Logement : où est le scandale ?

Place des Vosges, au cœur de Paris, les membres du collectif Jeudi Noir occupaient un bâtiment vide depuis….1966 ! Ils en ont été expulsés le 23 octobre. L’avocat de la propriétaire a dénoncé « une atteinte scandaleuse au droit de propriété ». Un scandale, vraiment ?

Alors que le coût du logement à Paris a atteint des montants insupportables, deux notions s’affrontent dans cette affaire : le droit de propriété et le droit au logement.

Or il est manifeste qu’un immeuble de 1500 m2 laissé inoccupé depuis 44 ans (!) ne fait pas particulièrement défaut à son propriétaire. Il faut une singulière mauvaise foi pour prétendre que le droit de propriété est mis en cause lorsqu’un bien est laissé à l’abandon par son propriétaire pendant si longtemps. La loi a prévu qu’en une telle circonstance, le bien puisse être réquisitionné. Place des Vosges, la loi de réquisition aurait du être appliquée depuis bien longtemps.

C’est là que réside le scandale : dans cette inertie totale du Préfet à faire appliquer la loi pour améliorer le logement des parisiens. Dans son refus de réquisitionner des immeubles laissés vides uniquement à but spéculatif. Le droit de propriété s’ applique sans discernement, le droit au logement sans volonté !

Paris compte d’après l’INSEE environ 100 000 logements vacants. Ce n’est pas tolérable lorsqu’on manque de logements et que les loyers flambent.

Il faut agir et l’adoption prochaine d’un nouveau Plan pour le Logement et l’Habitat par le Conseil de Paris est l’occasion de prendre des mesures fortes pour empêcher les hausses de loyer abusives, doubler la taxe sur les logements vacants et appliquer la loi de réquisition.

Avec les autres élus parisiens d’Europe Ecologie, je déposerai des propositions en ce sens. Le Préfet doit savoir que nous refusons de laisser sans réagir notre ville entrainée dans la spéculation immobilière au détriment de ses habitants.