L’agro-industrie obtient la levée par Bruxelles de la sécurité alimentaire : les consommateurs et les éleveurs tremblent

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L’agro-industrie en rêvait, Bruxelles l’a fait. Le contexte n’était pourtant pas favorable, avec l’affaire des lasagnes frauduleuses et la mise en lumière de circuits économiques alimentaires particulièrement opaques. Mais on n’arrête pas un bulldozer économique avec la simple considération des citoyens et des agriculteurs aux productions saines.

La Commission Européenne vient d’autoriser coup sur coup l’utilisation des farines animales pour les élevages de poissons (1er juin 2013), pour les élevages de volailles et de porc en 2014 mais aussi, autorise les États membres à ne plus pratiquer de dépistage systématique de la maladie de la vache folle après abattage. Cette vigilance sanitaire avait été mise en place en 1996 en plein scandale de l’ESB (Encéphalite Spongiforme Bovine : maladie de la vache folle).

D’un côté, on réintroduit les farines animales pour certaines filières, de l’autre on retire toutes les barrières sanitaires permettant de maintenir la vigilance… mais on nous promet toutes les précautions. On évitera le cannibalisme, les porcs auront des farines de poulets, les poulets des farines de porcs. Pour les bovins, la décision est en suspens mais la suite est logique.

En clair, dans le système alimentaire d’aujourd’hui, on ne peut pas garantir à un consommateur qu’il mange du cheval à la place de bœuf, en revanche, on pourrait tout garantir pour l’alimentation des animaux d’élevage. Heureux porcs et poulets !

D’autre part, il ne s’agirait plus des farines animales d’avant mais de Protéines Animales Transformées. Ces PAT seraient constituées de produits d’abattages propres à la consommation humaine. En réalité, il s’agit de plumes, de sang, d’os et de pâte de gras. Nul doute que chaque morceau entrant dans la composition de ces PAT sera bien surveillé …

Pour Bérengère Dauvin, Secrétaire régionale EELV Basse Normandie : « En l’état actuel des filières de transformation et des circuits de distribution, rien ne permet de garantir la sécurité absolue pour les consommateurs. L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a rendu un avis négatif en octobre 2011 sur l’introduction des PAT, précisant : « les conditions permettant une utilisation sécurisée des PAT ne sont pas à ce jour réunies ».
Le gouvernement a le devoir de s’appuyer sur cet avis pour refuser l’application de cette décision de Bruxelles sur le territoire national. »

Pour François Dufour, Vice président EELV de la Région Basse Normandie, en charge de l’agriculture : « Notre territoire bas-normand a été particulièrement meurtri par la crise de l’ESB. Des agriculteurs ont été ruinés, des troupeaux entiers abattus, une filière a été mise à genoux. La solution est dans le développement de pratiques d’élevage basées sur les ressources de notre territoire. La Basse-Normandie a une agriculture de qualité réputée comme telle. Avec ces décisions de Bruxelles, c’est tout le travail de restauration de la confiance avec le consommateur qui est remis en cause. Rappelons que probablement des centaines de gens sont morts de la maladie de Creutzfeldt Jacob, nous en appelons aux parlements européen et français pour faire barrage à cette scandaleuse mascarade ! »

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