement de modèle ?

Nous devons nous féliciter des différents dispositifs régionaux, médicaux et paramédicaux, qui conduisent à réduire les inégalités sociales de santé en s’attaquant aux causes profondes qui touchent inégalement les habitants de notre région.

Les professionnels de santé ont eux-mêmes éprouvent, et nous disent, la difficulté à situer leur place exacte dans le système de soins et ont beaucoup de difficultés à communiquer les uns avec les autres, mais aussi avec des Agences Régionales de Santé qui ne peuvent, ou ne veulent, déterminer une politique de santé audacieuse au plus près des besoins des usagers et des professionnels.

Nous pensons que nos politiques (pas en faisant à la place de l’Etat, mais avec l’Etat) peuvent influer sur la politique de santé avec des délégations multiples. La qualité de l’air ou de l’eau, la prévention des maladies professionnelles et des accidents de travail, la construction HQE, la qualité de l’alimentation dans les lycées sont autant de mesures qui agissent sur la santé publique. La création au niveau régional de systèmes d’alerte et l’organisation de colloques peuvent être intéressants pour compléter la politique de santé de l’Etat.

En résumé, l’Etat a la compétence sur les soins, les Départements sur l’action sociale et les Régions sur l’observation, l’environnement et l’éducation à la santé. C’est bien pourquoi, en notre qualité d’élus régionaux écologistes, nous nous préoccupons de la santé de nos concitoyens en alertant sur les dangers du nucléaire, en travaillant sur le Plan Climat Air-Energie Régionale (avec, entre autres, sa dimension sur la qualité de l’air, extérieure et intérieure, enjeu majeur de santé publique).

La majorité du Conseil Régional de Champagne-Ardenne fait bien de proposer le rejet de ce plan. Elle fait bien de s’opposer à la baisse des moyens alloués, à la remise en cause de l’équité territoriale. Il faut saluer l’action de l’administration régionale, et celui de la Vice-Présidente à la Santé, Joëlle Barat, pour son opiniâtreté. Travail dans lequel nous nous retrouvons pleinement, et co-construit, puisque réalisé dans la transversalité et la concertation.

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