Intervervention relative à l’évaluation sur les dispositifs en faveur de l’installation en agriculture

Par Bernard Péré – Intervention en séance plénière du 3 mars 2014.

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Malgré un nombre important de mesures et de financements pour l’installation, la diminution des paysans se poursuit inexorablement. Cette évaluation était nécessaire, elle montre que les verrous principaux sont l’accès au foncier, le financement par les banques, l’élaboration du projet et l’accompagnement.
On ne s’est pas attaqués aux racines du problème : foncier/banques et soutien trop restrictif des projets qui sortent du modèle dominant dans les Points infos, CDOA, SAFER.

Sans négliger les successions parents/enfants, l’espoir est du côté des jeunes hors cadre familiaux. Il y a un vivier de candidats à l’installation du côté de jeunes et moins jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole mais qui sont attirés par les pratiques agricoles innovantes que sont l’agroécologie et l’agriculture biologique.

Avant de parler des mesures concrètes, il faut tordre le cou à quelques idées reçues qui déterminent trop souvent les décisions en matière d’installations :

  • L’agrandissement perpétuel des exploitations est une impasse pour la sécurité alimentaire et la vie en milieu rural.
  • Il faut être propriétaire du foncier pour être agriculteur. La sécurité peut s’obtenir autrement, nous allons en reparler.
  • L’agroécologie et l’agriculture biologique ne seront jamais que des niches réservées à quelques initiés. L’évolution actuelle et la demande sociale démontrent le contraire.

 

Je reviens sur la question foncière, premier problème sur lequel il faut agir.
La réforme des SAFER avec la loi d’Avenir et que nous ayons une Safer regroupée en Aquitaine afin de renforcer le partenariat.
La lutte contre la spéculation et le prix trop élevé des terres doit se faire par la fiscalité et l’exercice du droit de préemption et révision de prix par la SAFER.

Je voudrais citer l’expérience d’une structure au Pays-Basque qui s’appelle Lurzaindia. Sa fonction d’acquisition de terres pour y installer des jeunes en bail de carrière repose sur le même modèle que Terres de lien, c’est à dire par une collecte citoyenne de fonds. Outre cette fonction, les 4 organisations qui la constitue (professionnelles, syndicales et de consommateurs) exercent une veille sur le marché du foncier d’autant plus efficace qu’elles le font en partenariat avec la Safer et qu’elles engagent et soutiennent la SAFER en action de préemption et révision de prix si besoin.
Le résultat est là : ça calme les spéculateurs et rend les acquisitions plus accessibles sans revente au jeune installé.

Voilà des expériences qui ont le mérite de s’attaquer à la racine du mal. Nous serions bien inspirés de les soutenir.

  • Reconnaissance plus explicite des organisations qui accompagnent les projets alternatifs, d’où leur nécessaire présence dans le Comité régional de l’installation et de la transmission
  • Un parcours de l’installation qui oriente clairement sur l’agroécologie.

Autant de points que je ne vois pas dans les conclusions et perspectives de l’évaluation

Je vous remercie.

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