Portrait sensible – Michèle, quatre « m » pour un grand « F »

Michèle, l’entrée chez Les Verts

Les enfants ont grandi… j’ai intégré les Verts en 2002. Avant je les trouvais trop à droite, (dit-elle en riant). Waechter, le « ni-ni », ce n’était pas pour moi. Quand Les Verts ont quitté l’époque du « ni-ni » et bien viré à gauche, j’ai commencé à m’y intéresser. Ma pratique professionnelle, mes convictions sur la dimension globale du soin de la personne, l’homéopathie… faisaient écho à la vision qu’ils portaient sur l’approche globale de l’environnement, le social, l’économique. Je les ai pas mal observés, et puis un jour je suis rentrée.

Il y a plusieurs tendances chez les Verts. La tendance environnementaliste : centrée essentiellement sur les problèmes environnementaux. Et la tendance sociale, plus globale, pour qui l’environnement est important mais qui voit aussi les faits de société comme faisant partie de l’écologie. C’est dans cette tendance là que je me retrouve, avec Noël Mamère et Cécile Duflot. Pour moi les droits des sans papiers, le droit au logement pour tous, l’accès à la santé, à l’éducation… sont évidemment essentiels.

Au début j’ai milité tranquillement : je participais aux réunions, à des actions ponctuelles, par exemple anti-OGM, aux journées d’été… Quand on devient militant politique, au début il faut se former. Ma première implication un peu plus forte ça a été en 2007. Notre candidat Christophe Madrolle avait fait défaut au dernier moment et était parti au Modem. Il fallait quelqu’un qui accepte de le remplacer au pied-levé, faire une campagne de 15 jours sans moyens… bref c’était un peu risqué et il n’y avait pas foule au portillon. J’ai accepté de prendre la relève… on a fait 3,3 %, c’était le meilleur score départemental, j’étais contente !

Mais j’étais tellement nouvelle et pas professionnelle de la politique que l’on a oublié de déclarer nos minuscules comptes de campagne et j’ai été inéligible pendant 1 an ! Quand on n’est pas politicien de métier, il faut du temps… Aujourd’hui j’ai la chance d’être entourée d’une super équipe et d’avoir de l’expérience, ces fautes de débutants me font sourire…

En 2008 il y a eu les élections municipales : je me suis présentée sur la liste commune avec le PS et j’ai été élue adjointe déléguée à la santé et la jeunesse dans la mairie du 2e secteur. Je participe aux commissions, à la vie de quartier via différents conseils d’administration, et du fait de mes compétences, je représente le maire dans les dossiers Santé – récemment le comité comité d’éducation santé citoyenneté des collèges, les journées Alzheimer, l’ARS. Je regrette juste de ne pas pouvoir faire plus de terrains auprès des acteurs, associatifs en particulier, mais c’est politiquement sensible parce qu’on est sur le terrain du PS, ce sont donc les élus PS qui assument ce rôle-là

En 2011, je me suis présentée aux cantonales au Camas : on a fait 16,3 %. C’est essentiellement dû au travail d’une super équipe et d’un boulot de terrain de fond.

Avec ma candidature aux législatives, j’espère surtout qu’on va pouvoir faire progresser les idées de l’écologie politique sur le terrain… parce qu’on en a bien besoin.

 

Michèle et Europe-Ecologie

Quand j’étais chez les Verts j’appartenais à la tendance RECV (Rassembler les Ecologistes, Changer les Verts) : c’est celle qui a été à l’origine du grand rassemblement Europe Ecologie, avec Michèle Rivasi, Noël Mamère…. Après 2007, on a voulu ouvrir l’écologie politique à la société civile, au-delà du monde politique. Et nous avons pu vérifier aux élections européennes et aux régionales que c’était une bonne intuition et que cela permettait à nos idées d’essaimer.

Nous avons donc porté l’idée d’Europe-Ecologie incarnée par Daniel Cohn-Bendit, qui était chez les Verts allemands, à l’époque. Malheureusement à mon goût, je trouve que les tendances se sont un peu trop recréées : verts et non-verts… Mais heureusement, nous pouvons nous appuyer sur la Coopérative, qui incarne l’ouverture à la société civile. Dans notre groupe de soutien pour les législatives, les coopérateurs sont fondamentaux.

 

 

Michèle, les présidentielles, Eva Joly.

 

Sur les présidentielles, je peux dire que c’est une campagne difficile. Je suis une fervente supportrice d’Eva Joly : c’est une personne d’exception. C’est une belle personne. Elle est différente et elle en paie le prix, dans une société où les gens sont montés les uns contre les autres. Elle est d’origine étrangère, femme et pas jeune… autrement dit, elle a tous les défauts pour notre société actuelle qui prône le jeunisme, l’entre-nous et le blingbling. Mais je suis fière de faire sa campagne. »

 

Nous arrivons au bout de cette après-midi, il faut partir, nous avons une réunion de planification des tractages pour Eva. En repassant près de l’étagère noire, je lui demande quand même « et les éléphants alors ? » « Ah ! les éléphants ! (elle rigole) Tu as vu qu’ils ont tous la trompe relevée …? C’est un symbole de sagesse. C’est important la sagesse. »

Plus tard, en réunion, son téléphone sonne. Nous sommes en train de plancher sur une cartographie des écoles du secteur à quadriller. « Oh, excusez-moi… ce n’est pas un appel, c’est juste un rappel que j’ai programmé… j’en ai pour deux minutes, c’est pour mon grand, faut que je l’appelle pour qu’il éteigne le gaz, sinon, le navarin, il va être cramé ».

 

Michèle, c’est comme Eva, on est fiers de faire sa campagne.

————-

15 avril 2012

Entretien par @ToaniESS