Le défenseur des productions agricoles locales

Christian MoyersoenSa dernière victoire, Christian Moyersoen la savoure avec gourmandise. A 61 ans, cet éleveur caprin qui revendique la double casquette de « paysan » et de « chef d’entreprise » – il est également affineur de fromages – est à l’origine de la mobilisation qui a conduit, tout récemment, à l’interdiction de la culture des OGM sur le territoire du Parc des Monts d’Ardèche. « Une première en France ! Nous avons réussi à inscrire cette interdiction dans la charte du Parc avec le soutien à l’unanimité de la Chambre d’Agriculture et à créer une véritable dynamique pour défendre cette terre ».

Et cette terre ardéchoise, il l’aime. Normal : c’est dans ce coin, côté cévenol, qu’il a choisi de vivre. « Né à Anvers, je suis installé ici depuis 31 ans. Je me sens citoyen européen mais ça ne m’empêche pas de défendre les produits d’ici comme ceux de nos grand-mères ! »

Très tôt engagé en écologie (« j’étais candidat écolo à 21 ans, la passion ne m’a pas quitté »), aujourd’hui porte-parole départemental d’EELV Ardèche, Christian Moyersoen a fait de la protection des terroirs, des savoir-faire ancestraux et des productions agricoles locales son cheval de bataille. Président de l’AOP Picodon pendant 12 ans et toujours membre du Comité national de l’INAO pour les produits laitiers, il a mesuré l’importance des enjeux agricoles européens, au quotidien.

« La réglementation européenne s’impose à nous et l’Europe ne peut pas dénaturer nos appellations d’origine. Cette règlementation doit conforter les dynamiques des petits producteurs respectueux des savoir-faire, de la qualité, et de l’environnement, elle ne doit pas favoriser le transfert de ces productions aux géants de l’industrie rodés au respect des normes qu’ils ont eux-mêmes négociées. Il y a du travail à faire !», rappelle-t-il, avant de souligner le rôle moteur joué par l’Europe dans les territoires ruraux.

« Les Fonds Structurels et les programmes de coopération transfrontaliers permettent de maintenir les populations dans nos villages et de valoriser nos filières. Par exemple, le pastoralisme. Cela nous permet aussi d’échanger sur nos pratiques et de partager des idées innovantes pour l’avenir ».