Gaspillage, dérapages des coûts, erreurs de pilotage : l’échec de l’EPR est révélateur des impasses de la filière nucléaire

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Les annonces récentes, coup sur coup, d’un nouveau report de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville et de la réalité des difficultés affectant l’entreprise AREVA ne doivent surprendre ni l’une ni l’autre.

Depuis près de vingt ans ans, les responsables de l’entreprise tentent d’imposer dans l’opinion et le débat public l’idée d’un prochain « redémarrage » du nucléaire dans le monde, persuadés qu’un vaste marché mondial du nucléaire va émerger. La réalité, c’est que depuis 2007, AREVA n’a pas vendu un seul réacteur EPR, alors que celui de Flamanville était présenté, à son lancement, comme la « tête de série » d’une nouvelle génération. Aujourd’hui, les coûts du chantier dérapent, les retards s’accumulent, les points faibles sont toujours là et AREVA laisse entendre qu’elle pourrait carrément abandonner l’EPR.

« C’est un gigantesque gâchis», se désole Marine Lemasson, conseillère régionale EELV de Basse-Normandie. « Si on avait investi dans une autre stratégie énergétique – renouvelables et efficacité énergétique – les moyens et les compétences engagées dans l’EPR, on aurait pu produire plus d’énergie et créer plus d’emplois. Si l’État doit recapitaliser demain AREVA, ça ne pourra pas se faire comme avant, en continuant à foncer tête baissée dans les mêmes erreurs. »

« Ce qu’on voit aujourd’hui, ajoute Mickaël Marie, également conseiller régional EELV, c’est bien que l’industrie nucléaire est un puits sans fond. Le modèle, c’est toujours plus d’argent public dépensé, et toujours plus de dérapages des coûts de production : la vérité, ce n’est pas seulement que c’est dangereux, c’est que ce n’est même pas rentable ! »

Pour les deux élus, il est temps de tirer de cet échec des enseignements, essentiels pour l’avenir de notre région, et notamment pour le maintien de l’emploi dans le secteur : « l’État doit effectivement prendre ses responsabilités, et réorienter clairement la filière. On ne construira pas de nouveaux réacteurs dans le monde, mais il y a un besoin – et un marché – colossal pour le démantèlement des centaines d’installations existantes et arrivant tôt ou tard en fin de vie. Les écologistes le disent depuis longtemps, le CESER l’a pointé dans un récent rapport : il y a là des opportunités conséquentes pour notre région, en s’appuyant sur les savoir-faire des salariés. Au Conseil régional, les élus écologistes ont agi pour faire de ces priorités des priorités de la Région, et obtenu qu’aucun financement régional ne soit apporté au nucléaire hors soutien au démantèlement et à la sûreté. Là est la bonne manière de préparer l’avenir.« 

Pour Yanic Soubien, vice-président du Conseil Régional et président du groupe EELV : «La transition énergétique ne sera pas la fin de l’industrie nucléaire – elle est là pour longtemps – mais la fin de la production électro-nucleaire et le début d’une autre aventure industrielle, consistant à libérer notre pays de sa dépendance à des énergies coûteuses et dangereuses. »


Pour le groupe des élu-e-s écologistes,
Yanic SOUBIEN, président

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