L’énergie en transition

Changement-energie

 

Le 5 juin РCl̫ture des d̩bats
sur la Transition énergétique en Région

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Par Raymond Joannesse,
Vice-président en charge du Développement durable

 

Bonjour,

Nous arrivons aujourd’hui au terme des débats sur la Transition énergétique. Voulus par le gouvernement, ces débats ont pour but d’alimenter la loi de programmation, dédiée à la transition énergétique, prévue pour cet automne.

Nous devons considérer cette transition, impérative et nécessaire, comme une opportunité, une chance bien plus qu’une contrainte. Comme cela a déjà été rappelé : déficit commercial, précarité énergétique, risques technologiques, et dérèglement climatique pèsent sur nos sociétés un poids plus lourd et plus dangereux que celui de la transition énergétique elle-même.

Tout cela nous renvoie à des choix technologiques et économiques, mais aussi et surtout à des choix de société. Parce que pour diviser par 2 ou 3 notre consommation d’énergie d’ici 2050, repenser notre mobilité, repenser nos logements, repenser nos habitudes de consommation est indispensable.

S’engager dans la transition énergétique c’est transformer des importations en investissements locaux, et donc, en activités et en emplois non délocalisables. Sur 70 milliards de déficit aujourd’hui, environ 60 milliards sont consacrés à l’achat de ressources énergétiques fossile ou fissile.

S’engager dans la transition énergétique, c’est prévenir la précarité énergétique en favorisant l’indépendance et l’autonomie énergétique de nos territoires. De la même manière que nous l’avons fait pour les circuits courts alimentaires, inventons les circuits courts énergétiques. Produisons notre chaleur, notre électricité, avec les ressources locales que sont le vent, le soleil, la géothermie, les déchets verts… La liste n’est pas exhaustive mais doit être pensée en fonction des territoires et de leurs ressources propres.

Le succès de la journée citoyenne du 25 mai, et j’en remercie les services de la Région, de la DREAL, de l’ADEME ainsi que les 44 citoyens champardennais qui y ont participés, montre que nos concitoyens, conscients des enjeux de cette transition, sont prêts à prendre leur part de responsabilité, et s’engager au même titre que l’Europe, l’état, les collectivités territoriales et les entreprises. Profitons de cette mobilisation pour mettre en route la transition énergétique de notre Région.
La Région Champagne-Ardenne, engagée dans un Plan Climat Air Energie depuis juin 2012, a déjà défini des objectifs de réduction de consommation d’énergie, d’émissions de gaz à effet de serre et de production d’énergie renouvelable. Cette transition doit devenir une opportunité énergétique et s’inscrire dans un cadre national. Cadre qui dépasse aujourd’hui celui des compétences actuelles d’une Région. Elle relève à la fois de la politique économique du pays, et de sa déclinaison fiscale.

Dans le cadre du nouvel acte de la décentralisation, l’évolution de la gouvernance de l’énergie est un des principaux leviers à actionner pour une transition ambitieuse, et pour que les Régions soient autorité organisatrice dans le domaine de la production d’énergie. Comme pour la journée du 25 mai, nous devons demander leurs avis et leurs analyses à nos concitoyens. Nous demandons que la fiscalité et la taxation des énergies soient mieux réparties entre les différentes collectivités.

Cette transition régionale passe par diverses actions :

  • Renforcer et mieux coordonner la planification énergétique territoriale
  • Développer la maîtrise de l’énergie territoriale
  • Lutter contre la précarité énergétique par un plan d’isolation thermique de logements
  • Encourager la production d’énergies renouvelables par les collectivités territoriales
  • Renforcer le rôle d’autorité organisatrice de la distribution d’énergie dans le respect de la solidarité territoriale (assurer la continuité et l’équilibre du réseau, la péréquation tarifaire, développer les ‘smart grids’ ou réseaux intelligents…)
  • Organiser la gouvernance par des débats locaux sur les suites à donner à ce grand débat national et à la loi de programmation qui sera votée à l’automne

 

Le Plan Climat Air Énergie Régional de la Région, constitue notre cadre de référence pour les toutes prochaines années. Nous pourrions envisager de le compléter par un volet « mise en œuvre de la transition énergétique régionale ».

De ce point de vue, il est prioritaire de développer un véritable plan d’action en faveur de l’autonomie, l’indépendance énergétique des territoires et des communes notamment en zone rurale. La transition énergétique c’est également repenser la mobilité dans des territoires difficilement maillable par des transports collectifs. Nous devons permettre à tous ceux qui sont ou se sentent en situation de précarité énergétique d’y faire faire face, en les aidant à trouver de nouvelles mobilités et en améliorant la qualité thermique de leurs logements. Ça passe par la réduction des consommations d’énergie et par une meilleure efficacité énergétique pour ne produire que l’énergie nécessaire à nos besoins.

L’engagement de la Région dans les projets éoliens ou solaires citoyens est une autre action. L’éolien génère de gros profits qui échappent le plus souvent au territoire. Beaucoup d’expériences se mènent ici ou là (Wallonie, Bretagne…) où les citoyens s’approprient l’éolien et ou les bénéfices sont réinvestis sur le territoire. De manière plus systématique, il est essentiel de se doter d’un outil d’intervention directe pour soutenir le développement de moyens de production à l’initiative de communes ou de groupes de citoyens en matière d’énergies renouvelables. Cet engagement de la région peut être une des solutions pour :

  • Un engagement solidaire et durable en faveur des EnR,
  • un soutien à l’autonomie et l’indépendance des projets,
  • un ancrage local qui a du sens avec un contrôle citoyen de l’investissement,
  • une finalité non spéculative,
  • un fonctionnement démocratique (transparence de la gouvernance),
  • un circuit court de l’énergie, de la production à la consommation.

 

C’est aussi dans ce cadre que peut être repris le projet d’une structure destinée à soutenir l’apparition et le développement du tiers financement et du tiers investissement pour favoriser le changement d’échelle aujourd’hui nécessaire en matière de rénovation thermique du bâti ancien. Compte tenu de notre spécificité régionale, cette structure pourrait notamment se tourner vers le soutien aux opérations programmées de rénovation de l’habitat.

La quarantaine de débats en Champagne Ardenne, pendant ses 3 mois, ont permis d’identifier et mesurer l’attente des citoyens. Des idées intéressantes en sont ressortis : consommer moins et mieux, créer des parcs éoliens citoyens, organiser un réseau « intelligent » de fourniture d’énergie, etc… Des échanges riches et variés pendant lesquels les acteurs régionaux ont fait preuve d’imagination.

Je vous remercie d’avoir vous-même participer et contribuer à ces débats, qui je n’en doute pas, restera comme un moment privilégié de gouvernance et de participation de tous.

Raymond Joannesse

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