A l’école, on peut faire société

Mercredi soir, la FCPE recevait les candidats aux législatives afin de débattre autour de ses « 12 exigences pour l’école« . Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, en fit une présentation qui ne pouvait à mon sens que susciter l’adhésion et l’enthousiasme. Les exigences de gratuité, mixité sociale, santé, laïcité, respect des rythmes de l’enfant, accueil des enfants en situation de handicap, réforme de la formation des enseignants, etc peuvent sembler évidentes à toute personne attentive au bien-être des enfants et à la justice sociale.

 

Je suis pour ma part intervenue sur 4 points qui me semblent tout aussi importants mais qui suscitent souvent plus de divergences :

- le socle commun devrait être non pas un programme mais un référentiel permettant de construire une culture partagée. Le contenu de l’enseignement ne se réduit pas à apprendre à « lire, écrire et compter ». Les savoirs relatifs au corps, la création artistique et les compétences manuelles sont tout aussi importantes et l’acquisition de l’autonomie, de la solidarité et des méthodologies d’apprentissage devraient faire l’objet d’une attention particulière. L’objectif n’est donc pas d’avoir parcouru l’ensemble des manuels scolaires à la fin de l’année, mais de mettre en place des projets pédagogiques qui permettent d’atteindre des objectifs transdisciplinaires et pluriannuels.

- Pour ce faire, les équipes pédagogiques doivent avoir des marges de manœuvre. C’est à elles qu’il revient de déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs et finalités communs à tous (ceux-ci doivent être élaborés par l’Etat, en associant le monde éducatif et les mouvements pédagogiques). L’expertise nécessaire à la construction de projets pédagogiques innovants et ambitieux se trouve dans la société. il faut accompagner la constitution d’équipes autour de ces projets et leur donner les moyens de les mettre en place.

- Dans ce contexte, l’enfant doit avoir son libre-arbitre concernant la construction de son parcours d’apprentissage, au lieu de subir une orientation, souvent déterminée en fonction de ses résultats scolaires. Cela devrait être possible dés le plus jeunes âges (choix d’ateliers) et jusqu’au baccalauréat, qui pourrait être validé par unités capitalisables dans le cadre d’un système modulaire, avec possibilité de présenter des travaux personnels. Les passerelles entre les différentes formations, dans ce contexte, deviennent une évidence.

- Enfin, il me paraît primordial de rompre avec la culture de la performance, du résultat, du contrôle généralisé (dont on a vu l’apogée avec les évaluations nationales). Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de notes qu’un enseignant ne peut évaluer les acquis des enfants ; ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de contrôles qu’il n’y a pas de production intellectuelle ; ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de devoirs que les enfants ne travaillent pas ; ce n’est pas parce qu’on ne fait pas redoubler que les enfants gardent des lacunes. L’évaluation peut être valorisante, on peut y associer les enfants, elle peut être collective, cela existe déjà et ça fonctionne ! La pédagogie Freinet favorise le vivre ensemble, l’entraide, la coopération, l’esprit d’initiative : l’enfant devient alors acteur de son apprentissage, de sa construction personnelle, et y trouve du plaisir.

Ces droits à l’autonomie, à l’élaboration de projets collectifs devraient être garantis à tous. Car dés l’école, on peut faire société.

C’est pour cela que notre projet de société met l’accent sur un projet éducatif émancipateur.

Pour aller plus loin, vous pouvez le consulter ici.

Solène Raude