Tribune : « Mon combat pour le logement »

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En théorie, la République devrait donner sa chance à tous ses enfants. Mais, les chiffres le montrent, il existe des inégalités fortes selon le milieu social, par exemple en matière de réussite scolaire : 85 % des enfants de cadres obtiennent le bac, contre seulement un enfant d’ouvriers sur deux.

Si, contre toute attente, j’ai pu accéder à la députation, d’autres personnes ayant grandi en milieu populaire doivent pouvoir faire de même. Réparer l’ascenseur social, voilà l’un des piliers de mon engagement politique.

C’est avec la conviction que le député européen doit être un acteur de proximité et un moteur de la justice sociale et environnementale que je me suis engagée dans des commissions parlementaires ayant trait à la vie quotidienne : santé, emploi, pauvreté, logement etc.

La question du logement me préoccupe depuis que je suis entrée en politique. Avec Jeudi noir, je me suis battue pour que les jeunes et les précaires puissent accéder à un logement décent.

Tous les ans, le 1er février, la Fondation Abbé Pierre fournit dans son rapport des chiffres toujours plus alarmants. Le diagnostic est effrayant : le sans-abrisme change de visage, il touche de plus en plus de jeunes exclus, des familles entières avec enfants et des travailleurs pauvres qui se retrouvent dehors faute de pouvoir payer leur loyer.

Je suis révoltée par le fait que le nombre de sans-abri continue de progresser, alors qu’au même moment, des millions de logements restent désespérément vacants (12 millions à l’échelle européenne !).

Bien qu’étant l’une des principales préoccupations des Européens, le logement n’est pas, selon les Traités, une compétence européenne, tout comme la lutte contre la pauvreté et la plupart des sujets sociaux. Aussi, s’investir sur ce terrain, c’est avant tout agir en amont des prises de décision, et notamment exercer une pression quotidienne auprès de la Commission européenne pour faire du logement une priorité et lutter sans relâche pour que les États prennent leurs responsabilités.

Durant l’hiver 2012, une vague de grand froid sévit sur tout le continent, fatale à de nombreux sans-abri. J’ai alors interpellé dans l’hémicycle la Commission Barroso : « Votre silence est coupable ! La Commission doit tout de suite mettre en place une stratégie européenne pour les sans-abri. L’objectif est clair : plus personne ne doit dormir dans la rue d’ici 2015. »

Immobilisme

La Commission, hélas, n’a pas agi, et, face à son immobilisme, le Parlement a dû adopter une nouvelle résolution en janvier 2014. Ce texte pose le principe de l’interdiction de criminalisation des sans-abri, principe que nous défendons depuis plusieurs années en réaction à une loi hongroise qui prévoit des mesures punitives contre les SDF, notamment une forte amende !

Il est indispensable de mener une politique ambitieuse de prévention. Le développement de services d’hébergement d’urgence,  ne permettra de résoudre qu’une partie du problème. Cela passe notamment par une prise en charge précoce des personnes en rupture familiale, l’adoption d’un moratoire sur les loyers des ménages insolvable, ou encore, pour les ménages menacés d’expulsion, le paiement de leurs loyers par la collectivité.

L’éradication du sans-abrisme est intimement liée au développement du logement social, mon deuxième grand combat en tant que députée européenne.

Dans mon rapport de 2013 sur le logement social au sein de l’Union, je préconise la construction de logements sociaux comme remède aux bulles immobilières, l’encadrement des loyers dans le parc privé, la mise en place d’un système de surveillance pour éviter les éventuelles dérives des bailleurs, et la fin des crédits hypothécaires abusifs, qui prennent à la gorge tant de familles.

Enfin, en tant qu’écologiste, je considère que le secteur du logement doit prendre sa part dans la mutation écologique et que les investissements dans la rénovation thermique doivent privilégier les ménages à faibles revenus.

La précarité énergétique toucherait en Europe entre 50 et 125 millions d’habitants, dont plus de 4 en France. C’est pour cette raison que les écologistes se sont battus pour obtenir que 20 % du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) soit dédié à cette question, soit un investissement de plusieurs millions d’euros par an. La rénovation thermique à grande échelle favorisera, par ailleurs, le développement des filières industrielles et artisanales vertes, source d’emplois locaux non délocalisables.

http://temoignagechretien.fr/articles/politique/karima-delli-mon-combat-pour-le-logement

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