A la suite des attentats de Toulouse et Montauban

Les attentats de Toulouse et Montauban ont fait sept morts, dont trois militaires, trois enfants et le père de deux d’entre eux. C’est d’abord pour ces victimes de la barbarie que nous devons nous recueillir, en toute humilité et dignité.

 

Cette violence extrême interpelle notre société tout entière, car c’est notre Justice, dans sa plus stricte impartialité, qui devra sanctionner l’auteur de ces crimes odieux. Mais aussi parce que cette violence nous rappelle que le maintien de la paix est un combat de tous les instants.

 

Ainsi, il serait trop simple de rejeter l’auteur de ce septuple assassinat dans une case confortable, tantôt fou, tantôt malade. Non, cet homme est un barbare, il s’oppose à ce qui fait de nous des hommes civilisés. C’est cette barbarie qu’il nous faut combattre, sans relâche.

 

Tout acte de violence apporte avec lui son lot de réactions passionnées, de tentatives de récupération, d’amalgames, de propos obscènes. Il est en effet plus simple, plus lâche, de rejeter vers une communauté notre responsabilité collective, notre échec de ne pas avoir su cette fois contenir la violence.

 

Il est donc essentiel de dénoncer la fuite en avant de certains, appelant à la guerre, au rétablissement de la peine de mort, ou encore au lynchage des musulmans de France. Il nous faut refuser qu’une quelconque suspicion pèse sur un individu par ce qu’il est plutôt que par ce qu’il fait. Catholique, musulman, juif, blanc, noir, jaune, grand, petit, vieux, jeune, hétéro, homo : aucun de ces qualificatifs ne doit nous permettre de préjuger des actes d’un individu !

 

Ainsi, pas plus que la communauté des protestants luthériens de Norvège n’était responsable de la tuerie d’Utoya perpétrée par Anders Breivik, les musulmans de France ne sauraient être stigmatisés pour un acte que les horrifie comme tout Français. Les fois diverses ne portent pas en elles cette violence, les religions prônent au contraire la paix et la communion. C’est l’intégrisme, le fondamentalisme, l’extrémisme qui, en matière de religion comme d’idéologie politique, amènent quelques individus égarés sur les chemins de la violence, du crime et du terrorisme. Le fanatisme n’a ni nationalité, ni religion, ni couleur de peau.

 

Aussi, le cynisme et l’opportunisme qui pullulent depuis quelques heures dans le monde politique français sont tout simplement abjects. La campagne présidentielle ne justifie pas l’instrumentalisation d’un crime, le lynchage d’une communauté en réaction à la violence d’un terroriste. Nous devons condamner aussi fermement l’auteur des crimes que les vautours de tous bords qui, le sourire en coin, viennent éructer sur la dépouille des victimes pour attiser la haine qui constitue leur seul fonds de commerce.

 

Suivons l’exemple de Fabien Stang, maire d’Oslo qui avait déclaré après les attentats perpétrés par Anders Breivik en juillet dernier : « Nous allons punir le coupable. La punition, ce sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie ».

 

Ne cédons pas aux sirènes du fanatisme, quel qu’il soit. Engageons nous dans la résistance à l’obscurité, en œuvrant quotidiennement pour une société plus apaisée, qui ne conçoive plus la différence comme un danger mais comme une richesse.