LOCALTIS : Compte Personnel de Formation : un démarrage progressif prévu pour 2015 (avec Yanic Soubien)

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LOCALTIS Formation professionnelle Publié le vendredi 28 novembre 2014

La réforme de la formation professionnelle va prendre vie en 2015, avec la mise en place du compte personnel de formation (CPF) dès le 5 janvier. Un colloque organisé le 26 novembre 2014 par l’AEF et la DGEFP a permis de mettre en avant les atouts, mais aussi les faiblesses du dispositif, et de révéler la place importante que les régions acquièrent avec cette réforme.

A quelques semaines du lancement du compte personnel de formation (CPF), opérationnel le 5 janvier 2015, les acteurs de la formation s’activent. Le colloque organisé le 26 novembre 2014 par l’AEF et la DGEFP, « Former, un enjeu stratégique », a été l’occasion de donner la tendance pour ce démarrage. D’après Jean-Marie Marx, président du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle (Cnefop), interrogé par Localtis, « plusieurs centaines de milliers de personnes devraient s’intéresser au CPF dès 2015, qui sera une année de transition ». Du côté des entreprises, on s’attend surtout à ce que ce soit d’abord les personnes initiées qui s’intéressent au dispositif. « Seuls 5% des gens vont s’y intéresser et ce sera un peu les mêmes que d’habitude, a ainsi expliqué Jean-Marie Lambert, directeur des ressources humaines du Groupe Veolia, c’est à nous de nous organiser pour nous adresser aux 95% qui ne viennent pas spontanément. »
L’appétance pour cette réforme est pourtant là. « Il y a un fort intérêt des entreprises pour cette réforme de la formation professionnelle, une appétance plus forte qu’au cours des précédentes réformes ; il y a un mouvement qui est en cours », a affirmé Jean-Marie Marx, tandis que Pascale d’Artois, directrice générale du fonds d’assurance formation du travail temporaire (FAF.TT), a assuré que « c’était une attente de longue date qu’un dispositif puisse prendre en compte le financement d’une qualification sans parler du statut de la personne concernée ».
Le CPF doit en effet permettre aux salariés et demandeurs d’emploi qui le souhaitent d’obtenir une qualification. Une première liste nationale interprofessionnelle des formations éligibles à ce dispositif a été rendue publique par le Comité paritiare national de l’emploi et de la formation (Copanef) le 26 novembre. Etablie par les partenaires sociaux, elle liste 482 formations correspondant à des métiers-supports transversaux. La liste doit être soumise pour examen au Cnefop le 16 décembre, avant d’être accessible au grand public par le biais du nouveau site internet, moncompteformation.gouv.fr début 2015. Elle est amenée à évoluer. Des mises à jour sont ainsi prévues en février, en mai/juin et en octobre.

Des abondements hypothétiques ?

Pour l’Association des régions de France, représentée le 26 novembre par Pascale Gérard, présidente de la commission formation, et vice-présidente formation professionnelle au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, ces formations doivent « balayer large, en évitant absolument la tentation d’interdire ou de rendre difficile la mobilité inter-régionale ». L’ARF plaide pour une adéquation entre les listes éligibles des régions et les programmes régionaux de formation existant déjà en faveur des demandeurs d’emploi.
Seul hic du dispositif : le nombre d’heures disponibles sur le CPF – 150 heures cumulables sur huit ans -, qui ne permet pas de suivre une formation certifiante ou qualifiante. « 150 heures, ce n’est pas suffisant pour une reconversion, a précisé Joël Ruiz, directeur général d’Agefos PME, d’autre part, pour la première année de fonctionnement, nous n’aurons pas les ressources ; nous allons fonctionner avec des avances de trésorerie pour amorcer la pompe et rendre solvables les premiers projets. » Le CPF a toutefois vocation à être abondé, notamment par les entreprises, les branches professionnelles, Pôle emploi et les régions. « Le CPF correspond au pouvoir d’achat du salarié pour la formation professionnelle, a détaillé Yves Barou, président de l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), il ne marchera que s’il y a des abondements, ceux-ci fonctionneront comme des panneaux indicateurs, donnant l’orientation vers les métiers qui se développent sur les territoires et les métiers d’avenir. » Mais, récemment, l’Institut Montaigne a mis en doute, dans un rapport, la capacité de ces acteurs à abonder le dispositif. Pour Jean-Marie Marx, la mécanique est pourtant simple : sur une formation qualifiante nécessitant 400 heures environ, 150 heures seront financées via le dispositif, à travers les financements du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP). Les régions pourront combler la différence, en finançant les 250 heures restantes. Dans ce domaine, Pascale Gérard a demandé qu’il y ait une répartition a priori des financements du FPSPP en direction des conseils régionaux. « Si ces financements arrivent a posteriori dans le budget des régions alors que les programmes sont déjà établis, ils ne serviront qu’à faire de l’optimisation budgétaire », a-t-elle souligné durant le colloque du 26 novembre.

La place des régions renforcée

Au-delà de ces abondements, les régions tirent aussi de la réforme un rôle supplémentaire : elles vont coprésider les nouveaux comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle (Crefop) aux côtés du représentant de l’Etat et sont responsables de créer les services publics régionaux de l’orientation (SPRO). « La place des régions sort renforcée par le SPRO et la coordination des acteurs régionaux au sein du Crefop », assure ainsi Jean-Marie Marx.
Certaines n’ont toutefois pas attendu l’échéance de la réforme pour s’organiser. « Avec la crise de 2008, les régions ont très vite participé à une réflexion quadripartite régionale, a détaillé Yanic Soubien, vice-président du conseil régional de Basse-Normandie, chargé de la formation tout au long de la vie et de la politique emploi, dans ma région nous nous sommes initiés à cette pratique très rapidement, à travers la mise en place de comités locaux emploi, économie, formation (CLEEF). » Ces comités sont les garants de la mise en oeuvre d’une stratégie territoriale partagée, au croisement des politiques publiques déployées par les différents acteurs et des projets d’initiatives locales. Onze comités de ce type ont été déployés en Basse-Normandie, qui « nous ont appris à avoir une vision précise des territoires », a signalé Yanic Soubien. En revanche, la région n’a pas encore mis en place son Crefop, qui lui permettra de « ne pas avoir trop d’instances ». Au niveau national, le Cnefop devait quant à lui être officiellement installé ce 28 novembre. Parmi ses membres : Pascale Gérard, qui en est la vice-présidente.

Emilie Zapalski

http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&cid=1250268100570

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