Mercredi 6 juin, avec Karima Delli et Yannick Jadot

Ce mercredi 6 juin, les eurodéputé-e-s Karima Delli et Yannick Jadot sont venus à Brest pour soutenir ma candidature et nous parler de la précarité, du logement et de l’énergie.

 

Leur visite a commencé par une rencontre au port de commerce de Brest avec les marins du RVS Endeavour (amarré au quai n°5 du port de Brest) en grève depuis 15 jours pour de meilleures rémunérations. Cette rencontre, à la demande de l’association Mor Glaz, avait pour but de mettre en lumière les conditions de travail des marins de commerce étrangers et les difficultés qu’ils rencontrent avec leurs employeurs qui refusent d’appliquer les règles de l’Organisation Internationale du Travail.

  

  

 

Avec Yannick Jadot et Pierre Karleskind, nous avons ensuite rencontré des responsables de DCNS avec qui nous avons parlé des énergies marines renouvelables (EMR).

 

La journée s’est poursuivie pour Karima Delli avec une réunion publique à Landerneau avec Gaëlle Rolland-Chapelain.

 

En soirée s’est déroulée à Plouzané la réunion publique sur les thèmes de la précarité, du logement et de l’énergie.

J’ai commencé cette réunion en expliquant les raisons qui m’avaient amenée à l’organiser. Tout d’abord, j’ai tenu à évoquer ces thèmes suite au constat que j’ai pu faire concernant la précarité de certains habitants de la circonscription et les soucis relatifs au logement (accessibilité, prix des loyers, état du parc immobilier, logements vacants…), sans oublier les problèmes de l’énergie sur notre territoire. Ensuite, j’ai souligné le fait que cette réunion s’était faite en lien avec quelques associations locales qui voulaient pour défendre leur point de vue sur le terrain. En effet, quoi de plus normal pour une future élue que de se nourrir des idées, des revendications et de l’expérience des personnes directement concernées.

Sans m’attarder plus longuement, j’ai laissé la parole à Karima Delli.

Elle a commencé par expliquer pourquoi le logement était un sujet qui lui tenait à coeur, a raconté les difficultés qu’elle avait rencontrées pour trouver un logement lorsqu’elle est arrivée à Paris. C’est suite à cela qu’avec des ami-e-s elle a créé le Collectif Jeudi Noir.

Elle a expliqué ensuite qu’en France il y avait des 3,6 millions de mal-logés dont près de 600 000 enfants. Elle a également évoqué les expulsions hivernales qui, à partir du 15 mars de chaque année, effraient des milliers de familles, de bonne foi,  qui rencontrent des difficultés, parfois passagères parfois plus durables, et qui ont peur des huissiers mais surtout des policiers qui viendront les mettre à la rue. Fort heureusement, cette année, du fait de l’élection présidentielle et grâce à Cécile Duflot, nouvelle ministre du logement, cette date a été repoussée au 31 mai. Mais ça ne règle pas le problème.

En pleine campagne de 2007, Nicolas Sarkozy lançait le slogan « tous propriétaires ». Cela a fait rêver beaucoup de Français mais dans les faits, rien n’a changé.

  

La crise du logement peut être réglée en 10 ans avec vraie volonté politique s’articulant sur les trois axes suivants :

1) Construire des logements sociaux BBC : Il faut obliger les maires à appliquer la loi car trop souvent on peut entendre dire « les logements sociaux d’accord mais pas dans ma commune ». Pour cela il faudrait multiplier par cinq le montant des amendes payées par les collectivités pour le non respect de la loi.

2) Encadrer les loyers : Face à l’urgence, Cécile Duflot a signé un décret qui impose que pour toute nouvelle location, le loyer reste identique au précédent. Mais cela ne suffit pas et il faudra que les prochains députés approfondissent la question. Il serait également intéressant de taxer les logements vacants.

3) Rénover environ 500 000 logements par an pour économiser 20% d’énergie : Aujourd’hui, les charges sont devenues trop élevées pour de nombreux foyers modestes et l’état de certains logements posent même des problèmes de santé pour leurs habitants.

Mais pour rénover, il faut rattraper le retard pris par la France dans la formation de la filière du bâtiment qui n’est pas reconnue à sa juste valeur. On a privilégié depuis des années une éducation trop élitiste. Il faut redonner leur place aux métiers manuels en les accompagnant vers de bonnes conditions de travail et tenant compte de la pénibilité.

Il est également important d’organiser la ville, les services et les transports. La France en a les moyens, les matériaux existent sur le territoire, de nombreux emplois non délocalisables pourraient être développés.

Une solution aussi serait de développer les coopératives d’habitants.

Pour conclure, Karima Delli a estimé qu’il était possible de faire de grandes choses pour le logement mais que cela ne pourrait se faire qu’avec des députés désireux de consacrer beaucoup de temps à ce sujet.

 

Dans la seconde partie de la réunion, c’est Yannick Jadot qui est intervenu.

 

Il estime qu’en matière de politique, omniprésente depuis des mois, on n’a pas beaucoup parlé de l’énergie, si ce n’est lors des primaires écologistes et socialistes pour la présidentielle.

Les Français pourraient être lassés de la politique, l’actualité étant morose (plans sociaux, …), comparable à la météo du jour (célèbre grisaille brestoise).  Mais ils ont besoin et envie de repères, ils ne savent plus qui décident (les banques, les chefs d’entreprise, le président, … ?). Il faut des politiques pour redonner des repères aux Français, leur expliquer, leur donner des moyens de répondre à leurs problèmes, redonner le pouvoir aux citoyens.

Depuis 40 ans, un système énergétique a été mis en place sans concerter les consommateurs. On leur a dit : « allez-y, consommez ! » . Aujourd’hui en Bretagne, le chauffage électrique est présent à 65% dans les logements, 90% dans le neuf. Cela n’est pas sans poser des problèmes. Et de citer l’exemple de Landivisiau où les citoyens se sont levés contre la centrale, pas forcément parce qu’ils sont écologistes mais tout simplement parce qu’ils n’ont pas été consultés en amont par les politiques et les opérateurs. Or, quand on entre dans le débat de la production énergétique, de fait les mentalités changent et à coup sûr la consommation diminue. Pourquoi à confort égal les Allemands consomment-ils 25% de moins que les Français ? Parce qu’ils sont sensibilisés à cela et qu’ils se sont donnés les moyens d’une politique volontariste.

En plus d’être dans le débat, dans la transparence, il est important de légiférer pour encadrer les filières, dans le bâtiment (photovoltaïque, isolation) et les énergies marines renouvelables pour lesquelles Brest a un fort potentiel. Et si on développe les activités dans ces domaines, c’est tout le tissu économique local qui en sera gagnant.

Nous n’avons plus d’argent pour construire des centrales nucléaires (plus coûteuses que prévu) ou pour construire des pipelines jusqu’en Russie. Nous avons la responsabilité de protéger nos industries dans le domaine du renouvelable notamment localement. C’est un enjeu pour la prochaine majorité qui devra donner plus de responsabilités aux collectivités locales. Ces élections ne doivent pas seulement donner une majorité à François Hollande, elles doivent aussi créer une majorité qui fera avancer la France en proposant des lois concrètes et non pas faire de la figuration à l’Assemblée ou dans les médias. Les Français ne sont pas fâchés avec LA politique,  ils sont fâchés avec LES politiques. Il faut donc du changement, faire de la politique autrement, en renouvelant les élu-e-s.

 

La fin de la réunion a laissé place aux débats, avec des questions pertinentes auxquelles nous avons répondu sérieusement pour le fond, dans une ambiance plutôt détendue pour la forme.

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