Insertion, innovation, solidarité, pour une économie qui se réinvente

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Intervention de Patricia Andriot,
vice-présidente en charge de l’ESS
,

dans le cadre du débat budgétaire du 16 décembre

Je souhaiterais revenir sur le rapport concernant l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), secteur dont on parle trop peu ou trop considéré comme de la charité économique. Alors même que nous évoquions ce matin la publication de l’INSEE sur la pauvreté en Champagne Ardenne, dont l’évolution est inacceptable.

L’Insertion par l’Activité Economique, qui comprend les chantiers d’insertion et les entreprises d’insertion, illustre parfaitement comment économie et social peuvent interagir et se compléter. Vrai secteur de transition économique, comme l’évoquait le président, pour répondre aux enjeux d’une évolution de l’économie, et de l’innovation en matière économique. L’Insertion par l’Activité Economique explore sur les territoires la mise en place de nouveaux marchés, solvables, de nouveaux métiers, et souvent dans un grand souci de proximité et d’écologie.

Dans les Pôles territoriaux de coopération économiques, les structures de l’IAE jouent souvent un vrai rôle. Et c’est en vertu de ce potentiel économique innovant que je veux faire remarquer que la Région, qui n’est pas chef de file sur le sujet, est bien LA collectivité qui accompagne. Tant sur le plan de la formation, que de l’aide au financement de l’encadrement des équipes et de l’ingénierie.

C’est aussi un bon exemple pour montrer que le développement économique ne passe pas que par l’argent de poche aux entreprises, comme le disait JM.Meunier (Vice-président aux affaires économiques). Je voulais donc prendre le temps d’attirer votre attention sur ce sujet et sur ce secteur trop souvent vu comme le social de l’économie alors qu’il en est un catalyseur innovant.

Sur le rapport général Economie, je réponds à l’intervention de Rachel Pailllard (UMP) qui qualifie le rapport de la Stratégie 2020 d’occasion manquée.

On ne peut pas accepter d’entendre à la fois des accusations systématiques de « manque de développement économique » et en parallèle, qu’un document, co-construit comme la Stratégie 2020 l’a été, soit mis au pilori de cette manière.

Tant au nom de mon groupe qu’en tant que vice-présidente à l’ESS, je veux redire que nous croyons à l’intérêt de cette stratégie et qu’il nous appartient collectivement de la mettre en œuvre. J’insiste pour dire que nous sommes profondément convaincus que l’économie n’est pas seulement en crise mais bien en mutation, et qu’il nous faut faire preuve d’imagination en inventant de nouveaux modèles économiques. On parle aujourd’hui d’économie collaborative, d’économie circulaire d’économie résidentielle, d’économie positive, d’économie de fonctionnalité… Comment s’y prépare-t-on ? Comment crée-t-on les conditions du développement de ces nouvelles formes d’économie ?

Notre travail est de créer les conditions d’installation, de légitimation de ces économies alternatives. C’est ce que la stratégie retenue doit permettre à condition qu’on se prenne en main pour le faire, et c’est ce que nous demandons.

Sur l’ESS, je ne veux pas revenir sur le fait que la politique régionale mise en place depuis 2005 prépare largement à ce que la loi va venir entériner, comme Djamila Haddad (Vice-présidente en charge des lycées et de l’apprentissage) l’a expliqué.

Pour insister sur ce qui me semble être une caractéristique de la politique régionale, je souhaiterais que nous ne nous contentions pas de concevoir des dispositifs spécifiques mais bien d’installer systématiquement l’Economie Sociale et Solidaire dans les différentes politiques régionales. Il ne s’agit pas là d’un secteur mais de « modalités » économiques. Nous avons d’ailleurs expérimenté cette transversalité avec les secteurs de la culture, l’agriculture, la formation, l’innovation, la recherche, et bientôt avec la Sylver économie.

Je remercie d’ailleurs sincèrement mes collègues vice-présidents pour leur participation active à ces constructions de politiques cohérentes. Mais aussi les services qui jouent le jeu alors que les cadres ne sont souvent pas naturellement organisés dans ce sens.

Patricia Andriot
Vice-présidente en charge de l’Economie Sociale et Solidaire

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