L’écologie, c’est (aussi) pour les défavorisés!

Tout au long de la campagne, vous retrouverez dans cette rubrique des textes de militants et sympathisants. Celui-ci est le premier.

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On croit souvent que l’écologie se limite aux petits gestes et ne concerne pas les politiques publiques. Etre écolo se réduit à se serrer la ceinture, acheter bio et rouler en vélo. Présenté ainsi, il n’est pas étonnant qu’une partie des milieux populaires s’en désintéressent voire s’en irritent. « Quand on a les moyens on peut faire des efforts. Quand on vit dans la misère et la précarité, on n’a pas le temps de penser à ces choses là » entend-on parfois.

Et pourtant il s’agit bien là d’un malentendu. Dans les faits les problématiques écologiques touchent  ceux qui sont déjà les plus fragiles. Et la transition écologique constitue une solution pour les plus défavorisés.

Une écologie bonne pour le pouvoir d’achat

Les écologistes ont des solutions à apporter sur de nombreux sujets. La précarité énergétique par exemple. Selon les critères retenus par l’INSEE elle touche entre 4 et 5 millions de ménages en France. Souvent en cause des logements anciens ou délabrés que les propriétaires n’ont pas les moyens d’isoler. On peut aussi pointer du doigt le rôle du chauffage électrique, imposé sur pression d’EDF dans les HLM afin de rentabiliser la production d’énergie nucléaire, et qui ruine les ménages. Orienter les aides pour réduire la précarité énergétique, c’est créer de nombreux emplois dans le bâtiment et les secteurs associés, augmenter le pouvoir d’achat de chacun et réduire notre dépendance vis à vis des énergies fossiles et nucléaires.

Beaucoup d’économies peuvent également être réalisés dans la consommation des ménages. Les frais d’alimentation peuvent ainsi être réduits en privilégiant les circuits courts de distribution qui redonnent une place à une agriculture paysanne. Il faut réduire quand c’est possible le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur en contournant le rôle de la grande distribution avec ses marges qui ne répercutent les variations de prix que lorsqu’elles sont à la hausse. Dans les supermarchés il faut imposer la transparence en rendant obligatoire l’affichage du prix payé au producteur.

Changer de logiciel

De manière plus générale il faut mettre un stop aux dérives d’une société de consommation et de gaspillage. Première étape interdire l’obsolescence planifiée. C’est à dire le marché du renouvellement des biens dont le fonctionnement consiste à proposer des produits moins robustes et moins durables, avec des pièces détachées qui changent à chaque modèle, pour obliger les gens à les remplacer rapidement.  Une réponse existe : étendre les périodes de garanties légales pour tous les biens durables achetés par les ménages (de 5 à 8 ans suivant le type d’appareils) et obliger les constructeurs à rendre les pièces d’usure facilement remplaçables. Le surplus d’emballage est lui aussi payé par le consommateur.

Nous payons aussi les conséquences de cette société de manière indirecte et moins visible. Les conséquences d’un modèle agricole et d’une distribution qui recourent massivement aux pesticides et aux conservateurs chimiques de tous genres se payent à terme sur la santé et en particulier ceux qui ont le moins accès aux soins. On peut en dire autant de la pollution atmosphérique en ville (40 000 morts indirects par an en France selon l’OMS et beaucoup plus de maladies respiratoires). Il faut cesser d’encourager la possession de voitures dans les zones où elles ne sont pas nécessaires et développer des transports en commun accessibles à tous, en désenclavant les quartiers populaires.

Pour faire face à notre situation économique, il faut développer une autre conception de la richesse: non plus en terme de possession mais d’accès. Avoir accès à la location d’un véhicule quand on en a besoin, développer les « coopératives de logement », les jardins partagés, s’organiser entre voisin pour l’achat et l’utilisation alternée de certains appareils électroménagers. Pour toutes ces raisons il est souhaitable que les approches écologiques pénètrent dans les politiques publiques et dans les consciences de tous les milieux et surtout de ceux à qui elles seraient les plus favorable, les classes populaires.

Mathieu Albouy