L’Europe dans l’assiette

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Au menu : pesticides, hormones, antibiotiques ?

icone_alimentationLa sécurité alimentaire de tous passe par un suivi étroit, depuis la production jusqu’à l’assiette. à chaque étape, il y a des normes à respecter et des moyens de contrôle.

Après les grands scandales sanitaires des années 1990, l’Europe a mis en place un dispositif harmonisé
de normes alimentaires. Vache folle, bœuf aux hormones ou poulet lavé à l’eau de Javel… fallait-il attendre une crise sanitaire pour interdire des pratiques insensées ?

Il est temps de rétablir la confiance et de garantir la sécurité alimentaire à tous les Européens.

Pour cela, une vigilance permanente est indispensable. Elle s’applique aussi bien aux producteurs et aux entreprises agro-alimentaires européennes qu’aux marchandises importées en Europe. Il faut mettre fin aux laissez-passer illégaux. La règle doit être la même pour tous.

Les efforts doivent porter sur deux domaines prioritaires : l’élevage et les productions végétales (légumes, céréales, fruits…). Pour manger une viande de qualité, nous devons limiter le recours aux antibiotiques et aux médicaments vétérinaires dans l’élevage et travailler à une meilleure alimentation des animaux, en interdisant les OGM. Pour les productions végétales, il faut absolument réduire l’usage des pesticides dont on retrouve des traces importantes dans nos assiettes. Ces normes s’appliquent aux filières de production, à la matière première. Vient ensuite la transformation. Les aliments préparés prennent une place de plus en plus importante dans les paniers des Européens. Comme l’a montré le scandale des lasagnes à la viande de cheval, les entreprises agro-alimentaires sont loin d’être exemplaires sur la qualité et la transparence.

Miser sur la responsabilité des acteurs ne suffit pas. Hélas, les organismes de contrôle comme l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, sont infiltrés par les lobbies et en perdent légitimité et capacité d’action.

Il y a là une lutte autant politique que juridique à mener pour pousser hors de ces organismes ceux qui portent les intérêts des multinationales au détriment des consommateurs.

La transparence passe aussi par la juste information des consommateurs : contenu, qualités nutritives, origine géographique… Aujourd’hui, il est inscrit sur les produits sains : « sans sucre ajouté », « sans OGM », « issu de l’agriculture biologique ». Il est temps que les produits contenant des résidus de pesticides l’indiquent clairement !

Deux Européens sur trois s’opposent à la culture et à la consommation d’OGM. Pourtant, la Commission européenne profite de procédures juridiques complexes pour tenter de les imposer en Europe. Grâce à la vigilance des organisations écologistes, aucune autorisation n’a été accordée depuis dix ans !

Europe écologie demande que l’Europe soit enfin déclarée « zone sans OGM ».

Interdire les quelques OGM encore autorisés à la culture en Europe ne suffit pas. En effet, comme le soja dans l’alimentation animale, de nombreux OGM sont importés du reste du monde. Ils se font peu à peu une place dans notre chaîne alimentaire. Un moratoire ferme et global doit être adopté au niveau européen. Par ailleurs, lors de la signature d’accords bilatéraux avec nos partenaires commerciaux, les écologistes seront vigilants à ce qu’il ne puisse y avoir aucun laissez-passer.

Refuser le gaspillage alimentaire

Comment nourrir l’humanité ? Pour répondre à cette question, le regard se porte systématiquement sur la production.
Mais entre la terre et l’assiette, la route est souvent longue et la perte en chemin est considérable…

Une Europe zéro gaspi, c’est ça l’écologie !

Près de 40 % des denrées alimentaires produites n’arrivent jamais dans nos assiettes. Plus d’un tiers de la production mondiale finit directement à la poubelle !

À chaque étape, on gaspille inutilement. Les légumes récoltés sont triés. Ceux qui ne sont pas calibrés sont évincés. Vous verrez rarement chez votre primeur une carotte biscornue ou une tomate trop petite. Les légumes doivent être beaux. Le lavage les fragilise ? Un petit traitement réglera temporairement ce détail. Une fois conditionnés, les produits partent en distribution.

Ce qui tombe, s’écrase, s’abîme dans le transport est jeté et seuls les légumes présentables arrivent sur les étals des supermarchés. Si les commandes sont mal gérées, qu’il y a du surplus… destination la poubelle.

Ensuite, à la maison, la conservation n’est pas optimale, le temps manque pour cuisiner… Avec tout ce chemin parcouru depuis la récolte, moins d’une semaine suffit pour que le contenu du panier dépérisse.

Bien sûr, le consommateur peut agir. Acheter des pommes de terre ou des carottes non lavées, qui se conservent plusieurs mois, préférer les produits de saison et locaux, c’est une chose.

Pour le reste de la chaîne, l’Europe doit réglementer car c’est le consommateur qui, en plus de manger des aliments insipides et faibles en nutriments, paie le traitement des déchets d’une filière irresponsable.

C’est un enjeu économique et moral. Le gaspillage est un scandale.

Dans la filière animale, le processus est encore plus choquant : on élève des animaux dans des conditions indignes, on les tue pour finalement envoyer leur viande à la poubelle. C’est un modèle de société absurde qui apparaît à la lumière du gaspillage alimentaire.

Dans une Europe où la pauvreté et la précarité alimentaire sont en constante augmentation, il est temps de proposer un autre système. Une Europe zéro gaspi, c’est ça, l’écologie !

Europe écologie propose l’obligation d’indiquer une date limite de vente sur chaque produit, en plus de la date de péremption.

Les consommateurs auront ainsi un délai raisonnable entre l’achat et la date limite de consommation et pourront éviter le gaspillage.

Passée la date limite de vente, les produits toujours en rayons seraient mis gratuitement à disposition des consommateurs, ou alors donnés à des banques alimentaires.

Promouvoir une agriculture de qualité et de proximité

Le mode d’agriculture détermine ce qui arrive dans nos assiettes. Europe Écologie défend l’agriculture paysanne. Des producteurs locaux qui garantissent la qualité de leurs produits et la transparence d’une filière en circuits courts, un mode de distribution plus sûr et plus juste.

Limiter les intermédiaires, c’est garantir un meilleur revenu pour les agriculteurs, et des produits moins chers pour les consommateurs.

Objectif : 50 % de la PAC (politique agricole commune) pour l’agriculture durable

L’Europe joue un rôle clé : la politique agricole commune (PAC) est le premier budget de l’Union européenne. Il est urgent que 50 % des fonds attribués à la PAC aillent à l’agriculture paysanne et aux circuits courts.

La PAC néglige l’agronomie. La vie des sols, c’est le capital naturel de l’Europe. Il nous faut réintroduire les légumineuses (pois, soja, luzerne) dans les rotations de cultures. Car ces plantes fixent l’azote de l’air dans le sol, jouant un rôle d’engrais naturel. Elles produisent aussi des protéines végétales très importantes pour l’alimentation animale. Aujourd’hui on importe, du Brésil notamment, du soja OGM pour répondre à ce besoin.

Enfin, l’agriculture est indissociable des paysans et paysannes qui la font. En Europe, c’est 14 millions d’emplois, dont la moitié sont menacés d’ici à 2020. L’accès au métier et, par là, l’accès à la terre est un enjeu à ne pas négliger. Si on souhaite maintenir l’emploi, les services publics, la vie dans les campagnes, il faut soutenir l’installation de nouveaux paysans.

Défendre l’agriculture biologique

Un modèle d’agriculture qui respecte l’homme et la terre est déjà à l’œuvre en Europe. L’agriculture biologique est un exemple à suivre et un système à défendre.

Il est important de se fixer un objectif commun : 30 % de production biologique en Europe pour 2030. Cela ne sera pas facile pour les mauvais élèves comme la France qui plafonne à 5 % quand, avec les mêmes aides, l’Autriche est à 10 %.

Le cahier des charges de l’agriculture biologique inclut le refus des pesticides chimiques, le lien à la terre, la préservation de la biodiversité… Le label bio européen est devenu un enjeu économique. Les consommateurs qui souhaitent manger des produits de qualité se tournent de plus en plus vers le bio, au grand dam des industriels.

Son cahier des charges inclut le refus des pesticides chimiques, le lien à la terre, la préservation de la biodiversité… Il peut être revu pour harmoniser les contraintes agricoles, qui varient selon les pays. Mais il faudra être vigilants car les multinationales aimeraient le voir assoupli.

Pour elles, continuer à produire hors sol dans de très grandes fermes et bénéficier du label bio serait une aubaine.

L’Europe doit soutenir les démarches des paysans souhaitant aller plus loin dans ces cahiers des charges qualitatifs. Le bio, ce n’est pas seulement produire une alimentation saine, c’est aussi respecter ceux qui la font.

Europe Écologie appelle à intégrer une mesure de l’impact social de l’activité agricole dans le cahier des charges du label bio européen.

Protéger la biodiversité alimentaire

En agriculture, la diversité est une nécessité. Or, le développement de fermes de plus en plus grosses tend à l’uniformisation des cultures.
Il existe des centaines de variétés de blé. Et pourtant, les semenciers ne travaillent que sur une infime part de cette diversité, recherchant et brevetant des variétés adaptées aux grandes cultures et fournies avec les traitements nécessaires à leur bonne croissance.

Notre corps a besoin d’une alimentation diversifiée et équilibrée.

La sélection mène à des situations absurdes. Pendant des années, des blés ont été sélectionnés pour leur richesse en gluten – plus il y a de gluten dans la farine, moins il est nécessaire de faire reposer la pâte à pain. Conséquence : de plus en plus de consommateurs développent des intolérances au gluten !

En lui-même, le gluten n’est pas toxique, mais comme pour le lait, le sucre, les graisses végétales ou animales, sa surconsommation est mauvaise pour la santé. Le corps humain a besoin d’une alimentation diversifiée, équilibrée. Les aliments ultra-sélectionnés répondent avant tout aux commandes des industriels : produire vite et massivement, masquer une qualité gustative et nutritionnelle en baisse.

Idée reçue : les bons produits coûtent plus cher. En réalité, les grosses exploitations industrielles, qui produisent des aliments en grande quantité, mais de mauvaise qualité, sont très subventionnées quand les petits producteurs bio ne bénéficient de presque aucune aide. Faire cesser cette concurrence déloyale et néfaste pour le consommateur, c’est garantir des produits de qualité accessibles à tous.

Promouvoir les semences paysannes

Dans ce modèle qui s’uniformise, quelques paysans résistent. Ils cultivent des variétés adaptées à leur climat et à leur terroir : des légumes ou des céréales qu’il n’est pas nécessaire de doper aux engrais pour qu’ils poussent et soient riches en goût et en nutriments. L’Europe doit protéger la biodiversité alimentaire comme un patrimoine commun essentiel à l’humanité.

La culture des semences paysannes est menacée. Le système européen d’autorisation des semences ne doit pas être au seul service des multinationales semencières. Il doit permettre aux paysans de cultiver leurs propres semences.

Le marché mondial
des semences
est contrôlé à 75 %
par 10 multinationales

Sans poisson, plus de pêcheurs

412 kg : C’est la quantité de poisson consommée en Europe chaque seconde.

Notre modèle de développement puise sans limite dans les ressources naturelles. Il cause 80 % de la pollution des océans et appauvrit la biodiversité marine.

L’Union européenne dispose d’une immense façade maritime et de nombreux Européens vivent de la mer. Le poisson, aliment sain et reconnu pour ses qualités nutritionnelles, fait partie intégrante du patrimoine gastronomique des régions côtières et les Européens en consomment de grandes quantités.

Les institutions européennes hésitent à s’attaquer aux techniques de pêche productivistes. Pourtant, protéger les ressources, c’est protéger ce secteur économique et ceux qui en vivent.

Mieux pêcher, c’est pêcher plus longtemps et plus durablement.

L’évolution des techniques de pêche et l’augmentation de la demande ont bouleversé ce secteur. Les espèces ne se renouvellent plus. Des poissons consommés couramment il y a encore dix ans disparaissent de nos assiettes.
La concurrence est rude entre les pêcheurs européens et les bateaux-usines internationaux, qui ne sont pas soumis aux mêmes règles.

À cela s’ajoute la hausse des prix du carburant qui accentue la vulnérabilité des plus petits.

Europe écologie soutient la nouvelle politique commune de la pêche qui introduit une gestion plus durable des ressources, du marché, des flottes et des filières. Il nous faut veiller à la reconstitution des stocks, privilégier la pêche artisanale, créatrice d’emplois, et protéger les pays du Sud du pillage de leurs eaux.

Le scandale de la pêche en eaux profondes

Sur ce marché tendu, l’industrie agro-alimen­taire a choisi : pour pêcher plus, pêchons plus profond. De nouvelles espèces (siki, flétan noir, lingue bleue) ont ainsi fait leur apparition sur les étals. Ces poissons, souvent conditionnés directement dans des bateaux-usines, sont vendus en filets. Ainsi, impossible de s’apercevoir qu’ils ont été pêchés à plus de 1 000 m de profondeur.

Cela a nécessité une technique nouvelle, dite de chalutage profond : un grand filet racle le fond de l’océan, arrachant tout sur son passage.

À bord, les prises sont triées et à 80 % rejetées à la mer. Mais elles ne survivent pas et les dégâts sont colossaux sur les fonds marins, très fragiles.

Europe Écologie dénonce l’occasion manquée d’interdire le chalutage profond. L’Europe doit cesser de subventionner ces pratiques désastreuses pour l’environnement.

L’engagement de certains groupes de distribution à renoncer au produit de cette pêche est un signal fort. L’Europe doit aider ce secteur à aller vers des alternatives moins nuisibles pour l’environnement et qui génèrent plus d’emplois.

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