Trois questions au Docteur Maine, administrateur de l’ACCDM
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Créée l’an dernier, l’Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux (ACCDM) a largement alerté sur ce problème de plus en plus prégnant en Mayenne comme ailleurs. La désertification médicale touche les campagnes, mais pas que, de plus en plus de personnes échouent à trouver un généraliste, et moins encore de spécialistes. Alertes, pétition, participations… L’ACCDM permet au citoyen de peser dans ces débats. Trois question au docteur Maine, membre du conseil d’administration.

Dessin réalisé par votre candidat en soutien à la pétition de l’asso

Face à la fracture médicale, plusieurs propositions sont évoquées. On parle beaucoup de l’obligation aux médecins d’aller dans les zones à démographie faible en début de carrière, mais aussi du salariat des médecins par les collectivités etc. Qu’en pensez-vous ?

1/ En ce qui concerne l’obligation : la coercition n’a jamais été une réponse à un problème.
Quand la collectivité prend en charge les frais des étudiants l’obligation se légitime

2/ La solution est celle du conventionnement sélectif par les caisses primaires
Mais …. Quels sont les pouvoirs de décision des caisses par rapport à une décision de conventionnement sélectif ?

3/ Quand au salariat par les collectivités cela peut être une solution. Les jeunes générations de médecins majoritairement des femmes ne sont pas hostiles au salariat. Le salariat est la solution adoptée pour le centre médical de Laval avec des jeunes retraités et deux internes en fin de cursus.

On peut tenter plusieurs « réparations », mais chaque années des lits sont supprimés en Mayenne. Quelle sont vos propositions face aux réductions budgétaires qui ont lourdement impactés les services de santé de proximité ?

La fermeture de lits avec une population qui vieillit donc qui aura des demandes de soins croissantes est une ânerie monumentale … cf. l’épidémie de grippe de cet hiver pendant laquelle les services ont été débordés ne pouvant matériellement pas accueillir les malades

La fermeture des lits avec son corolaire la restriction de personnel amène inévitablement à l’agressivité du patient et au burn out et au suicide des soignants

La tarification à l’acte pour les hôpitaux est une ineptie car l’hôpital n’a pas à être rentable c’est un service public.

Si le service public est efficient c’est une économie pour la collectivité sur le long terme dans la négative le coût pour la collectivité sera explosif : aggravation des pathologies, diminution de l’espérance de vie, explosion de la dépendance

Les patients sont souvent les moins entendus, comment les intégrer aux structures liées à la santé, notamment dans les conseils de surveillance d’hôpitaux ou au sein de l’ARS ?
Avec la raréfaction du personnel, avec les fermetures de services, la prise en charge des patients se dégrade à vitesse grand V avec son corolaire une augmentation des coûts liée à une prise en charge déficiente.

C’est au milieu associatif de prendre en charge les doléances afin de les rapporter aux administratifs des hôpitaux (représentation ?). Rien à attendre des ARS sur ce sujet (simple courroie de transmission des décisions des énarques du ministère). Les doléances individuelles ne sont jamais écoutées ou si peu …

Notre réponse :
Face à la désertification médicale il faut agir de manière globale, comme le souligne l’ACCDM, investir sur la santé est une économie de long terme, au delà de cette réalité c’est aussi une simple question d’humanité. Une adaptation du numerus clausus est sans doute possible, mais n’est pas la solution miracle brandie par certains, tout comme l’installation forcées des médecins, mais l’on pourrait en effet imaginer un financement plein et entier des études en médecines en échange d’un contrat d’installation dans des zones défavorisées.

Par ailleurs, nous sommes extrêmement favorables à maisons de santé pluri-professionnelles et des maisons de naissance installées sur les territoires, pourvues qu’elles soient réellement pensées comme tel et non pour satisfaire l’égo de tel élu local, au risque de rester vide. Le salariat des médecin est une pratique innovante qui doit être encourager, tant elle répond aux besoins des deux parties.

Par ailleurs, la défense des services publics a été inscrite comme une de nos priorité : supprimer des lits, regrouper des structures de manière forcée, fermer des installations des installations de proximité… C’est non seulement stupide mais aussi criminel, pour les patients comme pour les personnels, épuisés et poussé à la faute. Nous soutiendrons de larges embauches de personnels et le maintiens de services publics de santé, notamment des EPHAD et maternités.

Nous défendrons également la fin des pratiques inacceptable consistant à « rationaliser » tout ce qui touche à la santé, terme qui cache des économies de bout de chandelle amenant des pratiques maltraitantes. Pour donner un exemple, Catherine Daux (candidate suppléante) nous expliquait il y a peu que selon les pathologies un patient sénile avait un nombre de couches attribué par jour. S’il le dépasse, il est interdit de le changer, sauf à en prendre une sur un « autre compte ». Comment peut-on justifier cela ? Une société qui créé ce genre de cercle dangereux envers les plus faibles n’est pas acceptable. Seul un investissement massif dans les services publics de santé peut répondre à ces questions-ci, il est impératif !