Marseille : ya basta !

 

Depuis quelques mois, Marseille est redevenue la ville plus vraiment pagnolesque de l’époque de la French Connection dans le traitement médiatique qui est le sien. L’affairisme, le clientélisme, les règlements de compte, l’amoncellement de poubelles dans les rues, la chasse aux Rroms et maintenant aux pauvres avec l’arrêté anti-mendicité du maire, la valse des préfets, la montée de la violence dans les quartiers nord, la dictature d’un syndicat majoritaire qui sape les fondements même des services publics locaux… gangrènent la cité phocéenne. La ville étouffe dans l’agonie de l’héritage defferro-gaudiniste et la chute du baron Guérini; une ville gouvernée pour la moitié de ses habitants, avec la Canebière comme limès, dans un rapport clientéliste et consumériste à la politique.

La ville part à la dérive car il n’y a plus de pilote à son bord. Jean-Claude Gaudin n’a pour seule ambition que de laisser une trace dans sa ville en édifiant des « éléphants blancs » sans prendre en considération l’utilité sociale de ses projets à l’instar du Palais de la Glace et de la Glisse dans la ville la plus chaude de France ou en sur-endettant sa commune et ses contribuables en leur faisant payer la couverture du stade Vélodrome pour la bagatelle de 273 millions d’euros. Les dirigeants politiques dans leur ensemble manquent de vision pour bâtir la cité du XXIe siècle : solidaire, écologique et démocratique. La gestion de l’espace public est  symptomatique de cette errance visionnaire : on continue de construire des parkings aspirateurs à voitures en plein centre ville en supprimant des parcs, stades et jardins publics ; on privatise tout espace partagé pour des clientèles locales ; on ferme la pelouse de la Porte d’Aix en y mettant en « pâturage » trois bridages de CRS pour empêcher les riverains de l’utiliser

Or, Marseille est riche d’atouts exceptionnels : une situation privilégiée au coeur de l’euro-méditerranée et au centre de l’arc latin, au débouché du sillon rhôdanien ; deux heureux événements à venir qui peuvent se révéler être une aubaine pour sortir la ville de son atonie et construire la voie d’une éco-métropole méditerranéenne fondée sur un développement soutenable : la création du Parc national des Calanques (premier parc péri urbain d’Europe avec entrée maritime et littorale) et Marseille, capitale européenne de la culture 2013 (la culture pouvant participer à casser certaines représentations de la ville et à engager des chantiers de transformation de l’espace urbain) ; un pôle universitaire et de recherche important ; un tissu associatif très dense ; un projet de requalification de son arrière port avec le projet Euroméditerranée qui peut s’avérer utile pour recoudre la ville, fédérer les acteurs locaux et s’inventer un nouveau destin collectif …

 

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