Philippe Hervieu

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Il y a encore quelques années, organiser des réunions sur l’économie sociale et solidaire, c’était se condamner à parler devant bien peu de monde. Pas ‘’sexy’’ l’Economie Sociale et Solidaire (ESS)… y compris chez les écologistes !

Mais les choses ont changé et la notion d’ESS s’impose désormais dans le débat politique et social.

Depuis 2004, parfois avant, de nombreuses collectivités territoriales, essentiellement des Régions, ont revendiqué une politique en faveur de ce secteur, de sa promotion et de son développement.

En 2012, L’Etat  enclenchait la vitesse supérieure, en nommant un Ministre délégué rattaché à Bercy qui a pour objectif de travailler une loi qui sera votée au printemps 2014.

 

Mais le succès de l’ESS tient plus à la promesse qu’elle porte, qu’aux élus qui cherchent à la renforcer.

Car c’est une économie:

  • qui répond aux besoins de manière soutenable;
  • qui donne la priorité aux personnes et à l’emploi plutôt qu’au profit ;
  • qui privilégie les circuits courts.

A l’heure où la mondialisation apparaît comme une menace, l’ESS se montre comme un vecteur d’inclusion sociale, là où l’économie dominante produit chômage et inégalités.

L’ESS a un projet politique révolutionnaire : mettre en place une économie de la collaboration et non de la compétition, une économie répondant aux besoins et non aux profits. Bref, faire de l’économie autrement.

Deux mouvements convergent dans ce sens.

Le premier est celui de l’économie sociale historique : coopératives, mutuelles et associations. Le deuxième, celui qui se reconnaît dans l’économie solidaire, est né dans les années 1980 avec la volonté de répondre aux conséquences sociales de la crise tout en tentant de mettre en place un autre modèle de développement.

En Bourgogne, comme ailleurs, de nombreuses initiatives sont apparues à ce moment là. Certaines visaient à donner des emplois à des personnes au chômage (insertion par l’activité économique, microcrédit, finances solidaires…) ou à promouvoir des formes d’échange plus éthiques (commerce équitable, système d’échanges locaux…). D’autre encore imaginaient des systèmes de consommation et de production plus soutenables (Amap, Agriculture biologique, circuits courts, nouvelles mobilité…)

Même si l’ESS n’a pas pour vocation à occuper tout le champ économique, elle a un rôle majeur à jouer dans l’émergence de solutions à la crise inédite à laquelle nous sommes confrontés.

Ce secteur économique à part entière  a montré qu’elle était féconde et capable de véritables innovations sociales.

Elle apporte de nombreuses expérimentations de rupture qui sont autant d’opportunité pour passe le cap de la transition écologique et sociale. L’ESS remet en évidence le rôle des territoires alors que la mondialisation déterritorialise; elle construit l’innovation sociale avec la figure emblématique de l’entrepreneur social.  Elle a été la première à imaginer les circuits courts, l’économie circulaire, la valorisation des déchets, le recyclage, les services aux personnes…

Aujourd’hui elle doit franchir une étape cruciale qui est le changement d’échelle de ses structures encore trop petites.

Son potentiel de développement dépendra au final de sa capacité à mettre en œuvre un modèle économique plus efficace que celui des sociétés de capitaux et répondant au défi écologique, sociale et démocratique.

 

L’ESS en Bourgogne :

         56800 salariés, soit 10% de l’emploi salarié

         6000 établissements

         1,2 milliards d’Euros de rémunérations brutes

L’emploi ESS dans les départements:

Yonne : 10800

Nièvre : 7800

Saône-et-Loire : 17200

Côte d’Or : 21000

 

Les 5 Axes de la politique régionale de l’ESS

 

Axe 1 : Aider les têtes de réseau de l’ESS à mieux se structurer pour développer leur activité d’ESS

  • Union régionale des chantiers d’insertion (URCI)
  • Collectif régionale des épiceries sociales
  • Comité régional des associations d’éducation populaire (CRAJEP)

 

Axe 2 : Aider les entrepreneurs sociaux à créer et développer leur projet

  • Soutien des DLA dans les 4 départements
  • Potentiel (couveuse d’entreprise de l’ESS)
  • Active Chalon/ Saône (Accompagnement des porteurs de projet)
  • Pole d’ESS de Dijon (Accompagnement des porteurs de projet)
  • CAE l’Envol  (Accompagnement des porteurs de projet sous forme coopérative)
  • NAE Auxerre (Accompagnement de projets collectifs)

 

Axe 3 : Aider les projets innovants issus des territoires

  • Trouver des financements pour les projets ESS (Crowdfunding…)
  • Lutter contre la précarité alimentaire (Epiceries sociales…)

 

Axe 4 : Aider à l’insertion économique

  • Aide au poste d’encadrement destiné aux Entreprises d’insertion
  • Mise en place de clauses d’insertion dans les marchés publics de la Région
  • Soutenir l’emploi des femmes (Fete…)
  • Soutenir l’emploi des personnes issues de l’immigration (Solid’ere…)
  • Soutenir l’emploi dans les territoires ruraux. (Récolte…)

 

Axe 5 : Former à l’ESS et faire connaître l’ESS

  • Aider les manifestations ESS (Grand dej,…)
  • Aider les lieux ‘’vitrines’’ de l’ESS ( La maison des coopératives à Dijon, Lieu Nelson Mandela à Nevers…)
  • Mise en place du concours annuel récompensant les initiatives remarquables

 

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