Cher François,
Nous avons discuté pendant plusieurs mois du contenu d’un éventuel accord programmatique et électoral. Plusieurs réunions nous ont permis d’étudier les points programmatiques faisant dissensus ou consensus. Or, depuis, notre demande de réunion commune est restée lettre morte. L’enjeu est pourtant essentiel. Il s’agit de contractualiser un programme d’action que nous mettrions en œuvre ensemble pour changer le quotidien des habitantes et des habitants de ce pays.
Nous avons démontré depuis une dizaine d’années, au gouvernement, dans les régions, les municipalités, notre volonté de gérer et de mettre en œuvre nos idées en assumant nos responsabilités. Face à la situation de gel de facto de nos discussions, nous ne pouvons que vous alerter.
Vous nous dites que ces discussions sont suspendues dans l’attente d’une clarification des candidatures écologistes à la présidentielle. Cette position nous surprend. La candidature de Dominique Voynet, candidate des Verts, est décidée depuis longtemps et ne sera pas remise en cause. Par ailleurs, vous connaissez notre projet et nos idées qui ne se réduisent pas à quelques engagements.
Au-delà de ce choix tactique et peu lisible de votre part, nous nous interrogeons sur votre volonté de construire une dynamique de rassemblement de la gauche et des Verts pour travailler à une alternative dès 2007. Le temps est compté et il nous apparaît peu sérieux de penser que nous éclaircirions les points en suspens, et de manière précipitée.
Nous tenons à rappeler notre persévérance à vouloir faire émerger de nos discussions des mesures concrètes, cohérentes, financées avec des budgets et des échéanciers
Bientôt va se tenir à paris la rencontre du GIEC qui a lieu tous les 4 ans et qui vraisemblablement va conforter les hypothèses du réchauffement climatique. Face aux conséquences engendrées par ce changement, il apparaît incontournable de mettre en œuvre des politiques publiques préventives totalement en rupture avec notre mode de développement actuel.
La question de la rupture programmée avec le nucléaire nous préoccupe particulièrement. Ségolène Royal, candidate du parti socialiste à l’élection présidentielle, a écrit qu’elle s’engageait à "ramener la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50 % d’ici 2017", ce qui concrètement correspond à la fermeture de nombreuses centrales nucléaires. Nous constatons cette avancée, mais ce point est loin d’être acté dans les discussions que nous avons ébauchées.
Les questions institutionnelles, et notamment les discussions sur la proportionnelle, sont au point mort en dépit des engagements déjà pris en 1997.
Il existe des pans entiers que nous n’avons pas encore évoqués comme la santé, l’eau, l’agriculture et la protection de la nature. Nous pourrions citer aussi des exemples où les travaux ne sont pas achevés comme la réduction du temps de travail, l’augmentation des minima sociaux, la fiscalité...
Nous souhaitons donc qu’une rencontre de cadrage, tant sur ses aspects programmatiques qu’électoraux ainsi qu’une confirmation de votre volonté de construire un rassemblement de la gauche et des Verts, puisse avoir lieu dans les prochains jours.
Dans le cas contraire, nous serions amenés à en prendre acte et à en tirer les conclusions politiques.
Dans cette attente, je te prie de croire, cher François, en l’expression de mes plus cordiales salutations.
Cécile Duflot, Secrétaire nationale
