L’imposture de la « TVA sociale »

L’idée de qualifier de « sociale » une TVA qui, par essence, est probablement l’impôt le plus injuste, celui qui se moque le plus de la notion d’égalité, cette idée obscène, récemment remise au goût du jour par Sarkozy, relève simplement de l’oxymore. Elle n’a rien à voir avec le souci altruiste d’améliorer la vie des gens ordinaires. Elle ne fait saliver que les profiteurs absolus, ceux qui, vautrés dans leur abondance et par ennui profond de vivre, vont jusqu’à ambitionner le degré supérieur de la suprême surabondance.

Oui, il faut élargir le financement de la protection sociale. Oui ce financement ne doit pas seulement peser sur le travail. Oui le chômage est un scandale et stopper la désindustrialisation de la France doit être un objectif majeur pour tous ceux que préoccupe sincèrement la paupérisation entraînée par la débâcle de l’emploi. Augmenter la CSG et la rendre progressive, voilà une piste à étudier, puisque cela permet une plus juste contribution des revenus du capital.

Une chose me paraît certaine : cette fichue « TVA sociale » ne peut pas, ne doit pas être la réponse.

D’abord parce qu’il s’agit, une fois de plus, d’un énorme cadeau que les masses populaires vont consentir malgré elles au patronat. Car la contrepartie de cette incroyable TVA, cyniquement dite sociale, c’est un nouvel allègement des charges pour les entreprises qui, grâce à ce beau geste, deviendraient soudain plus aptes à contenir la hausse des prix et donc à favoriser le pouvoir d’achat des ménages !

Le MEDEF, qui peut se dispenser d’utiliser la langue de bois, annonce déjà son intention d’en profiter pour gonfler les marges de ses entreprises et ainsi les renforcer face à la perspective de lendemains moins favorables. Ce sont donc les lendemains des travailleurs les plus modestes, ceux des retraités les plus fragiles ou ceux des bénéficiaires de l’aide sociale qui, d’angoissants qu’ils étaient jusque là, vont devenir carrément désespérants !

L’augmentation appelée « TVA sociale » (qui s’ajoute à la hausse du taux réduit, 7% au lieu de 5,5%) va rapporter environ 1,8 milliard d’euros à l’Etat. C’est à peu près l’équivalent de ce qui serait resté dans les caisses de l’Etat si l’Impôt Sur la Fortune (ISF) n’avait pas été allégé, au profit des plus riches.

Sarkozy ne doit pas rester le président des riches. La France compte désormais plus de 65 millions d’habitants. D’après l’INSEE, 13% de cette population vit en-dessous du seuil de pauvreté, soit aux alentours de 8 millions de personnes ! L’énorme chance du président sortant, c’est qu’une faible partie seulement de ces pauvres prennent le chemin des isoloirs. Et quand ils se décident à y aller quand même, c’est souvent pour glisser dans l’urne un bulletin tristement contraire à leurs intérêts.

Non, décidément, l’idée d’un Sarkozy réélu par les pauvres et pour les riches n’est plus du tout soutenable. Je la vomis, quant à moi. Et vous ?…

Quand je suis d’humeur maussade, je m’abandonne parfois au songe rageur de faire exploser les machines à abrutir les masses. Genre TF1, M6 ou tant d’autres petites chaînes merdoyantes et crétinisantes que le câble collectionne avec gourmandise.