Malgré ce revers adressé par certains grands patrons au pouvoir socialiste, il nous sera proposé demain avec le Pacte de responsabilité de commettre les mêmes erreurs et de continuer la fuite en avant. A défaut d’engager une réforme fiscale juste et ambitieuse, on va donc continuer de demander chaque jour aux Français de se serrer un peu plus la ceinture tout en assistant aux coupes budgétaires dans les services publics.

Il fut un temps encore pas si lointain mes chers collègues, rappelez-vous, où l’ambition collective, unanime et première de la gauche était la redistribution des richesses, la réduction des inégalités, la lutte contre le monde de la finance. Ce temps semble désormais révolu et François Hollande s’assoit chaque jour un peu plus sur ses engagements de campagne. Le pouvoir en place multiplie les doigts d’honneur à toute la gauche et les « véritables adversaires » d’hier sont les vrais amis d’aujourd’hui que l’on dorlote.

Le virage libéral est consommé et le gouvernement adopte une politique de l’offre alors que 80% des entreprises déplorent des carnets de commande vides.

REFORME TERRITORIALE : UNE MASCARADE

Le pouvoir socialiste en place est sourd, envers ses partenaires de gauche pour commencer, ce n’est pas une nouveauté, mais envers ses propres rangs également, c’est encore plus inquiétant. Monsieur le Président, mes chers collègues, un pouvoir autiste vis-à-vis de ses militants, de ses élus, de ses électeurs et de ses partenaires, c’est un pouvoir qui capitule et qui n’a plus d’idée, un pouvoir inefficace, qui n’est plus respecté par personne, un pouvoir qui meurt, qui gesticule, et qui fait semblant de tout changer pour ne rien changer ! Le simulacre de réforme territoriale en est le meilleur exemple.

Cette réforme est démagogique et oublie l’essentiel. Pire, la démocratie ne sort pas gagnante de cette mascarade et suite aux petits arrangements entre amis du PS et du PRG, elle apportera encore plus de confusion, d’incohérence et de complexification de l’organisation de l’action publique.

D’après le discours de politique général du Premier Ministre, on estime que 50 à 80 conseils généraux continueront d’exister, quand d’autres « pourront » fusionner avec une métropole, et que d’autres encore seront dissous dans des fédérations d’intercommunalités élues au 2ème voire au 3ème degré. Franchement, comment voulez-vous que nos citoyens et que les porteurs de projets y comprennent quelque chose ? Qu’ils puissent s’intéresser à la politique et au fonctionnement de leur pays quand on leur annonce des réformes aussi bancales, aussi guignolesques que pathétiques ?

Permettez-moi de fermer ce chapitre national et de revenir rapidement sur 3 dossiers régionaux qui seront abordés au cours de cette Session : la stratégie de spécialisation intelligente, la 3ème génération de Contrat Auvergne +, et le bilan 2013 du service TER qui suscitent plusieurs interrogations du groupe écologiste.

STRATEGIE DE SPECIALISATION INTELLIGENTE : OUI MAIS...

Concernant la stratégie de spécialisation intelligente tout d’abord, notre première interrogation concerne l’instance de gouvernance publique / privée chargée de piloter le partenariat public / privé en faveur de l’innovation. La mission de cette instance est décisive et nécessite une représentation juste et équitable. Pourquoi ?

Tout d’abord pour que les acteurs privés ne soient pas en définitive les décideurs ultimes des orientations politiques, stratégiques et de l’utilisation de l’argent public, en l’occurrence des fonds européens dont le Conseil régional a l’autorité de gestion. Ensuite, pour que tous les domaines d’action visés par la S3 soient représentés. Nous ne saurions par exemple confier à Limagrain ou à Michelin les clefs d’un système agricole durable et les réflexions autour de projets dédiés à la transition énergétique et à la protection de la biodiversité !

Voilà pourquoi nous avons déposé un amendement visant à rééquilibrer l’instance de gouvernance de la S3, une instance qui pourrait d’ailleurs être à l’avenir encore plus ouverte. Pourquoi ne pas envisager par exemple d’y intégrer l’ADEME, des représentants régionaux de la protection de la nature, des associations de consommateurs ou encore la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire ?

Permettez-moi d’ajouter un dernier mot au sujet de la S3. Dans le rapport soumis au vote, il est fait référence à plusieurs projets, notamment le projet de production de butadiène de Michelin ou encore un projet d’open data environnemental porté par Limagrain. En amont de cette Session, vous nous avez bien expliqué que l’approbation de cette stratégie ne signifiait pas l’acquiescement de ces projets qui n’ont qu’une valeur d’exemple pour amener un peu de concret dans une stratégie qui pourrait apparaître comme abstraite. Nous l’avons bien entendu. Alors, sachez que si nous approuvons les orientations de la S3, considérez en revanche que nous ne donnons pas un blanc-seing, loin de là, à ces projets.

AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET CONTRACTUALISATION AVEC LES TERRITOIRES

Concernant les contrats Auvergne + 3ème génération, notre groupe est très franchement circonspect, si ce n’est déçu, par l’ambition et la conviction de cette future contractualisation. Votre attachement au numérique Monsieur le Président est inébranlable, nous le voyons une fois de plus dans ce dossier, très détaillé et très flexible dans ses modalités de mise en œuvre et de financement dès lors qu’il s’agit de soutenir des initiatives en faveur du numérique, mais beaucoup moins loquace lorsqu’il s’agit d’avancer des pistes de réflexion, des orientations, des exemples à suivre pour les Pays en matière de protection de l’environnement. Nous le regrettons.

TER EN AUVERGNE : DES INQUIETUDES POUR LE SERVICE 2015

Dernier dossier régional, le bilan 2013 du service TER. Une fois encore nous vous le répétons, mais peut-être qu’un jour vous finirez par l’entendre, ce bilan, qui est loin d’être positif, doit nous inviter à étudier, puis à mettre en place, une politique tarifaire attractive pour tous, en particulier pour ceux qui n’utilisent jamais le TER. Cette étude ne nous coûterait pas les yeux de la tête et elle aurait le mérite de mettre quelques vérités sur la table.

Permettez-moi également de profiter de ce dossier pour réagir aux propos de Luc Bourduge dans la Montagne du 21 août, des propos qui visiblement nous donnent quelques indications négatives sur le service TER 2015 en Auvergne.

A propos de la ligne Clermont / Saint-Etienne via Thiers, Luc Bourduge annonce dans la presse, je le cite, « La voie est en mauvais état entre Boën et Noirétable. Il faut 2h40 pour relier Clermont à Saint-Etienne par le train et une heure de moins par la route ». Conclusion, « les alternatives routières » seront prises en compte à l’avenir par la Région. Je tiens tout de même à rappeler qu’1h40 c’est effectivement le temps théorique pour parcourir Clermont Saint-Etienne en voiture et sans arrêt. En revanche, 2h23 ou 2h47, c’est le temps de parcours des autocars actuels, à mettre en perspective avec deux temps de parcours des trains : le plus rapide aujourd’hui entre les deux agglomérations met 2h16, soit moins que le car, alors que le train en 2004 ne mettait qu’1h53 avec 6 arrêts intermédiaires.

Compte tenu de ces chiffres, l’équation à résoudre pour 2015 est donc simple : quelles sont les économies d’exploitation recherchées par la Région sur cette ligne en cas de transfert sur route ? Car seul l’argument de la rentabilité peut motiver une telle décision, certainement pas la vitesse des cars par rapport aux trains.

RESERVES NATURELLES REGIONALES ET SAGE ALLIER AVAL

Enfin, permettez-moi de conclure mon propos, tout d’abord en félicitant Christian Bouchardy pour son travail de terrain et sa conviction inébranlable en faveur de la protection de la biodiversité. Grâce à sa mobilisation nous aurons aujourd’hui l’occasion d’approuver la création officielle des 2 premières Réserves Naturelles Régionales. D’autres suivront très prochainement, dans chaque département, et l’Auvergne ne peut que s’en féliciter.

Permettez-moi ensuite de me réjouir de l’approbation aujourd’hui du SAGE Allier Aval. Fruit de 10 ans de concertation, de travail collectif autour d’une même table, le SAGE a été approuvé par la CLE à l’unanimité (moins l’abstention de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire). Autrement dit, 80 membres de ce que l’on a coutume d’appeler le Parlement de l’eau, ont voté ce schéma qui constitue un très bon compromis. Parmi eux, je vous rappelle qu’il y a des élus des territoires, des représentants de l’Etat, des consommateurs et notamment les entreprises et les représentants du monde agricole.

L’élaboration et l’adoption de ce SAGE sont une nouvelle preuve, s’il en fallait une, qu’il n’y a pas lieu d’opposer l’agriculture et la protection de l’environnement. Loin des médias, il n’y a plus d’effet de manche et tout le monde s’en trouve gagnant. Un exemple à suivre, soit dit en passant, pour l’application de la directive nitrate.

Je vous remercie.