Une agriculture pour un futur soutenable – Réponse à la Chambre d’Agriculture

La biodiversité constitue le tissu vivant de la planète avec deux dimensions indissociables: la richesse des formes du vivant, la complexité et l’organisation des interactions entre toutes les espèces ainsi qu’entre ces espèces et leurs milieux naturels.

Or nous avons un problème avec le déclin des ressources naturelles, en France comme en Europe: appauvrissement des sols, disparition de la vie sauvage, amoindrissement de la biodiversité. Un exemple: 50 à 75% des nappes et rivières sont fortement dégradées, 27% de ces eaux sont déqualifiées à jamais.

C’est pour cela que les agriculteurs ont toute leur place: ils doivent permettre le maintien d’une agriculture de qualité, pour la protection des sols, de l’eau et de l’environnement rural.

Or le budget 2011 prévoyait une réduction de moitié du montant du crédit d’impôt dont pouvaient bénéficier les agriculteurs convertis en agriculture biologique.

Le projet Vivre Mieux que nous portons propose une action forte en faveur de la biodiversité agricole avec entre autres:

- la mise à l’écart des produits phytosanitaires, l’instauration de critères de sélection et de production de semences fondées sur l’adaptation aux écosystèmes locaux, le soutien aux semences paysannes, le soutien à l’élevage herbager s’appuyant sur une refonte des schémas de sélection et des actions d’appui aux races locales.

- une fiscalité favorable à la biodiversité: bio-conditionnalité de toutes les aides publiques, intégration de critères environnementaux dans le calcul d’une partie de la DGF pour les collectivités disposant d’espaces naturels,

- la réforme des établissements publics (ONCFS, ONEMA, Agences de l’eau, ONF…): composition pluraliste de leurs conseils d’administration (représentants des collectivités, des personnels et des usagers…)

- instauration d’une police et d’une justice spécialisées dans les délits environnementaux.

Si la sauvegarde de la biodiversité doit mobiliser l’ensemble des agriculteurs, l’agriculture elle-même doit revenir à ce qu’elle est fondamentalement: l’activité noble qui consiste à nourrir l’humanité afin que les peuples puissent accéder à la souveraineté alimentaire.  C’est pour ces raisons que nous proposons de rétablir une alimentation saine, de mettre le métier d’agriculteur au service de la protection de la nature avec des productions de qualité et de revivifier les territoires ruraux.

Le modèle actuel profite essentiellement aux géants de l’agrochimie et de l’agroalimentaire et pas du tout aux consommateurs. Il est coûteux pour le contribuable en termes d’aides publiques agricoles et de coûts de réparation sanitaires et environnementaux.

Nous devons passer à un modèle conçu avec les agriculteurs par et pour les consommateurs européens et non plus pour l’exportation sur des marchés mondiaux artificiels et relevant de la spéculation financière.

Au niveau international, il faut reconstruire l’accord sur l’agriculture de l’OMC sur le droit inaliénable des peuples à produire leur propre alimentation (souveraineté alimentaire) par une protection efficace à l’importation.

Au niveau européen, nous défendrons une PAC écologique et cohérente avec les enjeux climatiques favorisant l’emploi et la production de biens communs. Nous défendrons la réévaluation de l’aide aux petites fermes ainsi qu’un niveau d’aide convergent pour les pays de l’UE d’ici 2020.  La France renoncera à l’aide historique à l’hectare, inégalitaire, pour adopter des aides «contracycliques», réduites quand les prix sont élevés et relevées quand ils sont bas. Elle renoncera également à autoriser la culture de tout OGM et apparentés sur le sol européen (hors recherche médicale confinée).

 

Au niveau français, nous porterons une loi d’orientation agricole instaurant un nouveau pacte entre agriculture et société. Le gouvernement garantira le pluralisme syndical et l’ouverture à la société civile dans les inter-professions et redéfinira la gouvernance de l’ensemble des institutions agricoles dans ce sens: enseignement, recherche, ministères, chambres, syndicats, SAFER, CDOA etc.

Plus précisément:

-       Une réforme des aides publiques fléchées vers l’emploi, l’environnement, l’autonomie des systèmes, la qualité, l’élevage extensif, la diminution de l’élevage industriel.

-       Le soutien à l’installation agricole par des plans locaux incitant au remplacement d’un départ par l’installation d’un nouvel agriculteur et par des prêts sans intérêts pour le projets créateurs d’emplois.

-       une réforme de la gestion foncière: création de schémas de cohérence agricole et alimentaire régionaux organisant les relations entre les zones urbaines et l’agriculture locale. La consommation de terres agricoles sera limitée, la diversification des productions et les circuits cours seront organisés.

-       Le soutien à l’agriculture biologique avec l’incitation des collectivités à atteindre 20% de leur surface en AB par acquisition foncière publique ou associative, baux environnementaux ou «gel» des surfaces déjà en bio. Les acquisitions foncières seront notamment financées par une taxe renforcée sur l’urbanisation des terres agricoles.

-       La mise en place d’un plan protéines afin d’atteindre l’autonomie d’ici 2020, incluant des cultures de légumineuses dans les rotations comme conditions d’aides directes communautaires.

-       L’incitation à l’usage d’aliment produits en AB dans la restauration scolaire via des partenariats avec les producteurs locaux.

-       Une fiscalité encourageant l’agroécologie et appliquant le principe de pollueur-payeurs: taxe sur les nitrates, redevances fortes sur les pesticides et sur l’irrigation, TVA favorable aux produits écologiques et défavorables aux polluants, TVA réduite sur les produits alimentaires bio.

-      L’abrogation des aides aux agro-carburants et l’arrêt de leur importation.

 

Nous orienterons massivement la recherche agronomique, l’enseignement et le développement vers l’agroécologie en termes d’organisation et de contenu par une recherche participative valorisant les savoirs.

 

Le résumé des orientations de la chambre rejoint nombre de nos propositions. Pour autant, l’approche «compétitive» de l’agriculture sur les marchés extérieurs tels qu’ils existent pour répondre aux besoins des mêmes marchés invalident vos positions suivantes, qui plus est les rendent incohérentes.

Nous connaissons par ailleurs, le prix lourd que payent les agriculteurs en terme de santé suite à l’usage professionnel des produits phytosanitaires et autres pesticides depuis plus de 60 ans.

Nous connaissons aussi le taux de suicides dans le milieu agricole. C’est une aberration sur tous les plans dans un pays comme le nôtre riche de sa diversité agricole.

 

Candidate sur un territoire à la fois rural et urbain, je mesure pleinement les enjeux de l’agriculture pour le bien-être de toutes et tous, et des professionnels qui y contribuent.