Accord de consortium du programme « Diagnostics plasma pour l’installation PETAL sur le LMJ » dans le cadre de l’EquipEX PETAL+

Par Monique De Marco – Intervention en séance plénière du 4 mars 2013.

Monsieur le président, mes chers collègues

La délibération qui nous est proposée aujourd’hui sur l’accord d’un consortium autour de PETAL réunissant la Région, l’Etat et le CEA, est dans la continuité de la délibération que nous avions examinée lors de la séance plénière du 20 décembre 2010 : convention de partenariat pour la réalisation de l’équipement scientifique Pétawatt Aquitaine Laser (PETAL) auprès du Laser Mégajoule (LMJ) à permettre le couplage de cet équipement au laser Méga Joule.

Au nom du groupe Europe Ecologie – Les Verts, Michel Daverat était intervenu lors de cette séance plénière afin d’explicité les raisons pour lesquelles nous nous opposions à ce couplage mais aussi à cette occasion, pour lancer un avertissement solennel sur le gouffre financier des recherches sur la fusion nucléaire. Cette fusion nucléaire qui nous promet une production d’énergie sur Terre, abondante, inépuisable et propre, consiste à vouloir recréer les réactions thermonucléaires qui se déroulent au cœur des étoiles, tel que notre soleil semble être une utopie, de plus sous  des objectifs humanistes se cache la perspective de fabrication de nouvelles armes nucléaires.

Je ne reprendrai pas tous les arguments qui avaient été développés lors de cette intervention mais nous pouvons affirmer aujourd’hui que ses arguments étaient pertinents et  prémonitoires.

En effet, des nouvelles sont arrivées récemment des Etats-Unis sur les recherches menées sur la fusion nucléaire avec l’équipement du NIL (National Ignition Facility). Le NIL étant l’équivalent du Laser Mégajoule (le NIL compte 192 lasers alors que le Laser Mégajoule n’en compte que 172).

Quelles sont ces nouvelles ? Et bien que les expériences du NIL pour arriver aux résultats escomptés d’une voie vers la fusion par un confinement inertiel sont un échec cuisant. Les résultats obtenus ne sont absolument pas conformes aux simulations informatiques qui depuis 1995 prétendaient arriver à obtenir une fusion nucléaire.

Les experts scientifiques et militaires américains étaient pourtant formels sur la réussite de ces expériences et avaient convaincu leur gouvernement d’investir 5 milliards de dollars dans le NIL. Le gouvernement américain avait donné fin 2012 comme date butoir pour atteindre le but recherché . Force est de constater que l’objectif n’a pas été atteint. Les conclusions du département américain à l’énergie dans son rapport de juillet 2012 a émis un jugement très sévère sur l’échec des expériences.

A la suite de ce rapport, le financement du NIL a été remis en question par le congrès américain et une réorientation des recherches vers d’autres objectifs est en cours.

Si on fait le bilan des recherches sur la fusion depuis les années 80, que ce soit par la voie dite de confinement magnétique représentée par ITER ou la voie dite de confinement inertiel représentés par le NIL, Pétal et Mégajoule, et bien cette « Arlésienne » dite Petal est et sera un énorme gouffre financier qui n’est plus acceptable,. Comment est-il possible de continuer à investir de tels financements  en pure perte dans un contexte de restrictions budgétaires tous azimuts et de politiques d’austérité généralisée.

 

Je reprendrai pour terminer la conclusion de Michel Daverat :

Si jamais la fusion est un jour disponible, ce qui est fortement improbable, elle arrivera trop tard pour éviter le bouleversement climatique. Nous devons assumer  nos responsabilités et consacrer nos moyens financiers et humains aux solutions disponibles immédiatement ou à court terme et abandonner les chimères de la fusion nucléaire, tout comme d’ailleurs la filière nucléaire à fission, qui cautionnent notre fuite en avant du toujours  plus sans jamais remédier aux cause réelles des problèmes.

La priorité des priorités, c’est la sobriété énergétique dans le cadre d’une politique globale énergétique alliant la sobriété avec l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables. Ces énergies, elles proviennent directement ou indirectement du soleil. Il ne tient qu’à nous d’apprendre à mieux tirer partie de cette énergie du soleil et des autres énergies renouvelables qui en découlent (éolien, biomasse…) qui sont véritablement propres, abondantes, inépuisables et accessibles à tous.

Aussi, pour toutes ces raisons, le groupe Europe Ecologie Les Verts votera contre l’accord de consortium proposé.

Je vous remercie

Remonter