Lettre de campagne n°10 : vivre mieux en Bauges

Samedi 2 juin, je suis allée à la rencontre d’acteurs de la vie locale dans les Bauges. Merci aux personnes qui ont pris le temps d’échanger avec moi : Andrée-Lise Posière au nom de sa fille agricultrice, Guy Rochon et Marc Posière forestiers à l’Office National des Forêts, Pierre Sejalon, directeur de VLP Bauges et Albert Darvey, conseiller général du canton de Lescheraines.

Visite d’une ferme d’élevage caprin bio à Saint-François de Sales : une agriculture à taille raisonnable doit pouvoir être viable

C’est une jeune agricultrice récemment installée dans cette ferme à Saint-François. Le bâtiment est en grande partie auto-construit afin de réduire les coûts et faire un bâtiment écologique (paille/bois cordé/pisé). Le toit du bâtiment sert de support à de la production électrique solaire et thermique.

Sa production laitière caprine est valorisée par des fromages en vente directe et sous la forme de circuits courts (coopérative de Lescheraines, magasins bio et épiceries dans les Bauges). Cette agriculture biologique se doit de respecter un cahier des charges strict. Cette agricultrice ne s’en plaint pas. Elle regrette, en revanche, que l’agriculture conventionnelle puisse utiliser des intrants chimiques non bio-dégradables sans contrôle ni cahier des charges, y compris pour la propre santé de l’agriculteur.

Pour cette jeune femme, une agriculture de qualité en zone de montagne est possible mais doit passer par une aide globale forfaitaire à l’unité d’exploitation familiale plus importante saluant l’intérêt du maintien d’une population agricole nécessaire en région de montagne. A l’opposé, une aide uniquement à l’hectare pénalise les unités d’exploitation les plus petites alors que ces dernières participent au  maintien d’un peuplement permanent. En effet, l’avenir des Bauges ne peut pas reposer que sur des résidences secondaires ou de ruraux travaillant en ville. Ces » rurbains » ont besoin des agriculteurs et des éleveurs qui entretiennent la nature et qui font tourner les services locaux, commerces et artisans.

Rencontre avec deux forestiers de l’ONF : pour une sylviculture plus respectueuse du patrimoine forestier

La sylviculture est une des composantes majeures de l’économie du massif des Bauges. Depuis quelques années, ces deux forestiers constatent une gestion des forêts soumise à la concurrence internationale qui met en danger le potentiel d’une forêt qui ne se renouvelle que très lentement ; la saison végétative est courte en montagne. Qu’elle soit domaniale ou privée,  la forêt tend à être sur-exploitée pour augmenter le niveau de récoltes afin d’alimenter la filière bois. Comme le souhaite le Président du Conseil d’Administration de l’ONF Hervé Gaymard, cette volonté de rentabilité poussée à l’extrême provoque un mal-être profond chez les forestiers. Ces objectifs de sylviculture intensive pourraient menacer l’avenir de notre ressource forestière en Bauges comme partout en France. Protéger la biodiversité forestière et, en parallèle, dynamiser la filière bois demandent des règles d’exploitation beaucoup plus précises que celles en vigueur actuellement. A terme, on peut s’interroger sur les conséquences des changements climatiques sur la forêt française. Elle est soumise à une pollution de l’air plus importante, des variations de températures plus brutales et des sécheresses à répétition. Pourra-t-elle y résister à terme ?

Echange autour des difficultés du tourisme à vocation sociale : pour un tourisme accessible à tous

L’association de tourisme social VLP Bauges gère 3 centres de vacances soutenus par les collectivités locales. Cette structure, créée dans les années 80, participe au développement du tourisme dans les Bauges. Elle a permis la création et le maintien de 20 emplois équivalents temps plein. Elle fait vivre le commerce et l’artisanat locaux. Elle est aujourd’hui confrontée, comme tous les établissements accueillant du public, à un respect des normes de plus en plus strictes et à une concurrence commerciale très dure à vivre pour ces petites structures. L’association doit faire face en plus à des frais fixes considérables incompressibles tels l’eau, le chauffage électrique (au coût très onéreux en hiver dans cette région de montagne) et les salaires. Durant les mois creux de l’automne la trésorerie est très limite pour faire face à ces charges.

Depuis de nombreuses années, l’Etat se désengage de ce secteur d’activité pourtant nécessaire pour ceux qui peinent à pouvoir partir en vacances faute de moyens financiers. Les collectivités locales des Bauges appelées à la rescousse ne sont pas en capacité de soutenir seules cette activité. Les agglomérations situées en portes du Massif des Bauges, Chambéry, Aix les Bains et Annecy, sont elles aussi sollicitées mais aider des structures telles que VLP ne rentre pas dans leur compétences. VLP se tourne aussi vers le département de la Savoie et vers le Conseil Régional de Rhône-Alpes ; Albert Darvey peut en attester mais cela ne suffit pas à assurer l’équilibre des comptes de ces trois centres.

Après ces trois rencontres je retiens que les Bauges disposent de richesses économiques en matières agricoles, sylvicoles, touristiques et environnementales. Cette région de moyenne montagne est le « poumon vert » des 3 grandes agglomérations situées en piémont du massif. Si le potentiel est réel les difficultés économiques les sont tout autant.

Comme députée de la Savoie je veillerai, en lien avec les acteurs de terrains à promouvoir des projets innovants et cohérents sur les plans économiques, sociaux et environnementaux  :

  • pour  de petites et moyennes exploitations agricoles de qualité en région de montagne, viables et dans le respect de l’environnement,
  • pour une exploitation raisonnée des forêts du massif dans le souci de transmettre ce patrimoine aux générations futures,
  • pour un tourisme qui doit pouvoir encore être social, mutualiste ou associatif alors que tout, dans notre société actuelle, pousse à la rentabilité et à l’hyper concurrence.
  • L’Etat ne peut pas continuer à se désengager et à tout faire reposer sur les collectivités territoriales. Il doit à nouveau faire jouer la solidarité nationale.

 Carole Plassiard-Brunet, candidate pour Europe Ecologie les Verts sur la 4ème circonscription de la Savoie avec Gérard Blanc suppléant