Eva Joly termine en beauté

Hier mercredi, la candidate EELV a donné son dernier meeting au Cirque d’Hiver à Paris. Devant une salle remplie à ras bord (2 000 personnes), Eva Joly a laissé parler son cœur devant un public qui veut continuer d’y croire.
« On va y croire jusqu’au bout », lâche le poing serré Nadia, jeune étudiante parisienne venue soutenir sa championne. « Elle n’a pas été épargnée dans cette campagne, on l’a raillée à cause de son accent, sans jamais discuter de son programme », souligne-t-elle dépitée.

Pour ce dernier meeting de campagne, le cirque d’hiver affiche complet. Un public disparate tape dans les mains et agite les drapeaux. La température monte de quelques degrés dans l’attente de leur candidate.

« Ce soir, on vient mettre l’ambiance, motiver les gens », annonce avec un grand sourire Samuel, militant de la première heure. Déçu qu’ « on soit en deçà des résultats espérés il y a un an », il a son petit avis sur ce déficit de notoriété. « On a trop subi la campagne. C’est dur pour les petits partis, l’espace a été capté par Mélenchon, notre discours complexe qui ne consiste pas à ne taper que sur les riches a eu du mal à passer », explique-t-il.

Alexandre assis quelques rangs plus loin apprécie le discours clair de la candidate. Optimiste malgré les sondages qui créditent Eva Joly de 2%, il espère atteindre la fameuse barre des « 5% » mais reconnaît que ce sera « difficile ».

Un peu plus loin, Félix fait partie de ces indécis : « Je ne sais pas si je voterai Hollande ou Joly ». Pour la première fois, il s’est déplacé pour suivre un meeting. S’il regrette que la campagne « ait eu du mal à s’emballer », il confie son admiration pour la candidate EELV et pour son « combat contre la corruption ». Comme beaucoup de personnes présentes ce soir, il regrette que « Nicolas Hulot n’ait pas pris position » en faveur de Joly.

Après une vidéo d’introduction, les grands noms d’EELV apparaissent sur l’estrade les uns après les autres sous les applaudissements. Puis Eva Joly surgit sous les acclamations d’un public debout. « Eva, Eva », clament les 2 000 personnes devant une Joly visiblement émue par l’accueil réservé. « Votez pour moi car je veux modifier profondément la République, je veux créer une République exemplaire », lance-t-elle devant une foule aux anges.

 

« Il est évident que Sarkozy a perdu cette élection »

« Je ne vous demande pas où vous étiez hier, je vous demande d’aller voter avec beaucoup de gens pour Éva Joly dimanche », déclare Daniel Cohn-Bendit. « Il est évident que Nicolas Sarkozy a perdu cette élection », assure-t-il sous les ovations d’un public en transe.

Beau joueur, il salue la performance de Hollande qui a su « offrir une alternative crédible dans un pays majoritairement à droite ». Conscient qu’il faudra faire partie intégrante de « la nouvelle majorité », Dany le rouge réclame un référendum sur le nucléaire et appelle à « voter Éva pour faire un pari sur un autre monde ».

« La surprise le 22 avril, ça sera peut-être Eva Joly. Bougez-vous, faites changer les choses », déclare Cécile Duflot.

Eva Joly les rejoint sur scène sous les acclamations puis le trio s’éclipse pour aller discuter avec les militants qui suivent le meeting dans la salle attenante.

 

« Nous les immigrés »

« La bataille fut rude pour nos idées. La campagne fut rude pour ma personne », lance Eva Joly pour commencer. « On t’aime » hurle un sympathisant suivi d’une salve d’applaudissements qui arrache quelques larmes à la candidate. « Je ne suis pas une oratrice, je m’en excuse. Si je m’adresse davantage au cortex qu’aux tripes, c’est que le monde est complexe », s’excuse-t-elle.

Ce soir, elle veut parler au nom des « métèques venus des quatre coins du monde pour faire la France ». Elle s’attaque à la représentante « du parti de la haine » et lance en forme de défi à l’égard du FN : « Nous les immigrés qui nous sommes cassé le dos sur les chantiers, nous les polaks, les ritals, les youpis, les nègres, les bougnoules, nous les norvégiennes ménopausées, nous sommes la France ».

Puis elle embraye sur une nouvelle attaque en règle du système Sarkozy. « Le sarkozysme n’aura été qu’un abus de pouvoir basé sur un abus de faiblesse ».

Enfin, elle lance un appel aux indécis : « Votez pour la planète, votez pour l’écologie, votez pour Eva Joly ». Acclamée par une salle en liesse, la candidate EELV a réussi ce soir à fendre cette armure qui l’empêchait de décoller dans les sondages. À quatre jours de l’élection, c’est sans doute un peu tard.

« On va y croire jusqu’au 22 avril, 20 h ; il faut que les gens votent par conviction », espère N’Cho Boniface.

Jonathan Ardines