Pique-nique Locavore: faire le choix du « manzé péi »!

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Locavore 2Le pique-nique Locavore ou Manzé Péi organisé dimanche 11 mai par Europe Ecologie dans le cadre de la campagne des européennes a rassemblé 70 personnes sur le verger d’agrumes bio de la famille Gruchet au Guillaume (Saint-Paul).

L’occasion d’apprécier des produits frais et de saison (salade de papaye
verte, patate douce, manioc, songe, porc et lapin pays, fruits de saison,
sosso mais….), majoritairement bio et surtout locaux et d’échanger autour
d’un thème cher à Europe Ecologie: l’autosuffisance alimentaire.

Autosuffisance alimentaire 

Notre éloignement géographique et notre insularité nous confinent à la dépendance qu’elle soit énergétique ou alimentaire. Les importations issues du secteur agroalimentaire ont doublé entre 1999 et 2011, passant de 400 à 800 millions d’euros en valeur de marchandises. Elles représentent aujourd’hui 17% des achats réunionnais* et rien n’indique que cette tendance s’inversera dans les années à venir. Ce modèle coûteux pour les ménages, nocif pour l’environnement, la santé, la production locale, doit être repensé.

Les leviers d’actions

> Défendre une Politique Agricole Commune plus verte
Premier budget de l’Union européenne (environ 50 milliards d’€/an), la PAC encourage les cultures intensives au détriment de la qualité et de l’équilibre des écosystèmes. Depuis 1992, elle amorce un «verdissement» mais les programmes et mesures incitatives sont insuffisantes, trop complexes et pas toujours en phase avec la situation de nos petites exploitations. Europe Écologie souhaite que 50% des fonds de la PAC soient affectés à l’agriculture paysanne et aux circuits courts et que ses
Mesures Agro Environnementales (MAE) s’adaptent davantage au contexte local.

> Promouvoir une agriculture durable
L’agriculture conventionnelle basée sur l’utilisation de pesticides n’est pas viable mais nuisible à la biodiversité. Elle décime les insectes pollinisateurs, appauvrit la terre, augmente les coûts de production et donc le prix de vente des produits. Europe Écologie demande une refonte des procédures de mise sur le marché des pesticides et insecticides et la division par deux de leurs usages en Europe. En ce sens, il faut aussi encourager la recherche en matière de lutte biologique et toutes formes de cultures alternatives telles que l’agro-écologie, la biodynamie.

> Soutenir l’agriculture bio

Outre ses bienfaits sur la santé et l’environnement, l’agriculture biologique est la seule capable de s’adapter aux effets du changement climatique. Les grosses exploitations industrielles, qui produisent des aliments en grande quantité, mais de mauvaise qualité, sont très subventionnées quand les petits producteurs bio ne bénéficient de presque aucune aide. Pour atteindre l’objectif de 30% de culture biologique en Europe d’ici 2030, comme le préconise Europe Écologie, il faut faire cesser cette concurrence déloyale et néfaste pour le consommateur et garantir ainsi des produits de qualité accessibles à tous.

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> Promouvoir les semences paysannes
Le marché mondial des semences est contrôlé à 75% par 10 multinationales. Le lobbying de l’agroindustrie prend en otage les agriculteurs et les consommateurs. En cultivant des variétés adaptées à
notre climat et notre terroir, les producteurs peuvent proposer des légumes et fruits qui n’ont pas besoin d’être dopés aux engrais pour pousser, être riches en goût et nutriments.

> Privilégier une alimentation de qualité
Le corps a besoin d’une alimentation diversifiée et de qualité. C’est le message diffusé notamment dans les écoles, auprès des enfants. Pourtant dans les cantines ou les collectivités, la législation relative aux marchés publics ne permet pas de favoriser l’approvisionnement en produits locaux face à la concurrence de marchés extérieurs de gros. Les politiques locales doivent adapter la législation aux prérogatives de qualité et aux créations d’emplois induites.

> Favoriser la diversification des cultures
En évitant les monocultures, on favorise le maintien de la diversité des paysages et des écosystèmes. La fin programmée des quotas sucriers nous invite à repenser notre modèle agricole, en soutenant les planteurs dans cette transition, et en accompagnant les agriculteurs dans la
diversification de leurs cultures au profit de l’autosuffisance alimentaire.

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> Refuser le gaspillage alimentaire
Plus d’un tiers de la production mondiale de denrées alimentaires n’arrive jamais dans nos assiettes, mais finit directement à la poubelle. Entre la culture, la récolte, les modes de conditionnement et de distribution, nombre de légumes importés, insipides au goût et faibles en nutriments, ont une durée de conservation limitée. Dans la filière animale, le processus de fabrication industrielle est encore plus choquant. Dans une Europe où la pauvreté et la précarité alimentaire sont en constante
augmentation, il faut proposer un autre système plus durable, évitant le gaspillage.

> Privilégier les circuits courts
Le secteur agricole local est constitué principalement de petites exploitations familiales qui souffrent de la concurrence des produits extérieurs et voient leur activité menacée. Privilégier les circuits courts est un modèle plus juste et écologique. Il permet une juste rémunération des
producteurs en évitant les intermédiaires.

> Décarbonner notre consommation et ne plus dépendre de l’extérieur
Éviter l’expédition alimentaire sur de longues distances permet de réduire sensiblement les énergies fossiles utilisées pour le transport, mais aussi les (sur-)emballages, qu’il faut aussi traiter localement. Au moment des grèves qui bloquent l’approvisionnement des rayons des supermarchés, les consommateurs mesurent cette emprise des importations avec plus d’évidence. Les jardins partagés sont une bonne alternative pour garder, en habitat collectif, le lien direct à la terre et à ses produits.

Devenir locavore c’est d’abord un engagement personnel. Convaincu?

 

*Etude 2014 du cabinet Iridium Développement pour la CCI

 

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