Pour une relocalisation écologique de l’économie !

Depuis plusieurs décennies, les décideurs politiques et économiques « oublient » de se poser les bonnes questions : « Qu’est-ce qu’on produit ? Comment on le produit ? Pourquoi on le produit ? ». Il n’y a presque plus de production de biens de consommation courante en France, la grande majorité de l’alimentation bio doit être importée, l’industrie textile est anémique, les dernière usines d’électroménager ferment, le mobilier vient majoritairement de Chine, et les rares chaussures fabriquées en France sont souvent hors de prix pour la plupart des Français.

En près de 20 ans, la France a perdu un million d’emploi. Ce sinistre bilan s’est aggravé du fait de la crise économique et financière et des politiques néo-libérales entreprises sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, puisque depuis 5 ans ce sont près de 1000 emplois qui sont détruits chaque jour.

 

L’illusoire régulation néo-libérale

 

Le cœur du problème est que cette destruction systématique d’emplois est due au fait que nous ne produisons plus ce que nous consommons. Le système néo-libéral a voulu faire croire que les échanges mondiaux s’équilibreraient dans une spécialisation internationale du travail parfaitement rationnelle. Un choix politique a été fait, de ne pas s’embarrasser de l’industrie – et de ses ouvriers trop syndiqués – alors qu’on pouvait faire produire notre surconsommation à bas coût à l’autre bout du monde, sans considération des conditions de travail qui y sont pratiquées. La France allait être spécialiste des services, un pays de « cols blancs » et d’industries « de pointe »… qualificatif douteux en ce qui concerne les centrales nucléaires, le concorde, les rafales, les pesticides… et le minitel.

Dans le secteur agricole, la France perpétue un modèle développé après la guerre. Nous sommes le premier pays consommateur de pesticides et produits phytosanitaires au monde, sans que ceci assure une alimentation de qualité pour tous. Les secteurs secondaires et tertiaires sont frappés du même mal. Les investissements industriels ont diminué de 10% en France seulement entre 2008 et 2010.

 

Les enjeux de la relocalisation de l’économie

 

Les écologistes proposent aujourd’hui de repenser entièrement le fonctionnement de notre système économique. La solution que nous proposons porte un nom : la relocalisation de l’économie. Elle doit répondre à terme à deux grands objectifs : création massive d’emplois dans notre pays et la lutte contre les effets néfastes de la mondialisation sur l’environnement (notamment en réduisant les émissions de carbone dues au transport des marchandises).

L’enjeu est multiple pour le tissu économique français :

• Assurer une ligne de production complète, de la matière première à la fin de vie de l’objet produit, et ce, localement.

• Développer l’innovation qui permettra de s’adapter au nouveau contexte énergétique et à la raréfaction des matières premières.

• S’assurer que les produits vendus en France respectent les mêmes normes sociales et environnementales que la France et l’Union européenne.

 

Pour les écologistes, l’enjeu est encore plus large, car il s’agit de penser à la société dans sa globalité :

• Réduire le chômage : en développant de nouveaux métiers, en favorisant l’innovation, et accompagnant la formation et la reconversion des salariés.

• Favoriser l’émergence de nouvelles technologies que ce soit dans la production énergétique renouvelable comme dans les modes de production peu énergivores (par exemple dans l’agriculture) et plus riches en emploi qu’en capital, mais aussi dans les nouveaux matériaux (par exemple pour l’isolation des bâtiments) et les nouveaux produits correspondant à de nouveaux modes de consommations (produits de consommation courante, produits en circuit-court et durables) ; enfin dans le développement de nouveaux secteurs de production, comme le recyclage, la revalorisation des déchets et la réparation.

• Améliorer le quotidien de nos concitoyens : notamment leurs conditions de travail, en rapprochant les lieux de vie et de travail, en développant des modes de gouvernance plus équitables et adaptés à de petites unités de production (aujourd’hui il n’y a pas de représentation syndicale pour les entreprises de moins de 10 salariés). Mais aussi en donnant du sens aux métiers occupés, par le développement d’activités socialement et environnementalement responsables.

• Assurer l’égalité territoriale entre les régions : en termes de logements, d’accès aux services publics (éducation, santé, transport…), mais aussi en travaillant au maillage des différents types d’activité sur l’ensemble du territoire. Il doit être possible au 21ème siècle de travailler dans la zone où l’on vit, et non à des dizaines de kilomètres de chez soi.

 

Restaurer la puissance publique

 

C’est aux pouvoirs publics d’inciter à relocaliser.

Il est en effet possible de jouer sur plusieurs leviers pour donner jour à une nouvelle industrie écologique :

• Il faut tout d’abord faire évoluer les marchés publics en favorisant les circuits courts, réserver une part des marchés aux PME innovantes sur le plan environnemental et prendre en compte le coût carbone des projets présentés dans les réponses à appel d’offre public. Les PME ont donc un rôle bien plus important que les grandes entreprises à jouer dans la relocalisation de l’économie, car elles sont enracinées dans un contexte local.

• Pour être au plus près des PME et des enjeux locaux, la relocalisation passe par une décentralisation du pouvoir. Nous croyons fermement au modèle d’une économie territorialisée, adaptée aux habitants de ces territoires et à leurs besoins, aux ressources locales, fournissant la formation et les emplois idoines. En effet, il ne s’agit pas de tomber dans un dirigisme planificateur peu démocratique et peu efficace. Nous croyons en l’accompagnement des élus locaux à la conversion écologique de l’économie, auprès des entreprises, associations, salariés et habitants par la concertation et la mise en œuvre progressive.

• La relocalisation n’est pas synonyme de repli sur soi. Néanmoins il faudra s’assurer que les produits de provenance extra-européenne respectent les mêmes normes sociales et environnementales que la France et l’Union Européenne et mettre en place des restrictions dans les cas contraires.

• La fiscalité est un outil important pour orienter l’investissement. Il faut donc mettre en place une fiscalité favorisant les entreprises locales et respectueuses de l’environnement, produisant pour la population locale, et créant des emplois locaux. Il s’agit de taxer les transports de marchandises, d’instaurer une contribution climat-carbone, et de mettre en place des subventions (à délai pré-fixé) aux entreprises s’installant dans des zones de peu d’activités et d’emplois.