Budget supplémentaire 2010

Monsieur le Président, mes cher/es collègues,

Le budget supplémentaire qui est soumis à notre vote est le premier budget de la nouvelle mandature. Après une campagne électorale des régionales où l’écologie a tenu une grande place, ce budget doit marquer une nouvelle étape vers une inflexion plus prononcée des efforts de l’exécutif en faveur d’une véritable éco-région.

À l’heure où la crise économique, sociale et écologique s’aggrave de jour en jour, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’imposer une cure d’austérité à notre pays dont les principales victimes sont, comme d’habitude, les catégories les plus modestes de nos concitoyens. La réforme des retraites en est un exemple frappant. Alors que des ministres cumulent des retraites et des indemnités aux montants indécents et que la spéculation engendre des profits colossaux pour les actionnaires, le gouvernement ose s’attaquer à une des avancées sociales majeures de notre temps.

La France a dû subir, dans le passé, les conséquences désastreuses de la retraite de Russie, ce qui a entraîné la chute de Napoléon, maintenant notre pays doit subir la « retraite à la sauce Sarkozy »… Espérons tous que cette réforme des retraites contribue à entraîner le président de la République vers la Bérézina où tombera et coulera sa majorité présidentielle, notamment lors des prochaines élections présidentielles !

À tout cela s’ajoute, le démontage en règle par les députés et sénateurs de la majorité présidentielle, des mesures les plus ambitieuses du Grenelle de l’Environnement. Les derniers coups bas en date, étant le carcan réglementaire qui va compromettre le développement des parcs éoliens, la suppression de l’opposabilité des trames vertes et bleues aux grands projets d’aménagements et d’infrastructures et en apothéose, l’amendement Lefur qui relève le seuil d’autorisation de l’extension des porcheries industrielles.

Face à cette politique de régression sociale et écologique du gouvernement et du président de la République, heureusement qu’existent des contre pouvoirs régionaux comme le nôtre, mais pas pour longtemps, car le président de la République a décidé de casser la dynamique des politiques menées par les conseils régionaux, dont le seul et unique tort est d’être en majorité écrasante à gauche. La recette sarkoziste est simple : avec une réduction très forte de leur autonomie fiscale dès aujourd’hui, et avec un mode de scrutin aberrant demain, les régions seront incapables d’avoir les moyens de mener des politiques régionales structurantes dignes de ce nom.

Le budget supplémentaire qui nous est soumis aujourd’hui doit tenir compte évidemment de ce contexte de crise économique et sociale, du désengagement de plus en plus prononcé de l’État sur ses propres compétences et des incertitudes sur les futures dotations de l’État. Mais il serait tentant, afin de pallier ces incertitudes, de trancher dans le vif, en sacrifiant des politiques qui pourraient apparaître non prioritaires voire superflues. Ainsi, pendant longtemps, dans nombre de collectivités, les budgets consacrés à l’environnement ou au social, par exemple, ont été souvent le parent pauvre des politiques publiques.

Ne serait-il pas temps aujourd’hui, d’inverser les priorités, face aux nombreux défis environnementaux qu’ils soient climatiques, énergétiques ou liés à la biodiversité, mais aussi face aux défis sociaux et à la montée du chômage et de la précarité ?

La région Aquitaine doit continuer à prendre la mesure de ces défis et à amplifier considérablement sa politique dans ces domaines et en y consacrant des financements beaucoup plus importants qui devront se traduire dans le prochain budget primitif et ceci jusqu’au terme de la présente mandature.

Il faut changer radicalement de logique. Ce ne sont pas aux politiques de transformation écologique à faire les frais des contraintes budgétaires mais ce sont les politiques productivistes d’un autre siècle qui doivent être simplement et purement abandonnées.

La nouvelle route Pau-Oloron dont l’étude est inscrite au budget à hauteur de 500 000 euros, en est un exemple caricatural. Cette route est un non-sens écologique et un gouffre financier. On nous avait pourtant promis et juré ici même, qu’après l’A65, les financements de la région en matière d’infrastructures de transports n’iraient plus dorénavant qu’au report modal de la route vers le rail. De même accorder 300 000 € aux aéroports de Périgueux et de Bergerac dont l’objectif principal est le développement du transport aérien low cost ne peut recevoir l’approbation de notre groupe. C’est une véritable complémentarité des aéroports régionaux qu’il faut rechercher, et non de favoriser une course effrénée à la concurrence de ces aéroports entre eux Par conséquent, nous voterons contre ces financements accordés à l’étude de la route Pau-Oloron et aux aéroports de Périgueux et Bergerac.

Néanmoins, ce budget prévoit un certain nombre d’avancées importantes à nos yeux :

  • Tout d’abord, 40 000 € sont affectés à une étude de préfiguration de l’Agence régionale de la biodiversité. En cette année internationale de la biodiversité, la création de cette agence est une nécessité afin de coordonner à l’échelle de la région, l’ensemble des acteurs publics et privés agissant dans ce domaine et de les accompagner dans leur démarche. Cette étude a pour but de définir les missions et le périmètre d’intervention de cette agence, sa structuration juridique, son organisation interne, son budget de fonctionnement et ses partenaires potentiels.
  • Une autre étude tout aussi importante inscrite à ce budget supplémentaire, est celle que notre groupe a réclamée sur le trafic voyageurs et fret marchandises sur les voies ferrées au sud de Bordeaux. Cette étude réalisée par un organisme indépendant ne doit pas être détournée de son objet initial, à savoir l’étude prospective des flux voyageurs et fret marchandises aussi bien sur les voies existantes que sur les voies nouvelles.

Pour les voies existantes – et notre groupe y veillera particulièrement – elle doit permettre des réponses aux vraies questions que le mouvement associatif pose sur la capacité des ces voies, suite à leur régénération, à absorber le trafic TER, TGV et fret de marchandises, comme deux études antérieures l’avaient démontré. Le contexte budgétaire, économique, environnemental et humain nous oblige à apporter des réponses claires à ces questions. Enfin, je terminerai mon intervention sur le Fonds régional de compensation Carbone qui sera présenté plus tard dans la journée.

Il s’agit de mettre en place un marché volontaire d’échange de crédits carbone. Ces derniers ont pour finalité le financement de projets de lutte contre le changement climatique sur le terrain aquitain et notamment en faveur des projets de reboisement forestiers. Au vu, entre autres, de ces avancées significatives, le groupe Europe Écologie – Les Verts votera donc globalement ce budget supplémentaire.

Monsieur le Président, mes cher/es collègues, je vous remercie de votre attention.

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