Se loger sans se ruiner, c’est un droit !

Avoir un toit sur la tête coûte cher. De plus en plus. Les Parisiens le savent. Ils sont désormais souvent obligés de rogner sur leurs achats, voire sur leurs vacances, pour payer leurs loyers ou leurs charges. Principales victimes de cette situation ? Les jeunes et les plus pauvres qui ne trouvent plus à se loger, notamment dans le coeur des villes, et qui sont rejetés à la périphérie.

Partout en France, les expulsions locatives se multiplient (10 000 par an, soit deux fois plus qu’il y a dix ans). Le nombre de sans abri ne cesse d’augmenter. On voit maintenant des familles entières dormir dans la rue. Les « mal logés » sont estimés à 3,6 millions de personnes dans notre pays. Les locataires et les accédants modestes à la propriété sont accablés par le coût des loyers et des charges.
Il y a une trentaine d’années les Français consacraient en moyenne 20% de leurs revenus à se loger. Aujourd’hui, ils en consacrent plus du tiers (33%). En 10 ans, alors que le coût de la vie a augmenté de 20%, le prix des loyers s’est accru, lui, de 50% et les prix de l’immobilier (à l’achat)
de 107% !

La rente immobilière privilégiée
L’accès à la propriété pour les ménages à salaires moyens est devenu quasi-impossible. A Paris, à une famille qui dispose d’un revenu inférieur à 7 000 euros par mois ne peut plus acheter. Et si elle souhaite louer, il lui faut fournir une avance de trois mois de loyer ! Ce n’est pas une fatalité.
Le logement pas cher n’est pas une utopie. Il relève d’un choix politique. La rente foncière et immobilière des gros propriétaires a été trop longtemps privilégiée. Cette situation est issue d’un choix de société, d’une philosophie politique qui met les gens au service de l’économie. Et non l’inverse.

Désengagement de l’Etat
Récemment, la situation s’est encore aggravée. L’Etat vient de baisser les aides à la pierre destinées aux collectivités locales. Pour leur part, les élus de gauche et écologistes à Paris se sont engagés à ce que notre ville rattrape son retard en votant la création de 6000 logements sociaux par an, de façon à ce que Paris, en accord avec la loi SRU, compte 20% de logements sociaux en 2014.
Un objectif qui devrait être atteint malgré les désengagements de l’Etat. A l’initiative des écologistes, l’obligation de créer 20% à 25% de logements sociaux dans tout programme neuf de plus de plus de 2000 m2 a été décidé. Il faut savoir que près de 70% des Parisiens sont éligibles au logement social.

Contrer le logement cher
L’Etat devrait mobiliser la totalité des encours du livret A (détournés vers les banques) au profit de la création de logements sociaux. Ainsi, un programme de création de 500 000 logements dont 160 000 sociaux (aux normes basse consommation énergétique) pourrait être engagé. Pour les écologistes, il faut aussi retirer aux communes qui ne s’engagement pas à créer 20% de logement sociaux leur compétence en matière d’attribution de permis de construire.

Taxer les logements vacants
Mais créer du logement social n’est pas suffisant. Contre le logement cher, il faut une loi pour bloquer les prix des loyers, notamment à la relocation. La taxation des plus-values à la vente doit être renforcée et les mesures de défiscalisation de l’investissement locatif supprimées. Interdire les ventes à la découpe est aussi indispensable, trop de familles locataires sont mises à la porte de chez elles à cause des fonds de pensions qui rachètent des immeubles entiers. Il faut aussi mobiliser les logements vacants en réquisitionnant les immeubles non occupés et en augmentant la taxe sur les logements non loués depuis plus d’un an.

Ces mesures devront s’accompagner d’une réforme en profondeur pour modifier les dispositifs types « Scellier » ou « Robien » particulièrement injustes car profitant aux contribuables les plus aisés et sans contrepartie sociale en terme de loyers pratiqués. Pour faire face à l’urgence, les écologistes souhaitent aussi l’arrêt immédiat des expulsions sans relogement, l’obligation de l’accueil de toute personne à la rue et l’application immédiate de la loi de réquisition. La loi Dalo, quant à elle, qui fait obligation à l’Etat de reloger, n’est pas appliquée dans 60% des cas. L’Etat préfère payer des amendes que respecter sa propre loi ! Loger dignement à un coût raisonnable l’ensemble des ménages devrait être l’horizon indépassable de toute politique de logement progressiste. Les écolos s’y emploient !