Jeunesse européenne: une génération volontaire

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Clarisse-Heusquin-Nantes

Alors que le taux de chômage des jeunes atteint 23,5% dans l’Union européenne avec certains pays où il dépasse les 40%, Pierre Gattaz, notre cher patron du MEDEF, souhaite que l’on étudie « la possibilité d’instaurer un SMIC transitoire afin de faciliter l’embauche des jeunes ». Une allocation proche du RSA (Revenu de Solidarité Active) compléterait cet argent de poche. Nos parents paient déjà pour que nous travaillions à travers des stages tandis que l’État et nos impôts paieraient maintenant l’embauche au rabais des jeunes par les entreprises?
Pour qui nous prend-t-on?

Ce n’est pas d’un SMIC jeune dont nous avons besoin, mais de confiance dans la jeunesse

Ils parlent tous, du haut de leur expérience, de la jeunesse. Eux, ils savent, ils savent ce qu’il faut faire pour les jeunes, à la place des jeunes. Et comment s’en étonner lorsque la moyenne d’âge des eurodéputés français est de 58 ans?

Les jeunes c’est bien connus, sont flemmards, ne veulent pas travailler, ne pensent qu’aux jeux-vidéos; il faut de vieux hommes politiques blancs pour penser pour eux, pour leur dire quoi faire, pour les guider.

Non, les jeunes qu’ils viennent de Roubaix ou d’Issoire, de banlieues ou de milieux ruraux, sont plein d’énergie, de talents et d’idées. Nous voulons juste leur faire confiance, confiance pour construire le monde nouveau dans lequel ils veulent vivre.

Sur le plateau de Millevaches, des jeunes ré-inventent le vivre ensemble au quotidien. Une petite maison, un maraîchage biologique, une vente en circuit court. Des difficultés bien sûr, mais aussi la richesse de l’échange avec les anciens, dans une dynamique intergénérationnelle.

Des expériences qui nous font grandir. Les jeunes s’engagent dans des associations, apprennent à travers le compagnonnage, travaillent dans des chantiers de jeunesse, voyagent et découvrent de nouvelles manières de voir. Ce sont ces parcours atypiques qui doivent être favorisés. En voyageant, en partant travailler dans une ferme en Irlande, ils ne perdent pas une année, ils participent à leur construction et à la construction de notre monde.

Les voyages forment la jeunesse: une année d’Europe pour tous!

Ce sont ces expériences que nous voulons favoriser. Grâce à l’Union européenne, les méthodes d’éducation non-formelle, d’apprentissage par les pairs, de dialogue interculturel se sont développées. En France, les politiques de jeunesse ont beaucoup appris de l’Union. Elles doivent encore être développées. Il existe encore des barrières sociales, la mobilité n’est pas accessible à tous.

Pour ouvrir cette possibilité et cette expérience, nous voulons porter l’idée d’une année d’Europe pour tous. Quel que soit notre statut, notre métier ou nos centres d’intérêt, nous devons avoir l’opportunité d’aller voir ailleurs, d’aller rencontrer nos concitoyens européens, d’aller confronter nos perceptions et nos visions avec d’autres réalités. Cette année d’Europe pour tous montre la confiance que nous accordons aux jeunes, pour mettre à profit cette expérience, dans leur parcours personnel.

Garantie jeunesse

Le Conseil des Chefs d’État et de Gouvernement a voulu s’afficher sur la thématique des jeunes et a mis en place la Garantie Jeunesse. Cette mesure, en phase pilote jusqu’en 2016 en France, vise à apporter un revenu minimal aux jeunes exclu des systèmes de protection sociale et à les accompagner vers l’emploi. Ce sont quelques 600 millions d’Euros, concernant 300 000 jeunes, qui doivent être débloqués dans les régions où le chômage des jeunes est le plus fort. Mais c’est insuffisant pour couvrir les besoins. De plus, l’accompagnement ne dure que 4 mois, ce qui ne permet pas de développer une vraie trajectoire d’insertion.

La jeunesse concentre les disfonctionnements de notre société

En crise économique, ce sont toujours les plus faibles qui accusent le plus le coup. Parmi eux, il y a les jeunes. Ils cumulent les difficultés que crée notre modèle économique à bout de souffle: logement, santé, accès aux droits, emploi, pauvreté. Les politiques d’austérité budgétaire, qui limitent l’action publique, les affectent au premier chef.

Les propositions sociales des écologistes concernent donc les jeunes en premier lieu. Pour mettre fin à la concurrence entre les systèmes sociaux, nous voulons instaurer un revenu minimum au sein de l’Union, basé sur le pouvoir d’achat. A termes, nous voulons créer un revenu de base assurant que personne en Europe ne vive sous le seuil de pauvreté. De la même manière, partager le temps de travail, ne plus concentrer le travail sur ceux qui en ont déjà, bénéficiera en premier lieu aux jeunes.

Ce modèle ne nous correspond plus, reprenons l’Europe en main et ré-inventons notre avenir!

Plus que d’un SMIC jeune, nous avons besoin de courage de la part des hommes et des femmes politiques pour admettre que ce modèle de développement, que cette recherche de la croissance à bout de souffle, ne nous correspondent plus. Nous devons remettre l’humain et la planète au cœur de notre projet, et nous, les jeunes, avons beaucoup à apporter, pour donner vie à l’Europe. Parce que nous sommes la génération volontaire, l’Europe c’est nous!

 

Clarisse Heusquin & Karima Delli

 

(lire sur le site du Huffingtion Post)

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