Bopack, il n’y a pas de fatalité !

Thierry PRADIER en visite auprès des salariés de Bopack

 

Bopack, entreprise de fabrication d’étiquette, va être fermée par l’entreprise mère Autajon qui l’a racheté voilà seulement quelques années impliquant le licenciement ou le reclassement de 36 employés.

Depuis son rachat, Autajon n’a investi que dans des machines de découpe d’étiquettes, ne permettant de dégager aucune marge de bénéfices, ces dernières ne pouvant être réalisées que par des machines d’impression, devenues aujourd’hui quasi obsolète

Voilà comment rendre une entreprise non rentable.

Alors que le carnet de commande est plein et les débouchés réels, il est décidé, en plus, de délocaliser tout le savoir faire et le marché sur les usines de Lorient et Rouen, alors que le site de Lorient n’est pas pérenne économiquement.

En tout état de cause, l’ensemble du groupe n’a déposé aucun bilan financier depuis 2008 dans les chambres de commerce, comme la loi le stipule. La maison mère (à l’exception de l’une de ses filiales) préfère payer des pénalités pour ne pas avoir à déposer de bilans financiers et ainsi ne pas jouer le jeu de la transparence

Qu’est-ce que cela cache ? Ce comportement est particulièrement suspect. Alors qu’Autajon – 341e fortune de France selon Challenge - s’est enrichie de 16 millions d’euros entre 2010 et 2011, l’usine a été simplement sacrifiée par cette holding, préférant voir disparaître l’usine plutôt que de la céder à la concurrence, et ce au dépends des travailleurs.

C’est la politique de la terre brûlée.

Thierry PRADIER est passé voir, ce jeudi 10 mai, les salariés en grève sur le site, et a pu constater à quel point ce dossier est caricatural. Alors que des solutions raisonnables existent, les discussions avancent difficilement. Les salariés demandant à minima des indemnités en rapport avec les bénéfices du groupe.

Mais comment négocier à égalité entre les représentants de l’entreprise et les salariés quand les bilans financiers sont inconnus ? Il est si facile d’interpréter à loisir un bilan financier à son avantage.

En face les négociateurs ne disposent pas des mêmes atouts.

En tout état de cause on peut tirer deux leçons de cette affaire. La première est que les entreprises doivent pouvoir subir des pénalités proportionnelles à leur bénéfices (si elles sont de mauvaise foi) et non des pénalités fixes devenant négligeables pour des holdings de l’importance d’Autajon. La seconde, est qu’encore trop de grandes entreprises tentent de faire des bénéfices sur le dos des salariés et de l’activité, même lorsque les débouchés existent.

Le pouvoir exorbitant de très grosses société n’est pas une fatalité. L’Argentine nous montre l’exemple de solutions qui existent. En 2002, ce pays refusa le dictat libérale du FMI. La conséquence fut la mise en place de politiques plus à l’écoute de la population. Depuis la production a été multipliée par deux et la pauvreté divisée par deux. Il n’y a pas de fatalité !

Thierry PRADIER