La Normandie, terre d’excellence équine et de défis à venir (AFP – avec François Dufour)

Photo par Charly Triballeau/AFP/Archives dim. 24 août 2014

Dépêche AFP –

La Normandie, qui accueille les Jeux Equestres mondiaux jusqu’au 7 septembre, est une terre d’élection du cheval, de réputation internationale, en pleine mutation mais confrontée à une baisse récente du nombre d’élevages.

« La Normandie est une terre de réputation internationale pour l’élevage équin », assure le Belge Ingmar De Vos, secrétaire général de la Fédération Equestre Internationale (FEI), interrogé par l’AFP.

Les dernières ventes aux enchères de futurs galopeurs pur sang à Deauville, les 15, 16 et 17 août, ont confirmé que la région tenait son rang: en ces temps de crise, elles ont affiché une insolente hausse de plus de 12%. Et, outre les émirs du Moyen Orient, habitués des lieux, elles ont attiré de nouveaux investisseurs étrangers venus d’Afrique du Sud, d’Australie et des Etats-Unis, selon Arqana, l’agence organisatrice de ces enchères qui se situent au second rang européen des ventes de yearlings derrière celles de Tattersalls (Grande-Bretagne).

Nombre d’investisseurs étrangers ont « pour intérêt et objectif de laisser leurs chevaux en exploitation en France », selon Arqana.

Et, côté vendeurs, c’est un haras du Pays d’Auge, l’Ecurie des Monceaux, qui s’est retrouvé sous les projecteurs en cédant le premier jour neuf yearlings pour 4,5 millions d’euros.

Car sur cette terre qui a vu grandir de nombreux champions, d’Ourasi à Ready Cash, le trotteur aux 40 victoires, double vainqueur du Grand prix d’Amérique en 2011 et 2012, « le cheval est dans l’ADN des gens depuis longtemps », relève Ingmar De Vos.

Environ 90.000 équidés paissent les précieux pâturages de Basse-Normandie, sous le regard de 9.500 éleveurs pour une filière qui affiche un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros et génère 12.600 emplois. Au-delà des prestigieux haras, dans cette région, un agriculteur sur cinq élève des équidés, soit « deux fois plus que la moyenne nationale », selon la Direction régionale de l’Agriculture (DRAAF).

Ici, la vente de poulains constitue ainsi, bien plus souvent qu’ailleurs, un complément de revenus agricole bienvenu.

Reste que si le cheptel est en légère croissance depuis au moins 2010, selon la DRAAF, depuis le début de l’année, le nombre d’élevages baisse, en particulier les petits.

– Apprendre à vendre –

Pour François Dufour, vice-président EELV du conseil régional et ancien porte-parole national de la Confédération paysanne, ce recul s’explique d’abord par le vieillissement des éleveurs. « Le principal enjeu à l’avenir, c’est le renouvellement des générations, l’accès aux terres et à l?élevage équin pour les jeunes ».

En attendant, la famille de l’émir du Qatar a racheté trois haras normands ces deux dernières années, « un bon signe » de l?attractivité de la région et pour l’emploi dans la filière, selon Nicolas Bourgault, directeur du Conseil des chevaux de Basse-Normandie, association des éleveurs. Mais certains redoutent une « concurrence sur les terres ».

La hausse des prix des saillies depuis la privatisation, à partir de 2009, de l’activité « reproduction » assurée auparavant par les haras nationaux, a aussi contribué aux difficultés de petits éleveurs, selon M. Dufour. Et elle s’ajoute à celle des matières premières. L’enjeu est donc aussi de « développer des coopérations » entre éleveurs dans l’activité « reproduction » de chevaux pour que les saillies restent accessibles, poursuit l’élu.

Un autre défi pour la Normandie équine, au-delà de l’élevage, est d’apprendre à vendre ses chevaux de sport (concours hippique), à démarcher les acheteurs à l’étranger, selon M. Bourgault. « Pour les chevaux de courses (galop, trot), on est leaders, on sait vendre. Pour les chevaux de sport, on est distancés », précise-t-il. Il y a près de 22.500 trotteurs et 20.000 galopeurs et chevaux de sport en Normandie.

Par ailleurs, de grands haras ont engagé un bras de fer juridique contre une décharge légale récente de Guy Dauphin environnement (GDE), tout près du haras du Pin, dans l’Orne, dont ils redoutent qu’elle pollue leurs terres.

Et le « Versailles du cheval », le haras du Pin, lui-même, attend de « gros investissements », selon les éleveurs. Des élus locaux avaient dénoncé en 2012 son « délabrement » derrière les belles façades.

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