Réponse de Patrice BAU à la FCPE du Jura :

Ce que je soutiendrai une fois élu à la députation, s’énonce en 3 principes : Autonomie, Solidarité, Responsabilité

1.L’école maternelle
Que pensez-vous de notre école maternelle actuelle. Vous parait-elle satisfaisante ? Souhaitez-vous la voir évoluer ? Si oui, dans quel sens ?
Elle doit accueillir les enfants à partir de deux ans, mais elle doit être publique et soumis au volontariat. De plus elle doit travailler en lien avec les structures de la petite enfance afin de permettre aux enfants cumulant les difficultés, sociales et linguistiques d’être accueillis très tôt. Nous pensons que l’état doit donner plus à ceux qui ont moins ainsi il faut que ses enfants puissent être accueillis dans des classes à effectif réduit et dès le plus jeune âge pour permettre un réel travail de langage et de socialisation.

2.Le rythme de l’enfant
Pour vous, quel rythme est idéal selon l’âge de l’enfant ?
Si celui-ci diffère de l’actuel, pensez-vous pouvoir le faire appliquer durant la législature ?
Le rythme de l’enfant devrait se caler sur ses biorythmes et non pas selon les besoins économiques de notre société. Une modification parait donc essentielle mais elle devra se faire en relation avec les collectivités territoriales afin de penser le temps d’accueil de l’enfant dans sa globalité en incluant les accueils péri et extra scolaires.

3.Droit de l’enfant
Quels aménagements de l’application des sanctions proposeriez-vous pour garantir le respect des droits de l’enfant ?
La notion de droit ne devrait jamais être séparée de celle de devoir car l’un est essentiel pour appréhender l’autre. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de légiférer en la matière, les lois protégeant les enfants dans notre pays me paraissent pertinentes.

4.L’orientation
L’orientation se fait actuellement trop souvent par l’échec, quels engagements prenez-vous pour que le choix de l’orientation appartienne réellement aux élèves et à leur parents ?
L’orientation des jeunes se fait effectivement trop souvent par défaut ou tâtonnements. Il faut redonner plus de moyens aux CIO mais aussi permettre de passer d’une formation à une autre de manière beaucoup plus aisée. Pour cela il faut proposer des « troncs communs » de formations, multiplier les passerelles, changer aussi de mode d’évaluation, de « sélection ».

La carte des formations, en établissements publics, permet-elle, selon vous, l’accès aux filières de leur choix pour nos enfants jurassiens ?
La politique de réduction massive de postes impulsée par le gouvernement à conduit au niveau académique à supprimer une partie des formations publiques lorsque l’offre privé était disponible sur le même secteur ceci nous paraît inacceptable. La carte des formations doit avoir une cohérence au niveau régional avec sans doute une amélioration des internats.

5.Le handicap
Sept ans après sa parution, quel bilan faites-vous de l’application de la loi sur le handicap ? Vous engagez-vous à professionnaliser et pérenniser la fonction d’Auxiliaire de Vie Scolaire ?
La réalité de la prise en compte du handicap est loin des promesses faites. Il est évident que l’AVS doit devenir un vrai métier avec des gens reconnus et formés. Les Auxiliaires de Vie Scolaire doivent avoir un statut qui leur permet d’intervenir aussi dans des temps péri ou extra-scolaires et de travailler dans la durée auprès d’élèves et d’équipes pédagogiques. Il faut aussi améliorer les conditions d’accueil dans les classes : nombre d’élèves, aménagements matériels etc.

6.La santé
Quels engagements prenez-vous pour faire évoluer la médecine scolaire ?
Que pensez-vous de la nécessité d’informer les élèves, dès le plus jeune âge, sur l’éducation sexuelle et affective ?
Les comportements face à la santé sont déterminants pour les parcours de vie. L’éducation à la santé est un axe essentiel dont doivent s’emparer tous les acteurs éducatifs. Je souhaite créer des pôles régionaux d’éducation pour la santé et de promotion de la santé, incluant la santé scolaire, les services de PMI et les IREPS. La mission des personnels de santé qui doivent être présents dans les établissements soclaires est triple : dépistage, prévention et participation à la formation. Je crois indispensable aujourd’hui de maintenir et développer l’éducation sexuelle et affective, mais aussi prévenir les conduites addictives et les violences de toutes sortes.

7.L’égalité
Que mettre en place pour avoir plus de mixité sociale ?
Connaissez-vous RESF ? Quels engagements prenez-vous pour aider ce réseau et les familles sans papiers ?
Oui je connais RESF. Le problème n’est pas qu’éducatif mais bien sociétal et la reconduction aux frontières d’enfants scolarisés ( et donc ses parents) est indigne d’une société dite moderne.
Il faut penser la mixité sociale en terme d’aménagement du territoire et pas en terme éducatif seulement car ce volet est la conséquence du premier. Il s’agit donc de repenser l’aménagement de nos villes et de nos campagnes en intégrant plus de mixité sociale et générationnelle.

8.La gratuité
La gratuité de l’enseignement, dans les faits, n’est pas réelle (fournitures scolaires, cahiers de TD, et surtout voyages scolaires). Quels engagements prenez-vous afin de rendre réellement gratuite l’école de la République ?
Je ne pense pas que que le problème réside dans la gratuité mais bien de l’impossibilité pour certaines familles de faire face à ces dépenses. Personnes ne devrait être pénalisé scolairement pour des raisons financières.

9.La laïcité
Êtes-vous favorable à réserver les financements publics à l’école publique ?
OUI.

10.La formation des enseignants
La création d’une École Supérieure du professorat et de l’éducation est annoncée par le ministre de l’éducation nationale pour la rentrée. Si vous siégez à l’assemblée nationale, quels contenus y mettrez-vous ?
Difficile de répondre à cette question qui est beaucoup trop vaste et demande l’appréciation de spécialistes des sciences de l’Éducation.

11.Le parent d’élève
Selon vous, le parent d’élève a-t-il sa place à l’école ? Si oui, comment la lui donner ? Un statut de délégué de parents vous semble-t-il possible ? Si oui, quels contenus dans ce statut ?
Les parents d’élèves n’ont pas toujours la place qu’ils méritent dans le système scolaire, un statut de délégué de parents serait sans doute nécessaire mais pas suffisant. Nous savons bien qu’une partie des parents reste éloignée de cette représentation et bien souvent ce sont ces parents là qu’il faudrait rapprocher de l’institution.
Dans le statut de délégué il faudrait réaffirmer la place des parents vis à vis des enseignants, c’est en clarifiant les rôles et les missions de chacun que l’on pourra maintenir ou installer les liens de respect, de confiance qui sont indispensables à une bonne « co-éducation » des jeunes.

En conclusion :

Quelle pédagogie pour quelle école ? Quelle école pour quelle société ?

Ce que je soutiendrai une fois élu à la députation, s’énonce en 3 principes : Autonomie, Solidarité, Responsabilité qui impliquent 7 priorités :

1° Combattre les inégalités dès la petite enfance :
Il me semble fondamental de réaffirmer l’urgence de combattre les inégalités dès la petite enfance : cela signifie outre la scolarisation généralisée dès 3 ans (+ possibilité de scolariser les enfants de 2 ans suivant les besoins), une réelle prise en compte de la petite enfance avec le développement de toute forme de prise en charge : crèches municipales, associatives … mais aussi aides aux assistantes maternelles (formation, RAMI etc) mais des aides conditionnelles c’est-à-dire soumises à l’instauration de projets éducatifs.

2° Faire sa place à l’école fondamentale
- Cohérence entre école primaire et école secondaire, pour scolariser les enfants de 6 à 16 ans, sans sélection ni orientation, en rupture avec la culture de la performance, du résultat.
- Arrêt de l’interconnexion des fichiers informatiques et des évaluations nationales visant à mettre en concurrence les établissements.
- Instauration d’un baccalauréat, sur 2 ans, à la sortie de l’école fondamentale associant validation d’unités capitalisables, travaux, épreuves transdisciplinaires (idée de parcours personnel, non d’une orientation professionnelle).

3° Pas de jeune de 16 à 25 ans sans solution
- Rendre à l’éducation populaire tout son sens en redéfinissant ses besoins financiers, humains et juridiques.
- Développement d’un service civique
- Reprise d’études au niveau où elles ont été laissées
- Revalorisation de l’apprentissage, réintégration de celui-ci dans le giron de l’Education Nationale

4° Se Former tout au long de sa vie
- Mise en place de structures et de passerelles pour aider à la mobilité professionnelle et à la reconversion : équivalence de diplômes, tronc commun d’enseignement
- Possibilité de congés de formation (16 semestres dans sa vie active avec revenus)
- Validation des acquis de l’expérience.

5° Rendre l’école à ceux qui la vivent
- Responsabilités accrues des enseignants : les programmes scolaires seront redéfinis en termes d’objectifs transdisciplinaires de fin de cycle avec un référentiel de compétences. Ce qui signifie une réaffirmation de la politique des cycles instaurée par Lionel Jospin et remettant l’enfant au centre du système scolaire.
– Créer localement des instances pour définir les projets éducatifs locaux (PEL) et les moyens à allouer
– Refonder des lieux d’écoute, de parole et permettre ainsi aux jeunes d’être associés aux décisions qui les concernent. Un des moyens de faire fonctionner réellement ces dispositifs c’est de confier à ces comités un budget ce qui oblige les acteurs de la communauté éducative à travailler avec les jeunes (par exemple pour financer des voyages, projets, sorties culturelles, … ).

6° Garantir aux enseignants la maîtrise de leur métier
- Fin des suppressions de postes et titularisation des personnels précaires.
- Diversification et réforme des concours de recrutement en les plaçant à l’entrée du master.
- Formation initiale et continue des enseignants de la maternelle à l’université.

7° Pour un véritable service public de l’enseignement supérieur
Afin de lutter contre clivages, inégalités, discriminations territoriale:
– Transformer le système actuel de bourses par la mise en place d’une allocation d’autonomie jeunesse.
- Tendre vers la gratuité du service public de l’enseignement supérieur.
- Développer l’alternance lorsqu’elle apporte une réelle valeur ajoutée aux formations.
- Renforcer la lisibilité des diplômes, les passerelles entre filières et disciplines, en structurant réellement les masters sur 2 ans, en facilitant la validation des acquis et la reprise des études.

Patrice BAU