Virginie Léonard en « campagne »

Lundi matin 9h, j’arrive à La Jaudronnière, près de Saint Pardoux. Le soleil brille, les oiseaux chantent dans les haies. Des moutons paissent tranquillement autour du plan d’eau. Jean-Fabrice me rejoint, il est au téléphone avec un collègue dont les champs sont sous l’eau. Producteur pour une AMAP, ce dernier s’inquiète de ce qu’il va pouvoir mettre dans les paniers de la semaine. Jean-Fabrice lui propose de le dépanner avec une partie de sa production. Puis il va vérifier que les légumes destinés au restaurant scolaire de Saint Marc La Lande ont bien été livrés.

En bio depuis une quinzaine d’années, l’exploitation de Jean-Fabrice Mimeau compte 30 hectares. Il n’a bénéficié d’aucune aide à l’installation car personne ne croyait à son projet. Actuellement, ils sont trois équivalents temps plein à travailler sur les 2 hectares de maraîchage, les 2 hectares d’arbres fruitiers et les 5 hectares de céréales. Le reste est en prairie. Jean-Fabrice fournit des paniers de légumes et de fruits à l’AMAP « Les paniers de la Sèvre » et des paniers de pommes à l’AMAP de Thouars. Cela lui assure 60% de son chiffre d’affaire. Il a aussi un ban au marché de Niort le samedi matin. Geoffrey qui travaille avec Jean-Fabrice souhaite qu’ils s’associent pour se lancer dans la production d’œufs bios. Pour la réussite de ce projet, il est important que le nombre des contrats des AMAP se maintiennent car ils assurent une sécurité financière appréciable.

Nous partons faire le tour de l’exploitation. Après la pluie des derniers jours, la terre est saturée d’eau et les plans de poivron et de concombre attendent à l’abri du hangar. Dans les tunnels, les premières fraises sont délicieuses. Il y en aura peut-être dans les paniers la semaine prochaine. Jean-Fabrice est inquiet pour la récolte de pommes et de poires. Les fleurs fanées des arbres se détachent facilement, le renflement annonciateur du futur fruit n’est pas là. Jean-Fabrice cherche des explications : les pluies abondantes n’ont peut-être pas favorisé la pollinisation. Heureusement la diversification de sa production lui permet d’être moins à la merci des aléas climatiques.

Nous discutons de Résalis, le réseau pour une alimentation locale, innovante et solidaire qui a pour but de faciliter l’introduction des produits locaux de qualité dans la restauration collective. Jean-Fabrice pense que, pour les petits producteurs comme lui, il est plus simple d’écouler sa production en vente directe. Même en se regroupant, Ils ne parviendraient pas à fournir régulièrement les collectivités. Le volume produit n’est pas assez important. Il est indispensable de favoriser l’installation de nouvelles exploitations en maraîchage bio qui respectent l’environnement et sont créatrices d’emplois. De nombreux projets d’installation existent mais le gros problème est toujours l’accès au foncier. Quand des terres sont vendues elles sont souvent rachetées par des agriculteurs qui ont des surfaces d’exploitation suffisantes pour en vivre. Il est nécessaire de repenser le rôle de la SAFER et de la chambre d’agriculture lors de la vente des terres agricoles.

En regagnant Niort, je pense aux délicieuses fraises que je trouverai dans mon panier jeudi, lors de la distribution de l’AMAP.

AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne

Virginie Léonard