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27 janvier 2010 : Intervention d’Yves Cochet à l’Assemblée Nationale
Débat sur la sécurité des réseaux d’approvisionnement en électricité

Le député Verts Yves Cochet a participé, le mercredi 27 janvier 2010, au débat sur la sécurité des réseaux d’approvisionnement en électricité.

Voici la transcription de son intervention ci-dessous.

Le lien vers le compte-rendu intégral du débat se trouve ici : http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2009-2010/20100114.asp#P461_75233

Début de l’extrait

*M. le président. *L’ordre du jour appelle le débat sur la sécurité des réseaux d’approvisionnement en électricité.

L’organisation du débat ayant été demandée par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine, la parole est à M. Yves Cochet, orateur de ce groupe.

*M. Yves Cochet.* Monsieur le président, monsieur le ministre d’État, mes chers collègues - peu nombreux -, notre groupe a effectivement souhaité qu’il y ait un débat sur la sécurité ou la vulnérabilité du système électrique français, car, depuis plusieurs années, celui-ci montre ses faiblesses ; ce fut le cas au début de l’année 2010, mais aussi en 2009. Ce sera peut-être également le cas - nous avons des raisons de le craindre, j’y reviendrai - au cours des prochaines années. Ainsi, des dizaines de milliers, sinon des millions, de foyers, des dizaines de milliers, sinon des millions, de nos concitoyens ont été privés d’électricité pendant plusieurs jours en raison d’aléas climatiques qui, d’après ce que nous savons, ne cesseront probablement pas de se multiplier.

Le samedi 24 janvier 2009, une violente tempête a secoué la France. Le Sud-Ouest, particulièrement touché, a déploré jusqu’à 1,7 million de foyers privés d’électricité. Selon le gestionnaire RTE - le réseau de transport d’électricité - 118 lignes à haute et très haute tension et 93 postes de transformation ont été hors service au plus fort de la crise. Les lignes à basse et moyenne tension ont également subi de graves avaries.

Malgré la rapidité et l’ampleur des moyens mis en œuvre par les agents d’EDF, de RDF et de RTE, il a fallu plus d’une semaine pour rétablir l’électricité partout. Pourtant, cette tempête avait été annoncée par Météo France. On ne peut donc que constater l’extrême fragilité du réseau électrique français face aux aléas climatiques.

Ainsi, aujourd’hui, il fait froid. Nous verrons ce qui se passera entre dix-huit heures et vingt heures, au moment où la consommation sera la plus forte. Au début de cette année 2010, des milliers de familles provençales ont été privées d’électricité jusqu’à quatre jours consécutifs pendant une vague de froid, comme celle que nous connaissons aujourd’hui.

Nous avons même entendu des responsables d’EDF appeler les Provençaux et les Bretons à réduire leur consommation électrique, alors que, depuis une quarantaine d’années, un matraquage publicitaire fait par EDF les a incités à s’équiper en chauffage électrique, lequel est l’un des facteurs de la fragilisation du système électrique français. EDF stigmatise les familles qui ont suivi ses propres recommandations : c’est scandaleux !

Le système électrique français est beaucoup trop vulnérable, pour trois raisons principales.

Premièrement, l’enfouissement des lignes à basse et moyenne tension, ainsi que des lignes à haute et très haute tension, est insuffisant, par rapport à des pays comme l’Allemagne, où l’impact des aléas climatiques est fortement réduit. Je ne fais qu’évoquer le problème du coût, car nous pourrons en parler davantage au cours du débat.

Deuxièmement, la concentration de la production électrique sur de grosses centrales, notamment nucléaires, est excessive. Ceci implique la nécessité d’entretenir un réseau important de lignes à haute et très haute tension qui, quand elles sont touchées, affectent des populations importantes. Le réseau est, en principe, maillé, un peu comme l’internet, mais il est beaucoup moins résilient, et lorsqu’une ligne tombe...

*M. Jean-Claude Lenoir.* Internet va en Chine !

*M. Yves Cochet.* Heureusement, nous n’exportons pas d’électricité en Chine !

Lorsqu’une ligne tombe, il peut y avoir un effet de dominos - un tel incident s’est produit en Allemagne -, c’est-à-dire que l’ensemble du réseau peut basculer. Là réside la fragilité de la région PACA et de la Bretagne. On n’est pourtant jamais en bout de ligne dans un réseau maillé. Or il s’agit là d’un réseau dont la topologie est différente, d’un réseau arborescent. Dans ce cas, si l’on est derrière la feuille du réseau, la ligne est coupée.

Troisièmement, la vulnérabilité de notre système électrique provient d’une trop forte demande d’électricité due à la promotion du chauffage électrique au détriment d’autres modes, pour rentabiliser la filière nucléaire, qui a bénéficié de nombreux investissements depuis trente-cinq ans. Cette dépendance oblige la France, pendant les pics de consommation - nous en connaîtrons peut-être un ce soir -, à atteindre les limites du système en matière de production, de transport, de répartition et de distribution, à risquer le /black-out, /comme nous l’avons vécu en 2009 et en 2010, et à surinvestir dans les infrastructures de production ou de transport pour seulement quelques jours par an.

Ce débat doit donc nous éclairer sur les moyens de « dévulnérabiliser » le système électrique français, au vu de ces trois risques. À cette fin, nous devons élaborer un plan d’urgence visant à faire face aux conséquences des aléas climatiques ; évaluer la capacité de résistance des réseaux de production, de transport et de distribution ; évaluer le coût et la faisabilité de l’enfouissement des lignes - ce qui peut être une solution partielle ; étudier l’impact sur la santé et l’environnement des lignes à très haute tension - qui est aujourd’hui l’objet de polémiques ; réorienter notre production d’électricité vers plus de décentralisation et de diversité - je pense bien sûr aux énergies renouvelables ; enfin, tenter, par des mesures drastiques, de réduire significativement notre consommation d’électricité.

J’ai déjà indiqué les six conditions de « dévulnérabilité » du réseau électrique. Je vais maintenant me concentrer sur l’une d’entre elles : la réduction de la consommation. Ma critique portera essentiellement sur le chauffage électrique, qui a fait l’objet d’une politique constante de la France, concomitante au lancement du programme électronucléaire français, il y a environ trente-cinq ans, au moment du premier choc pétrolier, sous le gouvernement Messmer. La France a investi, depuis cette époque, environ 400 milliards d’euros. Je le dis en regardant M. Lenoir, cela a été, d’une certaine manière, une réussite industrielle...

*M. Jean Proriol.* Vous avez été ministre sous la gauche !

*M. Yves Cochet.* Je le reconnais, la gauche a fait la même chose. Mais pas les écologistes ! Nous avions pour notre part anticipé les conséquences d’une telle politique, lesquelles n’avaient pas été envisagées à l’époque par les dirigeants.

Nous avons de nombreux exemples de ces conséquences, comme les aléas climatiques qui entraînent la rupture d’approvisionnement en électricité de nos concitoyens. Je vais démontrer l’aspect pervers du chauffage électrique. Le risque principal est une panne lorsqu’il fait froid ou lors d’une tempête, ou encore, lorsqu’il fait très chaud, la mode nouvelle consistant à climatiser les bâtiments.

Quels sont les perdants de ce surdimensionnement du système électrique français ? D’abord, la sécurité énergétique, nous l’avons constaté avec les deux incidents qui ont eu lieu, cette année et l’année dernière ; ensuite, les émissions de CO_2 , catastrophiques à cause des pics de consommation ; la collectivité, c’est-à-dire les contribuables, qui financent le surdimensionnement du système électrique français ; EDF elle-même, qui est perdante puisqu’elle investit beaucoup trop dans ce qui pourrait être lissé autrement ; enfin, les consommateurs, qui paient au prix fort cette électricité de pointe.

D’ailleurs, selon /Les Echos, /l’avant-projet de loi sur la réforme du marché de l’électricité prévoit que les tarifs réglementés seront plus élevés pendant les périodes de pointe. Vous pourrez peut-être, monsieur le ministre, nous éclairer sur ce point. Il y a eu hier un démenti d’EDF. Le président Gadonneix avait dit qu’il faudrait augmenter de manière générale les tarifs de l’électricité. Il a été remercié, notamment pour cette raison. M. Proglio augmentera-t-il les tarifs ? Nous l’ignorons. Cela étant, nous aurons bientôt une nouvelle loi portant sur le marché de l’électricité. Monsieur le ministre d’État, cette loi prévoit-elle d’augmenter les tarifs pour les heures de pointe, qui peuvent se produire pendant quelques jours, voire quelques semaines ? Je vais sans doute vous étonner, mais je ne suis pas opposé à une telle mesure, qui pourrait inciter à ne plus construire de bâtiments tributaires du chauffage électrique, comme c’est le cas actuellement pour 70 % des logements neufs. Il y a eu un véritable matraquage pour convaincre les gens que l’électricité était une énergie formidable. En réalité, elle peut nous conduire au /black-out./

Les gagnants sont les traders d’électricité, les constructeurs de logements et les fabricants de convecteurs électriques, ceux que j’ai appelés lors du débat sur le Grenelle, de manière amicale, le « gang des grille-pains » ! Cette tendance est encore renforcée par les dispositions que vous avez prises en faveur d’une mauvaise taxe carbone - qui a certes été retoquée par le Conseil constitutionnel et qui va revenir devant notre assemblée -, qui n’inclut pas l’électricité dans l’assiette de la taxe. Ainsi, vous incitez nos concitoyens à choisir le chauffage électrique, dans la mesure où il n’est pas soumis à la taxe carbone !

Quel choix avons-nous ?

Soit nous poursuivons la fuite en avant à travers les fausses bonnes idées, telles que gérer la pointe, produire plus d’électricité ou créer de nouveaux usages, comme la climatisation - il y en a bien d’autres, telles les pompes à chaleur.

Soit nous choisissons la seule approche rationnelle du point de vue thermodynamique, mais aussi du point de vue politique et des investissements financiers, une démarche de type « négawatt », c’est-à-dire la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables, par la mise en œuvre de mesures tarifaires, réglementaires et fiscales simples.

Il existe une contrainte structurelle sur le système électrique : il faut produire à tout instant autant d’électricité que la demande. Il n’y a en effet que très peu de stockage. La pointe de puissance est le moment de l’année où la demande est la plus importante, à cause du chauffage électrique. C’est cette pointe de puissance qui entraîne un surdimensionnement considérable, même pour quelques heures par an, parce que ce sont des centrales à flammes et elles seules qui peuvent être appelées au moment des demandes de pointe.

Ceci est considérable. Par exemple, la consommation due au chauffage électrique durant la pointe hivernale du 7 janvier 2009 est responsable d’une surconsommation en puissance de 34 000 mégawatts, soit l’équivalent de la moitié du parc électronucléaire français.

Nous sommes donc en face d’une contradiction majeure du système électrique français : d’un côté, nous avons un parc électronucléaire excédentaire en base - lorsque la demande est moindre, nous produisons beaucoup trop - et, de l’autre, une demande excédentaire en pointe. C’est ce qui s’est produit le 7 janvier 2009 et qui se produira peut-être ce soir.

L’usage du chauffage électrique représente à lui seul 60 térawattheures de consommation, soit 12,3 % de la consommation annuelle totale de la France en électricité. Mais, pendant l’hiver 2008-2009, nous avons dépassé 70 térawattheures, soit près de 15 % de la consommation électrique totale de la France. C’est l’équivalent de la consommation totale d’un pays comme la Suisse, simplement à cause du chauffage électrique !

Aujourd’hui, et plus encore avec cette mauvaise taxe carbone, 70 % des logements neufs sont chauffés à l’électricité, soit 27 % de la consommation totale du parc résidentiel. Cette situation est unique en Europe. Les conséquences en termes de fragilité du système électrique sont désastreuses.

Je ne parlerai pas du gradient thermique, car ce sujet serait trop technique. J’en viens à ma conclusion.

Le rendement du chauffage électrique est particulièrement faible, alors que l’électricité est une matière noble. Mais la dégrader dans des convecteurs est une bêtise thermodynamique que je n’ai jamais comprise ! le rendement global de la filière est de l’ordre de 25 %, soit la moitié de ce que font les autres pays en Europe. Le rendement thermodynamique est nul. Nous pouvons faire beaucoup mieux.

Quelles sont les orientations que je propose, aujourd’hui, à l’occasion de ce débat ?

*M. le président.* Il faut conclure !

*M. Yves Cochet.* Je conclus, monsieur le président.

S’agissant de la sobriété et de l’efficacité des énergies renouvelables, nous pourrions prendre les mesures suivantes : revoir la politique tarifaire pour favoriser les économies d’énergie dans la future loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité, la loi NOME ; imposer une réglementation contraignante sur toutes les énergies, je l’ai également souligné, à savoir : imposer cinquante kilowattheures pour tous les bâtiments neufs et non exempter les bâtiments faisant appel à l’électricité.

*M. le président.* Il faut conclure, mon cher collègue !

*M. Yves Cochet.* Il faut renforcer la réglementation thermique de 2005 et, enfin, revoir la fiscalité et, notamment, inclure l’électricité dans l’assiette de la taxe carbone qui serait mieux intitulée ainsi : contribution énergie climat !

Fin de l’extrait


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