Eric Piolle regrette la logique de forteresse de FI
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Dans un article publié par Libération, le maire écologiste de Grenoble déplore « la stratégie de forteresse de la France insoumise ».

A lire ci-dessous.

Libération, 1er juin 2017 par Rachid Laïreche

Le maire EE-LV de Grenoble qui a soutenu le leader de la France insoumise lors de l’élection présidentielle, regrette le choix «de la logique de forteresse» fait par ce dernier, au détriment d’une stratégie de la gauche rassemblée.

Le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle a soutenu publiquement la candidature de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle. Aujourd’hui, il regrette sa stratégie et pronostique l’échec aux élections législatives pour son camp. Il espère reprendre les discussions afin de rassembler la gauche dans un futur proche.

Comme se porte la gauche à Grenoble ?

Un peu comme partout : divisée. C’est dommage car la campagne de Jean-Luc Mélenchon s’était ouverte sur la fin, il avait réussi à incarner notre espace humaniste, citoyen, écologiste, de gauche face à l’extrême droite qui porte une logique de repli sur soi et face la fusion des libéraux de gauche et de droite. Mais on est en train de passer à côté des législatives. C’est une occasion ratée. Jean-Luc Mélenchon aurait pu se positionner comme chef d’orchestre, il a choisi de rester dans sa forteresse. Résultat, notre espace politique se retrouve éclaté avec les communistes, les écologistes, les socialistes et la France Insoumise.

Vous êtes surpris par la stratégie de Jean-Luc Mélenchon ?

Je ne sais pas si c’est le bon terme. Il a choisi d’être caporal. Quand la gauche est rassemblée autour d’un projet, elle gagne et elle change la vie: c’était vrai en 1936, en 1981, en 1997. Ici, à Grenoble, ça a marché: on a réussi à susciter une adhésion positive autour d’un projet innovant. On a rassemblé, on a gagné et Grenoble change. Aujourd’hui, à la Métropole, grâce à une gauche plurielle, fière de sa diversité, nous relevons durablement les défis du territoire, de la lutte contre la pollution au développement de l’agriculture locale en passant par la piétonnisation des cœurs de villes.

Vous avez eu des contacts avec lui ?

J’ai toujours été en contact direct avec lui, bien avant ma victoire à la municipale en 2014. Je l’ai eu tout au long de la campagne, même après le premier tour. D’ailleurs, la logique du rassemblement prévalait jusqu’au dernier moment. Sur la fin, ça a basculé. Par exemple, un jour il a annoncé qu’il soutenait la candidature de Damien Carême, maire de Grande-Synthe (Nord) : une circonscription symbolique et menacée par le Front national. Et le lendemain, Damien Carême voit arriver un candidat de la France insoumise. Alors qu’il sait que si on fait les choses autrement ça marche.

En avril, alors que votre parti (EE-LV) soutenait Hamon, vous avez appelé publiquement à voter Mélenchon, vous regrettez ?

Pas du tout, non. Il y a une nécessité de rassembler et il est impossible de le faire sans lui et son mouvement car nos projets sont proches. Ce que je regrette, c’est le gâchis.

Comment voyez-vous les choses à court terme ?

Nationalement, on va probablement prendre une claque, la défaite est assurée. Localement, j’espère qu’on aura quelques surprises, par exemple les candidats que je soutiens à Grenoble: ils sont à la fois socialistes, écologistes et citoyens. C’est le bon arc pour reconstruire le rassemblement, là où les appareils ont échoué. Pour l’avenir, j’espère que ceux qui ont basculé dans une logique de forteresse se rendront compte que ça ne passe pas, divisé, c’est la défaite. Et dans cinq ans, ça sera la même histoire. J’espère qu’on pourra reprendre les discussions.

Rachid Laïreche, Libération