L’inacceptable souffrance de l’hôpital public

L’hôpital de Sélestat va licencier 25 personnes. L’intersyndicale appelle à manifester le 16 février. Le soutien de la population est sollicité. Il y aura sans doute beaucoup de monde pour faire acte de solidarité et ce sera tant mieux. Mais je m’interroge : à deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, parmi ces gens qui viendront exprimer leur indignation, combien sauront ou voudront désigner les vrais responsables ? Combien pour clamer leur hostilité à une politique nationale de restrictions prônée par les ultralibéraux dont le plus haut serviteur actuel  s’appelle Nicolas Sarkozy et exerce le confortable métier de président ?

Lorsqu’un hôpital défaille, vers qui  les familles en désarroi se tournent-elles ? Presque jamais vers ceux qui, au plus haut niveau de l’Etat, ont provoqué la pénurie, ont orchestré la pagaille, on fait de l’austérité budgétaire une solution injuste.

Il manque 1,7 million d’euros à l’hôpital de Sélestat ? Cette somme pourrait être mise en parallèle avec ce que coûte à l’assurance maladie la surconsommation médicamenteuse. Il me revient en mémoire le scandale du « médiator », qui a défrayé la chronique récemment, mais qu’il faut ajouter à bien d’autres dangereuses gabegies (se souvenir de la « pandémie » de grippe H1N1), en le replaçant clairement dans le contexte d’un lobbying effréné, si ce n’est pas aussi et de surcroît dans celui d’un copinage éhonté.

La mise en place par le pouvoir actuel de la tarification à l’activité fragilise l’hôpital public, au profit de l’actionnariat des cliniques privées. Celles-ci se détournent des prises en charges non rentables : 88% des urgences sont assurées par le public, de même que 89% de la réanimation.

Avec la prévention, qu’il faudrait renforcer considérablement, l’hôpital public doit rester un des piliers majeurs de notre système de santé.

Les remèdes administrés à Sélestat, comme dans bien d’autres hôpitaux de France, s’inscrivent dans une logique négative ne garantissant plus l’accès à des soins de qualité pour les plus démunis.

Les militants d’Europe Ecologie – Les Verts, en accord avec leurs partenaires du Parti Socialiste, refusent que soit présentée comme une fatalité la dégradation actuelle du système hospitalier français (naguère parmi les meilleurs du monde).

Toute nouvelle réduction d’effectif ne peut qu’être condamnée avec fermeté.

Avec beaucoup d’autres, et pas seulement parce que je représenterai la gauche de gouvernement aux prochaines élections législatives, je me déclare solidaire des personnels en lutte pour la préservation de l’emploi et pour le maintien des soins à leur plus haut niveau d’exigence.

Sauf maladie ou accident (qui pourrait me contraindre à vivre l’hôpital parmi les patients et donc auprès des soignants !), je viendrai soutenir la très méritoire lutte des personnels ayant choisi de s’indigner.

Soyons nombreux le 16 février à 14 h, devant l’hôpital de Sélestat !